Elle enflamme la plus belle ville du monde. Dès la nuit tombée, la vasque et la flamme olympique arrimées à un ballon au-dessus du jardin des Tuileries sont devenues, en une semaine, le rendez-vous photographique le plus prisé du pays. Durant la journée, ils sont des milliers à se presser pour s’en approcher. Puis viennent le soir et l’évocation, avec ce feu suspendu dans les nuages, de l’âge d’or des ballons à air chaud et des montgolfières.
J’ai vu à nouveau monter la vasque olympique enflammée au-dessus de Paris ce vendredi 2 août, alors que la France n’avait pas encore engrangé la nouvelle médaille d’or en judo par équipe, emmenée par l’incontournable Teddy Riner. 41 médailles, dont douze en or, à l’heure d’écrire ces lignes. Cela va finir par ressembler à un chaudron rempli de potion magique. Exactement ce qu’il fallait, dans cette période de doutes et de crise politique, pour redonner de la fierté tricolore au pays d’Astérix.
Une flamme aérienne
Mais revenons sur le symbole de cette flamme aérienne. Car le ciel et l’espace ont toujours été l’un des domaines de l’excellence française. C’est sous le règne de Louis XVI, le 19 septembre 1783, que les frères Montgolfier parviennent, pour la première fois dans l’histoire humaine, à quitter le sol dans une nacelle. Leur ballon mesure 18,47 m de haut sur 13,28 m de large et pèse 400 kg. Leur essai n’a pas lieu à Paris, mais au Château royal de Versailles.
Un siècle plus tard, c’est à Clément Ader que revient, en 1890, le soin de faire décoller l’Éole, cet étrange avion en bois et tissu à l’allure de chauve-souris. La légende de la France aérienne est tracée: Louis Blériot et sa traversée de la Manche en juillet 1909, Jean Mermoz et la légende de l’aéropostale dans les années 30, Antoine de Saint-Exupéry disparu au large de la Corse le 31 juillet 1944 après avoir écrit «Le petit prince». