Il y a deux ans, jour pour jour, débutait un conflit dont l'ampleur et l'intensité tiennent encore aujourd'hui la communauté internationale en haleine. La guerre en Ukraine, un événement qui restera dans l'histoire, a commencé par une sinistre annonce et s'est développée en une lutte acharnée pour la liberté, la souveraineté et la dignité humaine.
La guerre aurait dû durer trois jours, c'est en tout cas ce que pensait Vladimir Poutine. Aujourd'hui, 24 mois après l'attaque de la Russie, nous revenons en une douzaine de chapitres sur les événements les plus importants du conflit à ce jour.
Le début de l'invasion russe
Nous sommes le 24 février 2022. Le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, annonce dans une allocution télévisée le début d'une «opération militaire spéciale dans le Donbass». Peu après, l'armée russe envahit l'Ukraine depuis plusieurs endroits. La guerre commence.
Les troupes russes s'emparent rapidement de la zone d'exclusion autour de l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl et de l'aéroport d'Hostomel, au nord de la capitale Kiev. Mais les forces ukrainiennes reprennent l'aéroport, et les Russes échouent également dans les villes de Kiev et de Kharkiv.
Dans le sud de l'Ukraine, l'armée russe enregistre des succès: les troupes de Poutine occupent la stratégique île des Serpents et traversent le fleuve Dniepr depuis la Crimée, aboutissant à l'occupation de la ville de Kherson.
Le siège de Marioupol
Le siège de Marioupol a commencé début mars 2022, lorsque les forces russes ont encerclé la ville. L'un des événements les plus bouleversants a été l'attaque du théâtre de Marioupol le 16 mars 2022, au cours de laquelle le bâtiment, qui servait de refuge à des centaines de civils, a été bombardé. Malgré de grandes inscriptions signalant la présence d'enfants, le théâtre a été touché, et les victimes ont été nombreuses. Le chiffre exact de morts reste aujourd'hui encore controversé.
Un autre incident tragique a été la destruction de la maternité de Marioupol, qui a également tué des civils, dont des femmes enceintes. Ces attaques contre des cibles civiles ont suscité l'indignation aux quatre coins de la planète. La communauté internationale a accusé la Russie de crimes de guerre.
La conquête complète de Marioupol par les troupes russes et les forces séparatistes alliées en mai 2022 a marqué un événement décisif dans le conflit.
Le massacre de Boutcha
Alors que les troupes russes se cassaient les dents sur le bastion de Kiev, une partie des soldats commettait de terribles crimes de guerre autour de la localité ukrainienne de Boutcha.
Après le départ des forces russes début avril 2022, 458 corps ont été retrouvés jusqu'en août de la même année (bilan final), selon les données ukrainiennes, dont 419 portaient des signes indiquant que les victimes avaient été abattues, torturées ou battues à mort. Presque tous les morts étaient des civils.
Jusqu'à présent, la Russie rejette catégoriquement l'accusation de crimes de guerre. Tous les cas continuent d'être examinés par des enquêteurs.
La bataille pour l'île des Serpents
Le premier jour de l'invasion russe de l'Ukraine, le croiseur russe Moskva et une corvette ont abordé l'île ukrainienne des Serpents. Malgré une sommation par radio, l'unité ukrainienne ne s'est pas rendue à l'assaillant russe, le soldat Roman Hrybov a préféré répondre: «Navire de guerre russe, va te faire foutre!» Les Russes ont arrêté 82 soldats ukrainiens, et à ce jour, 36 sont encore prisonniers des Russes.
Lors de la bataille pour l'île des Serpents, la Russie a perdu son navire amiral, le Moskva. Selon les informations ukrainiennes, le navire a été bombardé en début de soirée du 13 avril 2022 par deux missiles navals ukrainiens de type Neptune, ce qui a provoqué son incendie. Quelques jours plus tard, le ministère russe de la Défense a indiqué que le Moskva avait coulé en «mer agitée» alors qu'il se rendait à Sébastopol. Le lendemain du naufrage du navire, la Russie a attaqué l'usine de missiles Neptune près de Kiev.
L'incendie du pont de Crimée
C'est à ce jour l'une des plus grandes contre-attaques de l'Ukraine: en octobre 2022, les troupes ukrainiennes ont attaqué le pont de Crimée, le seul lien de la péninsule avec la Russie continentale. La Russie a riposté en bombardant les infrastructures énergétiques de l'Ukraine et de nombreuses cibles civiles à l'ouest du pays.
L'annexion de Louhansk et de Donetsk par la Russie
En septembre 2022, la Russie a officiellement déclaré l'annexion des oblasts de Louhansk et de Donetsk après avoir organisé des soi-disant référendums dans ces régions. Ces votes ont été condamnés par la communauté internationale comme étant illégaux et contraires au droit international, car ils avaient été organisés sous occupation militaire et sans respecter les normes internationales.
