Les installations solaires n’ont jamais été aussi convoitées. Ce n’est pas seulement le résultat d’une évolution de la conscience écologique suisse: la hausse des prix du mazout et de l’électricité à cause de la guerre en Ukraine a motivé de nombreuses personnes à se pencher sur des alternatives.
Les propriétaires immobiliers, surtout, veulent désormais réduire leur dépendance au gaz russe. Si certains se ruent alors sur les pompes à chaleur, les installations solaires connaissent elles aussi un vrai boom, non sans quelques complications à la clé.
Un intérêt dépassant toutes les attentes
«Nous assistons depuis longtemps à une augmentation de la demande, déclare Urs Spengeler, directeur des ventes de technologie solaire chez EKZ Eltop. Mais jamais l’afflux n’a été aussi important qu’actuellement. L’augmentation des demandes depuis le début de l’année nous a tous surpris dans le secteur», poursuit-il.
L’entreprise EKZ Eltop, spécialisée dans les solutions énergétiques, possède 37 filiales dans toute la Suisse et fait partie des plus grands fournisseurs d’installations solaires dans le canton de Zurich.
Selon Urs Spengeler, il y a plusieurs raisons à l’affluence actuelle. L’une d’entre elles est «le souhait de réduire leur dépendance vis-à-vis des pays qui favorisent les énergies fossiles», explique l’installateur électricien.
Goulots d’étranglement dans l’approvisionnement matériel
Entre-temps, la demande est si forte que les ménages qui souhaitent installer un panneau solaire ne pourront pas réaliser leur projet cette année. En cause: des difficultés de livraison de plusieurs composants des installations solaires.
Les problèmes de livraison commencent déjà avec les panneaux photovoltaïques, mais elles sont particulièrement importantes pour les onduleurs. Un onduleur permet de convertir le courant continu de l’installation photovoltaïque en courant alternatif utilisable dans notre réseau.
«Nous aussi, nous ressentons les difficultés de livraison qui existent sur le marché, explique Urs Spengeler. Elles sont plus importantes pour les onduleurs que pour les panneaux photovoltaïques. Il peut donc arriver que l’installation solaire soit terminée sur le toit, mais que le courant ne puisse pas encore être injecté dans le réseau domestique.»
Selon EKZ Eltop, la demande dépasse également l’offre pour les solutions de stockage. Celles-ci fonctionnent comme un accumulateur: elles stockent le surplus d’électricité solaire afin de le rendre accessible ultérieurement.
Pénurie aiguë de main-d’œuvre qualifiée
La ruée vers les installations solaires entraîne actuellement des délais d’attente de six à douze mois. Il est parfois même difficile d’obtenir une offre. C’est du moins ce qu’Oliver Franz du groupement d’intérêt IG Solar Wehntal entend régulièrement en discutant avec des personnes intéressées. «Certains fournisseurs ne répondent pas aux demandes», explique-t-il. Le secteur ne manque en effet pas seulement de matériel, mais aussi de main-d’œuvre.
Le secteur a besoin de personnel qualifié pour le conseil, la planification, l’installation et la maintenance ultérieure. Pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, EKZ Eltop offre des possibilités d’emploi aux personnes qui changent d’orientation professionnelle et participe au programme d’intégration professionnelle «Refugees go Solar +». «Malgré tout, il y a des postes à pourvoir chez nous», souligne Urs Spengeler.
Les politiques doivent réagir
Mais Oliver Franz voit aussi des opportunités dans ce défi. «L’urgence et les avantages du tournant énergétique ont enfin été reconnus en Suisse», se réjouit-il.
Selon lui, il est maintenant important de créer de bonnes conditions-cadres sur le plan politique afin que les entrepreneurs et les clients puissent planifier leur installation solaire en toute sécurité. Le marché réagira alors automatiquement en augmentant l’offre.
Mais c’est précisément là que le bât blesse: comme l’a rapporté le SonntagsBlick, les communes et les cantons mettent régulièrement un frein à la construction d’installations solaires sur les toits des maisons privées, car celles-ci ne s’intègrent pas dans le paysage local. Dans d’autres cas, ce sont les voisins qui font obstacle et qui retardent les projets photovoltaïques de plusieurs années en faisant opposition.
Les coûts augmentent
En plus de tous ces inconvénients, les prix ont récemment augmenté en raison des goulets d’étranglement. «Les installations solaires sont aujourd’hui environ 20% plus chères qu’il y a deux ans», explique Oliver Franz.
Celui qui souhaite installer un système solaire sur le toit de sa maison individuelle doit actuellement débourser plusieurs dizaines de milliers de francs. Une installation incluant la mise en réseau avec la station de recharge pour la voiture électrique, un accumulateur à batterie ainsi que la pompe à chaleur coûte entre 40’000 et 50’000 francs.
Il existe tout de même des subventions pour une installation solaire, selon le canton et la commune. Le montant varie non seulement d’un canton à l’autre, mais aussi d’une commune à l’autre. C’est pourquoi il n’est pas possible de donner un montant forfaitaire pour la subvention. Selon les experts du secteur, il s’agit en moyenne de 10 à 15% de la valeur totale d’une installation solaire, soit entre 3500 et 6750 francs.
(Adaptation par Lliana Doudot)