Chronique de Philippe Nantermod
Pascal Saint-Amans, bienvenue à l'UNIL, ce paradis sur terre

Le conseiller national PLR valaisan Philippe Nantermod, membre de notre équipe de chroniqueurs, réagit à l'engagement de Pascal Saint-Amans à l'Université de Lausanne. Ce dernier est connu pour avoir fait tomber le secret bancaire suisse.
Publié: 01.12.2022 à 11:29 heures
Pascal Saint-Amans rejoint l'Université de Lausanne (UNIL). Il prendra ses fonctions de professeur titulaire dès le 1er février prochain.
Photo: KEYSTONE/PETER SCHNEIDER

Cher Pascal Saint-Amans,

Quand on porte votre beau patronyme, on se garde forcément une place au paradis. Fiscal, c’est entendu. Après l’expiation de nos péchés à l’OCDE comme moralisateur en chef, grand harmonisateur des impôts de l’organisation internationale, vous qui chassiez depuis des années les Etats voyous adeptes du secret bancaire, de l’imposition raisonnable et de la concurrence fiscale, vous ferez votre trou dans ce petit coin de terre où l’on optimise sans gêne. Vous donnerez des cours à l’Université de Lausanne (UNIL), institution financée par un canton des plus concurrentiels, un champion de l’impôt à forfait et des rulings, sans doute un prédateur à vos yeux. Vous cracheriez dans la soupe, diraient certains observateurs mal intentionnés. Mais à l’UNIL, vous ne serez pas le seul. Une université qui a toujours été en phase avec l’air du temps, pour le meilleur et surtout pour le pire, vous l’apprendrez sûrement.

Non-éligible à l’imposition au forfait, cette expédition en terre inconnue sera pour vous l’occasion unique de vous soumettre au sacerdoce que connaissent les citoyens laborieux: la déclaration d’impôts. Si votre statut de fonctionnaire international vous épargnait jusqu’ici de cette commune et vulgaire obligation d’acquitter l’impôt sur le revenu, votre salaire de professeur fera de vous une cible malheureuse du fisc.

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«J’espère, Monsieur Saint-Amans, que vous en apprendrez autant de la Suisse que vous nous apporterez de vos lumières»
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Cette exploration helvète sera aussi l’opportunité de constater que, nonobstant nos classements sur les listes multicolores des mauvais coucheurs de la fiscalité internationale, notre prospérité n’est pas seulement la conséquence d’une prétendue frugalité des services publics: la Suisse, c’est plus que des banques et des montres de luxe.

Si nos impôts restent affreusement élevés pour ceux qui les paient, ils peuvent sembler faibles en comparaison internationale. Pourtant, la Suisse dispose d’infrastructures complètes, de la crèche au home, en passant par l’université que vous découvrirez, une armée et tout l’attirail habituel d’un Etat moderne.

Comment y sommes-nous parvenus? Probablement par une certaine idée du raisonnable dans la dépense publique. Ce souvenir que chaque franc dépensé par l’Etat a été d’abord gagné par un contribuable. Qu’un compte juste est un compte équilibré. Là où notre bien-aimé voisin français a aligné 48 épisodes comptables déficitaires, la Suisse s’est efforcée d’offrir année après année des budgets positifs, grâce à un frein à l’endettement constitutionnel qui interdit les fantaisies dépensières aux gouvernants.

J’espère ainsi, Monsieur Saint-Amans, que vous en apprendrez autant de la Suisse que vous nous apporterez de vos lumières. Et peut-être partagerez-vous cette idée qui est la mienne: l’impôt n’est pas l’avenir de l’Homme.

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