On s’amuse souvent à dire que Genève a la droite la plus bête du monde. Triste paradoxe, c’est en voulant se rassembler pour ne plus être idiote qu’elle a révélé quelque chose de plus grave: elle prend ses électrices et ses électeurs pour des cons.
Faire de la politique, c’est avoir une colonne vertébrale. C’est défendre des valeurs. C’est suivre un cap. Faire de la politique, ça n’est pas voir à court terme, ça n’est pas conclure des alliances de circonstances, faire des petites combinazione pour arriver coûte que coûte à son but.
On se déteste mais on s'aime
C’est pourtant ce que la droite a fait lundi dernier, au lendemain des élections cantonales. Alors que le Centre déteste le MCG — qui le lui rend très bien. Alors que le PLR a appelé à snober le Centre au premier tour. Alors que le PLR, toujours, n’a jamais réussi à s’entendre avec l’UDC. Et que le MCG a en partie bâti son succès sur le fait de n’être ni de gauche, ni de droite...
Tous ces partis se retrouvent sur une liste pour barrer la route à… Pierre Maudet. C’est lui donner beaucoup d’importance. C’est le détester vraiment très fort.
C’était à prévoir: cette alliance aussi vide qu’une bulle de savon a provoqué des départs. Il y en aura d’autres. C’est déjà programmé: les électeurs des partis de cette entente fantoche vont sortir les crayons, au moment de remplir les bulletins du second tour.
Malgré cela, la stratégie peut marcher. Il faut au minimum laisser ce mérite à la droite genevoise, aussi mal réunie que des candidats épuisés de Koh Lanta: elle réussira peut-être bien à éliminer ce satané Pierre qui était trop fort à l’épreuve des poteaux. Mais quel sera le montant de la facture finale?