Sondage sauvage à l'Assemblée générale de la FER
Quel ministre les patrons genevois veulent-ils à l'Économie?

Blick a profité de l’AG de la Fédération des entreprises romandes pour interroger les patrons genevois: qui veulent-ils à la tête de l'Économie? Sondage sauvage (donc non scientifique) mais bigrement intéressant, à deux jours de l’élection du Conseil d’État.
Publié: 28.04.2023 à 17:16 heures
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Dernière mise à jour: 28.04.2023 à 17:36 heures
Lors de leur AG annuelle à Genève, les patrons de la Fédération des entreprises romandes ont sorti les violons. Blick leur a demandé à quel candidat au Conseil d'État ils préfèrent chanter la sérénade.
Photo: Daniella Gorbunova
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Les patrons genevois ont sorti les violons, jeudi soir, à l'occasion de la 95ᵉ Assemblée générale de la Fédération des entreprises romandes (FER). Était-ce pour implorer une dernière fois le peuple de voter (à droite), à deux jours du second tour des élections cantonales? Pas explicitement, non.

Ivan Slatkine, président de la faîtière, a averti d'entrée de jeu, du haut de la scène du Bâtiment des Forces Motrices de Genève: «Nous ne parlerons pas des élections.» La star de la soirée fut plutôt Blaise Matthey, qui prend sa retraite après quelque trente années à la tête de la puissante FER. Il sera remplacé par Philippe Fleury dès le mois de juin.

Un «pot de départ» pour le moins princier, avec des invités de marque. À commencer par le conseiller fédéral en charge de l'Économie Guy Parmelin. Et puis tout le Conseil d'État genevois, à l'exception d'Antonio Hodgers (des Vert-e-s) et d'Anne Emery-Torracinta (PS). Pour mettre un peu d'ambiance: Vincent Kucholl et Vincent Veillon étaient aussi au rendez-vous — le deuxième Vincent s'étant improvisé maître de cérémonie.

Deux noms sortent du lot

Après environ deux heures de partie officielle, lors du cocktail dinatoire, une foule (principalement masculine) s'est amassée dans le hall du BFM. L'occasion était trop belle, en amont de l'élection au Conseil d'État: Blick ne pouvait pas ne pas faire un petit sondage sauvage, anonyme (et absolument non exhaustif).

Puisque les maîtres se sont abstenus de tous commentaires politiques (Ivan Slatkine ayant simplement et mystérieusement mentionné un «climat dangereux»), «pour ne braquer personne», Blick a été demander directement aux patrons genevois: des douze candidats et candidates, lequel ou laquelle veulent-ils voir diriger le Département de l'économie et de l'emploi (DEE) de Genève pendant cinq ans?

Si on se fie aux réponses des quelque dix-huit cheffes et chefs d'entreprises interrogés — sur les 700 têtes présentes — deux noms sortent particulièrement du lot.

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La PLR Nathalie Fontanet, une valeur sûre

La première politicienne à être systématiquement mentionnée est la libérale-radicale sortante Nathalie Fontanet, actuellement à la tête du Département des finances et des ressources humaines (DF).

Heureusement que la femme de droite se représente — sinon, apparemment, il y aurait beaucoup de déçus à la FER, où on peut constater l'ampleur de sa popularité. Un patron dans le domaine de la construction et du bâtiment commente par exemple: «Elle gère bien, elle communique bien, elle arrive toujours à trouver des consensus.»

À travers une anecdote, une patronne dans le domaine de la santé abonde dans le même sens: «Elle a envoyé une lettre de remerciement aux contribuables qui ont payé des impôts cette année. C’est génial, personne ne fait ça! Elle a un sacré flair, et un bon sens de la communication, c'est certain.»

Et ce n'est pas un chef de boîte de communication qui dirait le contraire: «Moi aussi, je choisirais Nathalie Fontanet, parce que je suis à droite, et que c’est une femme. Il n’y a pas assez de femmes en politique, en général, et encore moins dans le monde de l’économie. C'est dommage.»

Quelques mètres plus loin, une gestionnaire de fortune hésite: «De mon côté, ce serait Nathalie Fontanet... Ou Philippe Morel (ndlr: le candidat du Mouvement citoyens genevois). Ces histoires d'accusations de foie indûment greffés, à quelques jours des élections seulement, c'est n'importe quoi!»

L'humoriste et animateur Vincent Veillon n'est pas exactement dans son milieu naturel, au milieu de tous ces patrons en costard.

Notre maître de cérémonie de la soirée, Vincent Veillon est, lui aussi, resté pour l'apéro. Il a l'air un peu perdu, au milieu de tous ces costards cravates. On en a profité pour lui poser la même question qu'à tous les quidams — excepté que, lui, il n'aura pas droit à l'anonymat.

