La chronique de Philippe Nantermod
Sans rancune, Ada

Cette semaine, notre chroniqueur Philippe Nantermod revient sur le départ de sa collègue socialiste Ada Marra du Conseil national, non sans lancer un dernier débat au passage. Au coeur de la cible: les propriétaires.
Publié: 29.06.2023 à 14:30 heures
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Dernière mise à jour: 29.06.2023 à 14:32 heures
Ada Marra va quitter le Conseil national. L'occasion pour Philippe Nantermod de glisser un dernier message à sa collègue socialiste.
Photo: KEYSTONE
Philippe Nantermod

Ada Marra s’en va. En fin de la législature, les figures les plus emblématiques du cahier panini de la politique fédérale nous quittent. Christian, Jacques, Olivier et les autres. Des collègues appréciés, pour la plupart. Et même si Ada et moi avons partagé plus souvent le café que les idées, elle me manquera. Ses vannes, ses envolées, son gauchisme exacerbé, ses caricatures.

Mardi encore, Ada a balancé à la radio contre les plus haïs de l’internationale socialiste: les propriétaires. Drapée de l’indignation facile qui donne du courage aux socialistes en campagne (sincère chez Ada, j’en conviens), voilà que ma collègue sur le départ a déclaré que les milieux immobiliers n’avaient, pendant la crise Covid, pas levé le petit doigt pour soutenir les locataires. Et surtout pas s’agissant des baux commerciaux. Ah, ces affreux promoteurs qui se sont engraissés pendant que les autres tombaient malade.

Les privés ont lâché des millions

Ignorance? Malhonnêteté? Va savoir. L’Union suisse des professionnels de l'immobilier (USPI) – vénérable association que je préside – estime que ses membres à eux seuls ont, durant la pandémie, abandonné plus de 20 millions de francs de loyers commerciaux, juste en Suisse romande. Pour ces millions, pas un centime d’aide publique n’a été proposé. Tandis que les cantons sortent de la crise du coronavirus riches à milliards, les privés ont lâché les millions par dizaines. Par solidarité, par responsabilité.

Forcément, ce constat accompagne mal le discours au goût de naphtaline d’un parti socialiste nostalgique de l’époque de la lutte des classes et du grand soir.

Il est temps pour la gauche de changer de disque

Et si l’on veut parler des politiques immobilières, on ne peut que rire jaune des mesures proposées par cette gauche anticapitaliste qui n’a à la bouche que le contrôle des prix, des droits de préemption à qui mieux-mieux ou des projets dirigistes sur l’aménagement du territoire poussés jusqu’à l’absurde. Toutes ces mesures dont l’échec patenté s’est confirmé au gré des crises de l’immobilier, d’une pénurie de logement à l’autre.

Dans notre pays où moins de 40% de la population est propriétaire de son logement (contre 96% en Roumanie, allez comprendre!), il est temps pour la gauche de changer de disque et d’arrêter cette guerre stérile contre l’accès à la propriété, obnubilée qu’elle est par ses clients, la nation de locataire qu’elle a contribué à créer.

Allez Ada, il me reste une session pour te convaincre.

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