Haro sur les canons à neige! La bonne conscience urbaine en bandoulière, les éternels défenseurs de la nature ont trouvé à Leysin une nouvelle raison d’imposer leur morale composée d’austérité et de culpabilité.
Les opposants à l’enneigement artificiel ne s’abaissent naturellement pas à la tâche ingrate qui est celle de vivre du tourisme. Ils ne manquent toutefois pas d’idées pour les pauvres hères des montagnes. Un «tourisme quatre saisons» répètent-ils, persuadés d’avoir inventé la poudre.
Personne n’a pourtant jamais interdit aux vacanciers de passer leur mois d’octobre dans les Alpes. Et ce n’est pas faute d’essayer de convaincre une clientèle qui préfère souvent les stations en hiver et la plage en été (sans parler de l’automne et du printemps). Ce n’est pas non plus Max Voegtli, militant de Renovate Switzerland «né à 356.4 ppm (particule de CO2 par millions)» qui me contredira: il a choisi de passer ses vacances d’été au Mexique. Où l’on vit très bien sans canons à neige. Puisqu’on vous dit que c’est possible.
Pour les militants, l’enneigement artificiel serait un outil du siècle passé, révolu. Ces machines maléfiques permettent pourtant bien de compenser les effets néfastes du réchauffement climatique, auquel vous êtes particulièrement exposé quand votre activité économique dépend directement de la météo, froide de préférence.
On peine pourtant à comprendre le réel problème. L’eau des canons à neige n’est pas perdue, elle revient à la terre. L’électricité consommée est produite dans les barrages des Alpes, à très faibles émissions carbone. Et avec ou sans canons, les Leysinouds n’ont pas à faire pénitence pour tous les autres. Ce combat contre l’enneigement mécanique a en réalité de vieux relents de lutte des classes. Qu’il s’agisse de condamner les piscines, les golfs ou le ski, tous les moyens sont bons pour ceux qui veulent abolir les loisirs, mais ceux des autres.
En vérité, les stations de ski s’adaptent au réchauffement climatique. Et cela fait bondir les écologistes qui estiment qu’on doit le subir plutôt que s’y ajuster. Dans le même ordre d’idée, il faudrait bannir la climatisation, les protections contre les crues et pourquoi pas la végétalisation des villes. On ne saurait en effet expier nos péchés climatiques par quelques artifices technologiques. Et, qui sait? A force de flagellations, Gaïa fera preuve de miséricorde pour les pénitents de la terre.