Il rétorque, très sérieusement: «La personne que je verrais le mieux au Département genevois de l’Économie? Alexandre Kominek, c'est sûr, parce qu’il a toujours cette générosité, ce sens du partage, pas trop de rigueur… et surtout le sens du plaisir avant tout!»

Maudet, Maudet, Maudet...

Encore une fois, il faut garder en tête que l'exercice n'a rien de scientifique. Mais, à notre surprise, Pierre Maudet a été cité un peu plus souvent encore que «Fontanet». Souvent en susurrant, un sourire au coin des lèvres: «Heureusement que c'est anonyme, votre petit sondage.»

Les patrons veulent donc faire réélire «la bête», pourtant déboutée du PLR et du gouvernement en 2021, après l'«affaire» Abu Dhabi. Mais ils ne veulent surtout pas que les autres patrons le sachent… À noter que le principal intéressé n'a pas fait le déplacement à cette sauterie entrepreneuriale (ou n'y a pas été invité?).

Ce qui ne l'a pas empêché d'être plébiscité sur place. Un architecte s'exclame par exemple, d'un air rieur: «Moi, je voudrais Pierre Maudet à l'Économie, juste pour mettre un peu d’ambiance au sein de ce Conseil d'État.» Un chef dans le milieu de l'informatique, plus blasé, confie quant à lui: «Pour moi, c’est le moins pire de tous les candidats, tout simplement.»

Ainsi, les circonstances compliquées dans lesquelles il avait quitté son poste de ministre il y a deux ans semblent oubliées. Ou presque. Une patronne dans le domaine du marketing commente: «C’est quelqu’un qui fait du bon boulot, qui comprend son époque. Il a certes fait des erreurs, et surtout menti dans le cadre de cette 'affaire' Abu Dhabi, mais nous faisons tous des erreurs, dans la vie. Ce n'est pas si rédhibitoire, pour moi.»

«Tout sauf la Verte Fabienne Fischer»

Blick ne l'a pas entrevue, mais elle était là. L'actuelle ministre genevoise de l'Économie Fabienne Fischer (les Vert-e-s) est en revanche partie juste avant la fin de la patrie officielle, s'épargnant le cocktail dinatoire en compagnie de la faune de patrons — des gens qu'elle est pourtant censée représenter au gouvernement.

Avait-elle d'autres engagements? Contactée, sa communicante Esther Mamarbachi nous explique que la magistrate s'est en effet rendue à la patinoire des Vernets en sa qualité de conseillère d'État. «Fabienne Fischer, sœur de Didier Fischer (le propriétaire de Genève-Servette HC), n’aurait pour rien au monde raté la finale de hockey d'hier soir! Elle s’est donc en effet éclipsée, tout comme Thierry Apothéloz, pour aller officiellement soutenir l’équipe grenat. Et pour partager, après la victoire, ce grand moment de joie et de fierté pour les Genevoises et Genevois avec les milliers des spectateurs et de supporters présents.»

Parmi toutes les personnes interrogées lors de l'événement de la FER, seulement une — un patron dans la construction — a affirmé son soutien à la magistrate sortante pour reprendre le Département, sans faire de commentaire.

Tandis que, du côté des détracteurs — bien plus nombreux — de la ministre écologiste, des gestionnaires de fortune aux architectes, les gens avaient des choses à dire. Plusieurs convives ont prononcé cette exacte même phrase: «Tout sauf la Verte Fabienne Fischer.»

Pourquoi tant de mépris? «Inexpérimentée dans ce domaine», me souffle un patron dans la construction. Une cheffe dans le domaine du marketing d'ajouter, plus nuancée: «En soi, elle n'a rien fait de mal. Mais je la trouve déconnectée des réalités économiques.»

Une patronne dans l'informatique est quant à elle plus véhémente: «Elle n'est pas capable, je n'ai pas peur de le dire. Elle ne comprend rien à rien. Elle répond à côté à toutes les questions qu'on lui pose, je suis fâchée d'être représentée par une femme comme elle.»

Même pour ceux qui sont à gauche, apparemment, la politicienne ne serait pas tout à fait à sa place: «Honnêtement, j’ai de la peine à suivre la politique locale. S’il fallait quand même choisir, j’aimerais plutôt quelqu'un d'écologiste… mais pas l’actuelle ministre des Vert-e-s Fabienne Fischer. Son discours n’est ni très clair, ni très engagé. J’ai l’impression qu’elle n’est pas à l’aise dans ce Département de l’Économie», explique un chef de boîte de communication.

Qui seront les heureux élus et élues au Conseil d’État et celui-ci basculera-t-il à droite? Qui reprendra le Département de l’Économie pour tenter de satisfaire les exigences des patrons genevois? Une partie du suspense prendra fin dimanche avec la liste des sept, l’autre un peu plus tard, avec la répartition des départements. Assurément une autre grande bataille…

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