«The cloud doesn’t run in the cloud», répète dans le secteur informatique. Pour chaque service qui ne fonctionne pas localement sur un ordinateur personnel, comme par exemple l’iCloud d’Apple ou la suite Office365 de Microsoft, une autre machine doit exécuter ces programmes à distance. Les sites web, les e-mails et chaque message sur les réseaux sociaux sont également stockés sur des serveurs externes.
Ces serveurs, c’est-à-dire les ordinateurs qu’utilisent ces prestataires de services, se trouvent dans des centres de données. Dans ces derniers, des fournisseurs louent de la puissance de calcul et de l’espace de stockage à leurs clients. Cet hiver, il pourrait y avoir une pénurie d’électricité. Internet risque-t-il de disparaître s’il n’y a plus de courant?
Des infrastructures essentielles
Les centres de données n’hébergent pas seulement les applications mentionnées. Des hôpitaux en passant par les services financiers, les outils numériques sont devenus indispensables pour de nombreuses entreprises. En cas de panne, cela pourrait entraver leur fonctionnement. C’est pourquoi les centres de calcul sont classés comme infrastructure critique par l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP).
«En cas de grave pénurie d’électricité avec contingentement, les exploitants d’infrastructures critiques sont en principe traités de la même manière que les gros consommateurs», explique l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE). Ceux-ci pourraient certes être partiellement ou totalement exemptés de restrictions, mais seulement lors d’une crise concrète.
Les centres de calcul n’ont toutefois aucune garantie. Même s’ils étaient exemptés du contingentement, le pire des scénarios d’urgence de la Confédération prévoit des coupures totales d’électricité.
Bien préparés
«L’ensemble du secteur est inquiet à ce sujet», confirme Dominik Müller, directeur adjoint de l’Association suisse des télécommunications (ASUT). Mais il rassure: «Les grands exploitants de centres de données disposent d’une gestion de crise appropriée pour pouvoir fournir des services de base même en cas de crise – et ils sont bien préparés, notamment pour les coupures de courant de courte durée.»
Les centres de données possèdent en effet des générateurs de secours qui leur permettent de surmonter des coupures de courant, même pendant plusieurs jours. Mais ceux-ci ne peuvent fonctionner qu’un temps limité par année, c’est pourquoi il est impératif d’adapter les ordonnances en cas de coupure électrique prolongée.
Les générateurs diesel mis à disposition à cet effet ne sont pas très écologiques. Mais un porte-parole de Green.ch fait remarquer que leur alimentation de secours pourrait contribuer à soutenir le réseau électrique suisse si des capacités énergétiques supplémentaires devaient être nécessaires en urgence.
«Les grands exploitants de centres de calcul seraient en mesure de contribuer à décharger le réseau en cas de crise. Des clarifications sont en cours à ce sujet», explique Dominik Müller. Rien n’a encore été décidé de manière définitive pour l’instant.
2,1 térawattheures de consommation en 2019
Le problème est que les centres de calcul ne sont pas économes en électricité. Une étude de l’Office fédéral de l’énergie a estimé leur consommation à environ 2,1 térawattheures en 2019. Cela représente 3,6% de la consommation électrique suisse. Ce chiffre inclut aussi les centres de données internes aux entreprises qui ne disposent pas forcément d’une installation d’alimentation de secours.
La question de savoir si les centres de calcul pourraient se déconnecter du réseau électrique pour le soulager en cas d’urgence, et fonctionner grâce à des générateurs de secours reste ouverte.
(Adaptation par Lliana Doudot)