C’est au retour d’une assemblée de parti ponctuée d’une pizza de 50 centimètres de diamètre, recouverte d’une couche de pommes de terre, de fromage à raclette et de viande séchée, que l’inspiration m’est venue pour vous faire part de tout le mal que je pense de la diététique en politique.
Dans le fond, manger équilibré, c’est bien, on s’entend. Surtout quand on a encore mal au ventre de l’horreur calorique de la veille. De là à réclamer des mesures de rééducation collective, il y a un pas que je ne franchirai pas. D’autres le font, sans vergogne.
À défaut d’effectuer correctement son travail, l’État pourra toujours s’en inventer de nouveaux. Et pour cela, il peut compter sur une classe politique complaisante, prête à porter chaque gadget à la mode. Ces derniers projets de loi qui nous séparent du bonheur.
Le Parlement veut nous apprendre à manger
Ainsi, au lieu de rendre la justice plus efficace, de baisser les impôts, de s’assurer de la performance de notre système éducatif, le Parlement discute de joyeux projets de lois pour nous apprendre à manger. Nous, adultes majeurs et vaccinés (pour les meilleurs d’entre nous), pourrons bientôt compter sur le droit fédéral pour comprendre d’où vient la bedaine.
Il y a quelques jours, une commission a jugé essentiel de marquer «transporté par avion» sur tous les biens aéroportés. D’autres réclament d’inscrire le bilan carbone de chaque produit. D’indiquer clairement le taux de sucre. Ou d’imprimer le «nutri-score» sur tous les produits.
Déresponsabilisation pavée de bonnes intentions
Grâce à la foisonnante hyperactivité parlementaire qui se déploie sans commune mesure à l’approche des élections, nous pourrons bientôt bénéficier d’un office fédéral des emballages alimentaires, soumis à la lourde mission d’embaucher des fonctionnaires occupés à dessiner les paquets de chips de demain. Ces savants qui rééduqueront les affreux citoyens mangeurs de pizza que nous sommes parfois.
Pense-t-on sérieusement qu’il nous faut un système de notations pour comprendre que s’empiffrer de lard à l’huile et bannir les haricots nous mène indubitablement à l’obésité ? Dans un monde où l’État remplace à la fois nos mères et nos cerveaux, nos fautes ne seront jamais les manquements d’un politicien peu prévoyant. Et croyez-moi, c’est toujours pour de très bonnes intentions que l’on déresponsabilise un peu plus les citoyens.