Philippe Nantermod
Un dur réveil électrique pour le Conseil fédéral

Le conseiller national PLR valaisan Philippe Nantermod, membre de notre équipe de chroniqueurs, se penche cette semaine sur la stratégie énergétique du Conseil fédéral, mise à mal par les développements récents de l'actualité.
Publié: 18.08.2022 à 15:44 heures
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L'éolien et le solaire, deux pivots de la stratégie qui devrait permettre de sortir du nucléaire. Mais ce n'est pas si évident...
Photo: KEYSTONE/Valentin Flauraud
Philippe Nantermod

Pensée pour durer jusqu’en 2050, la stratégie énergétique du Conseil fédéral, acceptée en fanfare il y a seulement cinq ans, fait naufrage en 2022. Et c’est peu de le dire.

Alors qu’on nous promettait une sortie du nucléaire facile et douce, remplacée par des champs de panneaux solaires et d’éoliennes, combinés avec une amélioration de l’efficacité électrique, la réalité des kilowattheures adresse un sérieux électrochoc à tous ceux qui ont trop facilement cru aux mirages du tout renouvelable, tout de suite.

Il y a bien entendu le prix de l’énergie, de toutes les énergies, qui inquiète. Mais le spectre d’une pénurie fait froid dans le dos. Entendre parler de fermer un centre commercial sur cinq, d’arrêter les ascenseurs ou de couper le jus alternativement dans des régions du pays, nous plonge dans un roman catastrophiste de science-fiction. On ne parle pas de Sarajevo en 1995, mais de la Suisse en 2022. En quelques mois, la Suisse se trouve au bord de la déstabilisation électrique complète, une situation digne d’un pays sous-développé ou meurtri par la guerre civile.

Le constat est cinglant : la stratégie énergétique est un échec complet. On ne sortira pas du nucléaire. Personne ne parle encore sérieusement de fermer les centrales existantes, et c’est plutôt leur renouvellement qui va bientôt revenir sur la table.

A court terme, peu de solutions existent. Les options «vertes» sont bloquées par la justice. Alors que je faisais mes premières armes en politique, le projet de rehaussement du Grimsel était déjà engagé. Il est toujours en attente aujourd’hui, vingt ans plus tard. Des associations de protection de l’environnement annoncent déjà leur combat contre les futurs champs de panneaux solaires dans les Alpes. Comble de l’absurde dans un monde qui voulait se décarboner, c’est le gaz, le pétrole et pourquoi pas le charbon qui semblent les stratégies les plus viables à court terme.

On fête aussi cette année les vingt bougies du rejet de la libéralisation de l’électricité par le peuple suisse, convaincu par les référendaires qu’une ouverture du marché mènerait immanquablement à des pénuries et à une explosion des tarifs. La réalité contredit malicieusement les sempiternels opposants aux solutions concurrentielles. A l’inverse, les monopoles nous interdisent aujourd’hui de conclure un accord électrique avec l’Europe qui exige comme pré-requis l’ouverture du marché, et empêchent les particuliers de revendre à bon compte le produit de leurs panneaux solaires.

Il est grand temps de nous réveiller. La gentille «sobriété énergétique» que certains nous ont vendu comme remède cache mal la réalité: le rationnement, les coupures et la récession. En un mot: la misère. Pour vivre bien, il faut produire plus. Il y a un temps pour discuter, et un temps pour décider. Et lorsque le courant manque, c’est ce deuxième temps qui est venu.

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