Comme Blick l’expliquait lundi, la Suisse a déjà vendu une partie de l’électricité qu’elle a économisée et qu’elle va produire. Sur le plateau de Blick TV de nos confrères alémaniques, Simonetta Sommaruga estime que les cantons, les villes et les communes ont leur part de responsabilité. C’est à eux qu’appartiennent les entreprises d’électricité qui réalisent actuellement des bénéfices records avec ces ventes, alors que leurs citoyens souffrent des prix élevés de l’énergie.
Difficile de se montrer compréhensif lorsque l’on voit que le conseiller d’Etat valaisan Roberto Schmidt, dans sa nouvelle fonction de président des directeurs cantonaux de l’énergie, indique que les producteurs d’électricité ont dû la vendre en partie à perte ces dernières années.
Monsieur sortie du nucléaire
Les déclarations de Roberto Schmidt pèsent d’autant plus que le Valaisan est en grande partie responsable de la situation énergétique actuelle. Lorsqu’il était conseiller national, il avait déposé le 14 avril 2011 au Parlement fédéral une motion pour une sortie progressive du nucléaire. Sous la direction de sa ministre de l’Energie de l’époque, Doris Leuthard, l’ensemble du Conseil fédéral lui avait emboîté le pas. Le peuple suisse avait également voté sur la Stratégie énergétique 2050.
Aujourd’hui, la population aimerait que l’Etat diminue les prix excessifs de l’électricité. Dans un sondage réalisé en ligne sur le site alémanique de Blick, 87% des 18’100 votants qui avaient voté jusqu’à lundi soir se sont prononcés en faveur d’une intervention des autorités contre les prix. Le verdict clair de la population ne devrait pas laisser indifférent Roberto Schmidt.
Retirer les bénéfices excédentaires
Le Valaisan ne défend pas seulement les bénéfices excessifs des géants de l’électricité, mais il estime aussi qu'il ne serait pas compréhensible que les groupes versent maintenant des dividendes élevés. Roberto Schmidt est plutôt pour que les entreprises énergétiques investissent dans les énergies renouvelables, secteur délaissé pendant trop d’années.
Pour l’actuelle ministre de l’Energie, Simonetta Sommaruga, et son parti socialiste, cela n’est pas suffisant. La conseillère fédérale veut retirer aux entreprises productrices d’électricité une partie de leurs bénéfices excédentaires pour les reverser aux personnes à faibles revenus.
Ne serait-il pas plus simple que les pouvoirs publics veillent à ce qu’il n’y ait pas de bénéfices excessifs? Ce n'est pas aussi facile: les prix du marché de l’électricité ne sont pas fixés en Suisse, mais fluctuent en fonction de l’offre et de la demande sur les bourses européennes de l’électricité.
De l’électricité vendue depuis longtemps
Comme plus de la moitié des centrales nucléaires françaises sont actuellement à l’arrêt et que la Russie nous a coupé le gaz, l’énergie s’est logiquement faite rare et chère.
Nos entreprises énergétiques n’ont donc qu’une influence limitée sur les prix. Les compagnies d’électricité n’obtiennent des tarifs élevés que pour la part qu’elles peuvent vendre librement.
Si une usine est fermée et qu’il ne pleut pas assez pour remplir les lacs d’accumulation, une entreprise énergétique doit éventuellement acheter de l’électricité chère sur le marché en hiver afin de pouvoir honorer ses contrats de livraison. Un argument que les groupes de production d’électricité utilisent pour justifier leur besoin de bénéfices.
Des entreprises peu transparentes
Mais ce que Simonetta Sommaruga déplore et veut faire changer, c’est le manque de transparence de ces entreprises productrices d’électricité. Leurs propriétaires publics ne s’intéressent guère jusqu’à présent à la manière dont ils font des affaires, tant que les dividendes sont bons, déplore la conseillère fédérale.
Même lorsque le géant de l’énergie Alpiq a supplié la Confédération de lui accorder une aide financière de 1,4 milliard de francs peu avant Noël, le groupe n’était pas prêt à mettre ses comptes sur la table. Si la volonté de la ministre de l’Energie est respectée, ce manque de transparence devrait disparaître.