La cabale initiée contre Valérie Dittli illustre combien la digestion est compliquée pour la gauche qui a perdu les élections cantonales vaudoises. Plutôt que de se montrer bon joueur, n’importe quel observateur de la vie politique romande peut constater le peu de fair-play du camp du bien.
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Ainsi, depuis le jour de son élection, Valérie Dittli voit sa légitimité sans cesse contestée par les perdants du 10 avril 2022. Pour la taille de son groupe politique. Pour sa prétendue inexpérience politique. J’en ai même entendu se moquer de son accent, les mêmes qui font mine aujourd’hui de découvrir ses origines alémaniques. Ceux-là mêmes qui prônent le droit de vote de tous les étrangers, se lancent dans un procès en mauvaise intégration d’une Alémanique.
Une gauche hypocrite
Et puis, comme la jeune élue s’est montrée plus solide qu’attendu, voilà sortie l’arme fatale des sempiternels moralisateurs: la feuille d’impôt. Comment, cette ancienne étudiante aurait été taxée à Zoug? A choisir, elle aurait préféré la bienveillance d’Oberägeri au laminoir fiscal lausannois?
L’indignation est telle que nos autoproclamés défendeurs de la veuve et de l’orphelin réclament la démission de la ministre, comme si la légitimité politique ne s’acquerrait plus par l’élection, mais par la taxation. A deux doigts de proposer le suffrage censitaire, cette gauche en oublie qu’elle doit sa force aux nombreux citoyens qui ne paient pas d’impôts du tout. Ni à Lausanne, ni à Zoug, ni nulle part ailleurs.
L'Etat est vorace
Quelques mois d’expérience auront peut-être permis à Valérie Dittli d’épaissir son cuir pour tenir face aux coups de boutoir d’une frange politique qui ne lâche jamais quand la présumée faute morale est celle de ses adversaires, mais qui se montre beaucoup plus accommodante à l’égard des siens.
Benjamin Franklin qui a expérimenté les deux, relevait qu’en notre monde, à l’exception des impôts et de la mort, rien n’était certain. Il est ainsi compréhensible que chacun s’évertue à rendre ces deux plaies de la condition humaine un peu plus douces.
Ainsi, sur le fond, s’il ne fait aucun doute que le domicile fiscal d’une étudiante zougoise à Lausanne ne présente aucun autre intérêt que polémique, mon éthique personnelle me poussera toujours à défendre ceux qui, toujours dans le cadre légal, chercheront à préserver ce qu’ils ont durement gagné face à la voracité d’un l’Etat dont les moyens n’ont jamais été aussi développés qu’en ce siècle. Mais c’est un autre débat.