Les plus de 1800 piscines couvertes de Suisse consomment chaque année environ 330 millions de kilowattheures d’électricité – c’est ce que révèlent les chiffres d’une expertise Infrawatt de 2016. Ce qui correspond à la consommation d’électricité d’un peu plus de 65’000 ménages moyens pendant toute une année.
Avec les infrastructures scolaires, les piscines couvertes publiques consomment bien 70% de cette consommation d’électricité, les bassins privés 30%.
Restrictions possibles
Face à la menace de pénurie d’électricité, les exploitants de piscines couvertes se retrouvent eux aussi dans la tourmente. En cas d’urgence, ils doivent s’attendre à des restrictions et des interdictions de la part de la Confédération.
Si les mesures d’économie volontaires prises par la population ne suffisent pas, la Confédération veut s’attaquer aux «appareils à forte consommation d’énergie qui ne sont pas absolument nécessaires» – par exemple les climatiseurs, les enseignes lumineuses ou même les piscines.
Fermeture totale?
C’est ce qui inquiète l’association des piscines couvertes et de plein air (VHF). «Une fermeture totale des piscines serait pour nous un scénario d’horreur et entraînerait toute une série de problèmes», déclare le directeur de la VHF Martin Enz à Blick.
Ainsi, la natation scolaire ou les cours de promotion de la santé comme l’aquajogging tomberaient à l’eau. «Cela pourrait entraîner des problèmes sanitaires et sociaux, avertit le directeur, faisant référence au manque d’activité physique pendant la pandémie. Et si les écoliers n’apprennent pas à nager, les accidents de baignade risquent d’être plus nombreux par la suite.»
Licenciements envisageables
Mais les risques existent aussi sur le plan économique. Les piscines gérées par les pouvoirs publics ne peuvent pas simplement demander le chômage partiel pour leur personnel, explique Martin Enz. «Soit on pourra les employer ailleurs dans la commune, soit il y aura des licenciements.»
Martin Enz connaît la problématique: dans la commune grisonne de Pontresina, il est responsable du secteur des infrastructures et en même temps directeur du parc aquatique et du spa Bellavita. Répartis sur 20 postes à temps plein, il a 27 collaborateurs sous ses ordres dans l’ensemble du département des infrastructures. «Pendant la crise sanitaire, nous avons dû fermer temporairement les bains et trouver des solutions transitoires pour les collaborateurs», se désole-t-il.
Heureusement, il n’y a pas eu de licenciements. Mais dans d’autres communes, oui. «Et puis le personnel manque quand on peut rouvrir – c’est ainsi que notre branche est également touchée par le manque de personnel qualifié», martèle le directeur. Enfin, il faut aussi tenir compte du fait qu’une piscine couverte hors service peut aussi endommager la structure du bâtiment.
Arrêter les toboggans et les bulles
Pour éviter ce scénario d’horreur, les exploitants de piscines couvertes tendent la main aux économies d’énergie. «Nous nous engageons dans la branche pour réduire les besoins en énergie», souligne Martin Enz. L’association recommande à ses membres de planifier à temps des mesures d’économie d’énergie, mais aussi des scénarios de fermeture.
Dans ce cadre, on fait aussi déjà des propositions d’idées concrètes: «Nous envisageons des scénarios tels que la réduction des heures d’ouverture ou la fermeture partielle d’installations nécessitant une grande quantité d’énergie, comme les saunas ou les piscines extérieures chauffées», explique Martin Enz. On peut aussi imaginer que des attractions comme les toboggans aquatiques ou les bains à bulles soient arrêtées.
Le directeur estime que cela permettrait d’économiser 30% d’énergie à Bellavita. «Si tout le monde apporte sa contribution, nous pourrons passer l’hiver sans fermer complètement», est-il convaincu. Il est en outre important de se mettre d’accord avec le fournisseur d’énergie concerné.
La Confédération doit fournir des informations
L’association attend désormais aussi des conseils et des recommandations de la part de la Confédération. Martin Enz souhaite «savoir à quoi nous en tenir et ce qui est concrètement demandé afin de pouvoir nous adapter à la situation». Cela ne vaut pas seulement pour les piscines couvertes, mais aussi pour d’autres installations sportives. Ainsi, Martin Enz est également directeur de la Société des patinoires artificielles suisses, qui est confrontée à des problèmes similaires face à la menace d’une pénurie d’électricité.
En effet, le Conseil fédéral devrait décider dans les prochaines semaines dans quels domaines il souhaite intervenir et avec quelle intensité. Dans un premier temps, il devrait encore s’agir de recommandations et de conseils d’économie.
Martin Enz part du principe que la situation pourrait devenir critique pour les piscines couvertes, surtout à partir de février, lorsque les lacs d’accumulation se videront de plus en plus. «Nous espérons toutefois que notre branche participera avant cela aux économies d’énergie», ajoute le directeur. Son objectif est clair: «Nous devons faire en sorte qu’au moins la simple baignade reste possible pendant l’hiver.»