Chronique de Philippe Nantermod
En Valais, c'est les (petits) copains d’abord

Le conseiller national PLR valaisan Philippe Nantermod, membre de notre équipe de chroniqueurs, se penche sur son propre canton. Et plus particulièrement sur la politique culturelle valaisanne à propos des librairies.
Publié: 17.11.2022 à 17:35 heures
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Dernière mise à jour: 01.12.2022 à 11:12 heures
Selon Philippe Nantermod, les petites librairies valaisannes sont méprisées par le Canton, au profit des grands groupes (image d'illustration)
Photo: DUKAS
Philippe Nantermod

On ne saurait m’accuser d’une grande amitié avec le directeur de Payot, Pascal Vandenberghe. Nos multiples passes d’armes sur le prix unique du livre, les soldes ou le commerce transfrontalier m’étonnent de pouvoir partager aujourd’hui publiquement son indignation. Le canton du Valais discrimine ses librairies, et c’est indéfendable.

La petite histoire part évidemment d’une bonne intention. Pour soutenir les écrivains du Vieux pays, le canton offrira un livre d’un auteur valaisan pour chaque ouvrage acheté dans une librairie. Oui, mais pas n’importe quelle librairie: une librairie indépendante. Une petite. Une gentille. Une méritante.

Exclues donc Payot et la FNAC. Exit, de même, les rayons «livre» de chez Manor, Migros, Relay et Coop. À Sierre, où seul M. Vandenberghe a pignon sur rue, ce fétiche du petit, du local, de l’indépendant, interdit aux citoyens de bénéficier de l’offre culturelle.

À qui s'adresse la politique culturelle valaisanne?

Le ministre de la Culture se défend en exposant qu’on ne veut pas «aider ceux qui ont le ventre plein». Que l’argent public doit soutenir «ceux qui en ont besoin». On comprendra ainsi que la politique culturelle valaisanne ne s’adresse en premier lieu pas au public, ces lecteurs qui éprouveraient du plaisir à découvrir les auteurs de notre canton. Elle ne s’adresse pas non plus à ces auteurs pour lesquels l’essentiel est d’être lu, peu importe le vendeur dans le fond. Elle s’adresse aux intermédiaires. Mais pas tous: la clientèle que le ministre apprécie.

Le choix du service de la culture laisse enfin penser que la condition pour être soutenu, c’est d’être dans le besoin, d’être miséreux. Une vision assez méprisante des petites librairies indépendantes dont je suis client et qui ne me paraissent pas être particulièrement boudées du public.

Le conseiller d’Etat avait pour slogan «l’humain d’abord» et s’engageait à lutter contre la politique des petits copains. Il a tenu ainsi ses deux promesses: maintenant, ce sera les petits copains d’abord.

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