Ces Jeux olympiques resteront comme une victoire française. Incontestable. Inimitable. Et, à bien des égards, indépassable. Il ne s’agit pas, ici, de comparer ces JO de Paris à ceux qui les ont précédés et à ceux qui leur succéderont, en 2028 à Los Angeles. Il s’agit juste de mesurer la distance parcourue par le pays qui, depuis deux semaines, a transformé ces JO en fête sportive et populaire, sans aucuns accrocs majeurs, que ce soit en matière de sécurité, de transport, d’organisation ou d’efficacité logistique. Oui, la France a gagné haut la main son pari olympique.
Ce pari était d’abord celui d’une ville, Paris, transformée en stade. Un pari très lourd de conséquences, avant l’ouverture des Jeux, pour la population de la capitale française et pour ses acteurs économiques. Les contraintes d’organisation, durant les deux mois précédents la cérémonie d’ouverture du 26 juillet, furent à la fois énormes, coûteuses et inédites. Mais le pari de Paris, il faut le reconnaître, a été gagné. Même la Seine, dépolluée in extremis, a été au rendez-vous. Rien à dire de plus, sinon qu’il sera difficile de rivaliser, demain, avec l’écrin représenté par cette ville sans pareil. Un stade au pied de la Tour Eiffel. Un autre devant les Invalides. Un troisième au Grand Palais. Qui pourrait imaginer plus beau décor?
Une fièvre très française
Ce pari avait, pour réussir pleinement, besoin d’une fièvre très française. Sans ferveur tricolore, sans ce public nombreux, souriant, de toutes origines et classes sociales, prêt à vibrer pour ses athlètes et leurs médailles, Paris 2024 n’aurait pas été une telle fête. Or les Français, les Parisiens, les Marseillais, et tous les habitants des villes et sites qui ont accueilli les épreuves, jusqu’à la Polynésie, ont été au rendez-vous. Ce n’était pas gagné malgré l’incontestable succès du passage de la flamme olympique, débarquée le 8 mai dans la cité phocéenne. Il y avait des raisons d’en douter. Et c’est bien pour cela que tout a fonctionné encore mieux qu’anticipé.
L’histoire l’a souvent montré. La France se surpasse quand elle doute. Elle se transforme face aux obstacles présentés comme insurmontables. La leçon de ces JO 2024, dans un contexte politique difficile, est donc que les fractures réelles qui traversent le pays sont tout, sauf impossibles à cicatriser. Il faut juste, pour parvenir à cautériser ces plaies, un objectif et une méthode qui transcendent les différences, avec l’assurance d’une récompense pour tous, sous forme de médailles, de joie de vivre, de spectacle, et de bonheur partagé.
Les JO de Paris 2024 resteront, c’est certain, comme une parenthèse enchantée. C’est tant mieux. Le pays en avait besoin. Il lui faut maintenant en tirer les conséquences. Avec une évidence en forme de motivation: lorsqu’une population est prête à se réunir et à accepter sans ciller des sacrifices pour un événement sportif mondial tiré de l’Antiquité alors qu’elle semble prête à se cabrer à chaque réforme justifiée par une modernité parfois mal comprise et mal acceptée, cela devrait faire réfléchir. Car cela prouve, bien loin du déclin annoncé à tort comme inéluctable, que lorsqu'elle est lucide, volontaire et convaincue, la France peut se réinventer.