Destruction du pont de Crimée
Vladimir Poutine accuse Kiev de «terrorisme»

Vladimir Poutine a accusé dimanche Kiev d'avoir commis un acte terroriste en organisant l'explosion qui a en partie détruit le pont de Crimée reliant la Russie à la péninsule annexée, suivie dans la nuit par des frappes russes meurtrières contre une ville ukrainienne.
Publié: 09.10.2022 à 21:44 heures
«Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un acte terroriste visant à détruire une infrastructure civile russe d'importance critique», a ajouté le président russe.
Photo: EPA

Vladimir Poutine a accusé dimanche Kiev d'avoir commis un acte terroriste en organisant l'explosion qui a en partie détruit le pont de Crimée reliant la Russie à la péninsule annexée, suivie dans la nuit par des frappes russes meurtrières contre une ville ukrainienne.

«Les auteurs, les exécutants et les commanditaires sont les services secrets ukrainiens», a résumé Vladimir Poutine à l'issue d'une réunion avec le chef du Comité d'enquête russe, selon une vidéo diffusée par le Kremlin.

«Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un acte terroriste visant à détruire une infrastructure civile russe d'importance critique», a ajouté le président russe.

C'était la première réaction de Vladimir Poutine à l'explosion survenue samedi au petit matin, et qui constitue un nouveau revers majeur pour la Russie, au moment où ses forces sont en difficulté en Ukraine. Le Kremlin a indiqué que le président russe convoquait le Conseil de sécurité lundi.

L'armée ukrainienne et les services spéciaux (SBU) de Kiev n'ont ni confirmé ni démenti leur implication, et le président Volodymyr Zelensky s'est contenté d'ironiser dans une vidéo sur le temps «nuageux» qu'il faisait samedi en Crimée - une allusion probable à la fumée de l'incendie - «bien qu'il y faisait également chaud».

Il a promis dans la même vidéo une Crimée «sans occupants», l'Ukraine, soutenue en cela par l'immense majorité de la communauté internationale et les Nations unies, n'ayant jamais accepté l'annexion en 2014 par Moscou de la péninsule à l'issue d'un «référendum» à la légalité contestée.

Dimanche également, il a en retour qualifié les militaires russes de «terroristes», après des frappes sur des immeubles d'habitation de Zaporijjia, ville du sud de l'Ukraine, qui ont fait entre 12 et 17 morts selon les bilans, trois jours après de précédents bombardements qui y avaient fait 17 morts.

Un dernier bilan de l'administration régionale de Zaporijjia faisait état de 13 morts et 60 blessés, dont des femmes et des enfants.

«Mal absolu»

«Aucun sens. Le mal absolu. Des terroristes et des sauvages. Depuis celui qui a donné cet ordre jusqu'à celui qui l'a exécuté. Tous ont une responsabilité. Devant la loi et devant le peuple», a écrit le président ukrainien sur son compte Telegram.

Cette frappe russe «a détruit des appartements privés, où des gens vivaient, dormaient sans attaquer personne», a-t-il ajouté. L'armée de l'air ukrainienne a indiqué que quatre missiles de croisière, deux missiles tirés depuis des avions de chasse et d'autres missiles de type antiaérien avaient été utilisés contre la ville.

L'armée russe a elle affirmé dimanche avoir mené des frappes avec des «armes de haute précision» contre des unités de «mercenaires étrangers» près de Zaporijjia. Au lendemain de l'énorme explosion sur le pont de Crimée, des plongeurs devaient examiner l'ouvrage dimanche pour évaluer les dégâts structurels.

Reprise du trafic

Le trafic automobile et ferroviaire avait repris partiellement dès samedi, quelques heures après la déflagration qui avait fait s'effondrer sur plusieurs travées l'une des voies routières de ce pont construit à grands frais, inauguré par Vladimir Poutine en 2018.

Les poids lourds ont cependant été renvoyés vers des ferrys dans un premier temps. Un convoi ferroviaire de wagons citernes de carburant avait en outre pris feu sur le pont.

Le ministère russe des Transports a cependant affirmé dimanche que les trains de passagers «circulaient selon le plan habituel». Les autorités russes avaient dès samedi attribué l'explosion, qui a fait trois morts selon elles, à un camion piégé dont le propriétaire est un habitant de la région russe de Krasnodar.

Un pont symbolique

Kiev avait menacé à plusieurs reprise de frapper ce pont symbole de l'annexion de la Crimée, qui sert aussi à l'approvisionnement des troupes russes en Ukraine.

Des images de vidéosurveillance diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une puissante explosion au moment où plusieurs véhicules circulaient sur le pont, dont un camion que les autorités russes soupçonnent d'être à l'origine de la déflagration.

Sur d'autres clichés, on peut voir un convoi de wagons citernes en flammes sur la partie ferroviaire du pont, et plusieurs travées d'une des deux voies routières effondrées. Selon les enquêteurs, l'attaque survenue samedi au petit matin a fait trois morts: le conducteur du camion ainsi qu'un homme et une femme qui circulaient en voiture, dont les corps ont été sortis des eaux.

L'armée russe, en difficulté sur le front de Kherson dans le sud de l'Ukraine, a assuré samedi que l'approvisionnement de ses troupes n'était pas menacé.

Depuis début septembre, les forces russes ont été obligées de reculer sur de nombreux points du front. Elles ont notamment dû se retirer de la région de Kharkiv (nord-est) et reculer dans celle de Kherson.

Face à une armée ukrainienne galvanisée et forte des approvisionnements en armes occidentales, Vladimir Poutine a décrété fin septembre la mobilisation de centaines de milliers de réservistes et l'annexion de quatre régions ukrainiennes bien que Moscou ne les contrôle que partiellement.

Les services de sécurité russes (FSB) ont par ailleurs dénoncé dimanche une «augmentation considérable» des tirs ukrainiens visant des territoires russes frontaliers de l'Ukraine, dans lesquels selon eux une personne a été tuée et cinq ont été blessées au cours de la semaine écoulée.

Signe du mécontentement en haut lieu sur la conduite des opérations, Moscou a annoncé samedi avoir nommé un nouvel homme à la tête de son «opération militaire spéciale» en Ukraine, le général Sergueï Sourovikine, 55 ans.

(ATS)

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