L'annexion a entraîné une nouvelle aggravation du conflit dans la région. L'Occident a décidé de nouvelles sanctions et a intensifié son soutien militaire à l'Ukraine.
La bataille de Bakhmout
La bataille de Bakhmout, une ville située à l'est de l'Ukraine, a été l'un des combats les plus longs et les plus sanglants de la guerre d'Ukraine. Bakhmout, stratégiquement située sur des routes d'approvisionnement importantes et entourée d'une série de positions défensives, est devenue une cible symbolique et tactique.
En mai 2023, Kiev a annoncé la prise de la ville. Pour la Russie, le contrôle de Bakhmout était une étape décisive dans la sécurisation de la région du Donbass, tandis que l'Ukraine voyait dans la défense obstinée de la ville un signe de résistance et de détermination.
La contre-offensive ukrainienne
Après des mois d'intenses préparatifs et avec un soutien accru des pays occidentaux, qui ont fourni des armes et des équipements de pointe, l'Ukraine a lancé une vaste opération militaire au printemps et à l'été 2023 afin de reconquérir les territoires occupés par la Russie.
Malgré des succès significatifs, la contre-offensive n'a pas été aussi fructueuse que le président Volodymyr Zelensky l'espérait. Les experts sont unanimes sur ce point. Les raisons en sont multiples, le plus grand obstacle? Les troupes russes ont transformé l'est de l'Ukraine en un seul champ de mines. Selon les données du gouvernement de Kiev, elles ont miné 30% du pays.
Les attaques contre la Russie
L'année 2023 a été marquée par plusieurs attaques de l'Ukraine contre la Russie. Parmi les attaques les plus symboliques, on peut citer les attaques de drones sur Moscou, qui ont causé de légers dommages aux bâtiments résidentiels et provoqué un sentiment d'insécurité. La Russie a qualifié ces attaques de «terrorisme», l'Ukraine en a rejeté la responsabilité. Les dirigeants russes ont annoncé le renforcement de la défense aérienne de la capitale et se sont réservés «les mesures les plus sévères possibles» en réaction.
Un autre événement significatif a été le tir et la capture de soldats russes par des combattants pro-ukrainiens dans la région de Belgorod, ce qui a été considéré par les officiels russes comme une confirmation d'attaques sur son territoire. Au niveau international, ces attaques ont été perçues de manière mitigée, mais la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a par exemple confirmé être au courant que l'Ukraine menait de telles attaques.
Le dynamitage du barrage de Kakhovka
Le dynamitage du barrage de Kakhovka près de Kherson à l'été 2023 a été lourd de conséquences. Le barrage, qui fait partie du système hydroélectrique de Dnipro, est situé dans la partie sud de l'Ukraine et joue un rôle central dans l'approvisionnement en eau, l'irrigation et la production d'énergie de la région.
L'Ukraine et la Russie se sont mutuellement accusées d'être responsables de la démolition. Les détails exacts et les intentions derrière la destruction du barrage sont complexes et marqués par des représentations contradictoires.
Les conséquences immédiates ont été dévastatrices: des inondations, une crise humanitaire, des catastrophes écologiques et également des répercussions stratégiques sur la guerre.
La révolte des mercenaires de Wagner
Le groupe Wagner, une société militaire privée russe étroitement liée à l'armée et aux services de renseignement russes et ayant opéré dans plusieurs zones de conflit, y compris en Ukraine, a initié une rébellion éphémère contre le commandement militaire russe en juin 2023.
La rébellion a commencé lorsque le patron de Wagner, Evgueni Prigojine, et ses combattants ont commencé à se retourner contre les dirigeants de l'État russe. Le but? «Nettoyer» le commandement militaire qu'ils tenaient pour responsable de l'incompétence et de la mauvaise gestion de la guerre en l'Ukraine. Les combattants de Wagner ont pris plusieurs positions stratégiques en Russie et se sont dirigés vers Moscou, de quoi entraîner une grave crise, au point de craindre une guerre civile.
La rébellion s'est toutefois terminée assez rapidement, après des négociations qui auraient été menées par le dirigeant biélorusse Alexandre Loukachenko. Evgueni Prigojine et ses combattants ont reçu des assurances concernant leur sécurité et ont été priés de se retirer. Fin août 2023, Prigojine meurt lors du crash de son avion privé. Les observateurs estiment que le Kremlin est à l'origine du décès du patron de Wagner.
Le retrait d'Avdiïvka
L'armée ukrainienne s'est retirée en février 2024 de la ville disputée d'Avdiïvka, dans l'est du pays, ce qui a surtout une signification symbolique. Ce retrait a été effectué afin d'éviter un encerclement et de protéger la vie des soldats. Les troupes russes avaient tenté de s'emparer d'Avdiïvka depuis octobre 2023, et les Ukrainiens se battaient dans des conditions difficiles. Ce retrait est considéré comme le plus grand revers pour l'Ukraine depuis Bakhmout.