Les images de la ville ukrainienne de Boutcha ont suscité l’horreur dans le monde entier. Après le retrait des troupes russes, l’armée ukrainienne a découvert les corps de centaines de civils tués, gisant parfois dans des fosses communes. Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiy Reznikov a menacé de représailles. «Un tel mal ne doit pas rester impuni», a-t-il déclaré lundi à Kiev. «Nous identifions systématiquement tous les meurtriers. Tous! Chacun aura ce qu’il mérite en son temps».
On ne sait toutefois pas encore exactement qui a perpétré le massacre. Manifestement, différentes unités russes étaient présentes à Boutcha. Elles se sont même relayées par moments.
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Des troupes d’Extrême-Orient stationnées à Boutcha
Sur Twitter, le groupe militant ukrainien InformNapalm a publié la photo et le nom d’un responsable présumé du massacre: le lieutenant-colonel Asatbek O.* Son unité 51460 et la 64e brigade d’artillerie motorisée pourraient être à l’origine des carnages de Boutcha. Selon le groupe d’activistes, cette troupe originaire de la région de Khabarovsk, à la frontière avec la Chine, aurait été déployée près de Kiev dès le début de la guerre. InformNapalm a également publié l’adresse mail et l’adresse du domicile ainsi que le numéro de téléphone du lieutenant. En outre, le ministère ukrainien de la Défense a publié lundi une liste de tous les noms, grades et données de passeport des membres de la 64e brigade d’artillerie. Le nom d’Asatbek O. n’y figure toutefois pas.
Le conseiller présidentiel ukrainien Oleksiy Arestovych s’est aussi exprimé sur Twitter à propos d’autres unités et subdivisions des forces armées. Des troupes de chars de la 36e garde de l’armée du district russe d’Extrême-Orient ainsi qu’une partie du 331e régiment de la 98e division de parachutistes seraient également intervenues à Boutcha. Certains soldats ont distribué de la nourriture. Si l’on en croit les rapports sur place, il est clair que toutes les unités russes présentes à Boutcha ces dernières semaines n’ont pas participé aux atrocités. Compte tenu des endroits où se trouvaient les corps des civils tués, parfois les mains liées, il semble que les actes n’ont été commis que dans quelques rues de cette ville de 27’000 habitants.
Selon des témoins, les soldats auraient agi de manière modérée dans le centre urbain. «Lors des fouilles, ils ont même distribué de la nourriture à ceux d’entre nous qui étaient restés», a assuré un homme à «Bild».
Irina Dawidowitsch raconte dans une interview au «New York Times» qu’un soldat russe de 19 ans lui a raconté qu’il rêvait d’être blessé et de pouvoir ainsi rentrer chez lui. Galina Lewitskaja, 60 ans, enseignante à la retraite, a raconté que des soldats russes l’avaient aidée à porter ses sacs.
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Les combattants tchétchènes particulièrement brutaux
D’autres habitants, notamment dans les quartiers périphériques, rapportent un autre point de vue. «Mon mari est sorti de la maison pour éteindre le feu que leurs tirs avaient provoqué. Alors qu’il se rendait, ils l’ont attrapé. Ils lui ont enlevé son pull, l’ont mis à genoux et lui ont tiré une balle dans la tête», a déclaré Irina Abramowa à «Bild». Vladislaw Koslowski, l’un des survivants du massacre, a déclaré que des combattants tchétchènes du dirigeant Ramzan Kadyrov, entre autres, étaient présents sur place. «Les Kadyrovites se sont tous comportés de manière brutale et barbare. Chez les Russes, il y avait des gens différents. Parmi eux, il y avait beaucoup de jeunes. Certains frappaient aux maisons et demandaient un logement, tandis que d’autres tabassaient simplement les gens et jetaient les propriétaires dans la rue», a déclaré le survivant au portail «Vot Tak».
Il a également raconté que des soldats d’origine bouriate, une ethnie mongole de Sibérie, étaient présents à Boutcha. Ils auraient tué huit personnes sous ses yeux. «Ils tiraient soit à l’arrière de la tête, soit en plein cœur», selon lui. Les soldats cherchaient des «nazis». Ils auraient entre autres regardé qui avait des tatouages «suspects» et auraient donc emmené ces personnes pour les tuer plus tard.
Vladimir Poutine avait notamment justifié l’attaque contre l’Ukraine le 24 février par sa volonté de «dénazifier» le pays. Un prétexte indéfendable aux yeux des experts.
Rita Katz, experte israélienne sur les sujets d’extrémisme au sein de l’organisation non gouvernementale américaine Site Intelligence Group, évoque un «récit absurde» du président russe. Le bataillon ukrainien Azov est certes un mouvement nationaliste d’extrême droite, auquel se sont joints des extrémistes de droite d’autres pays. Mais il est faux d’affirmer que le gouvernement ukrainien, dirigé par le président d’origine juive Volodymyr Zelensky, est infiltré par des néo-nazis.
(Adaptation par Thibault Gilgen)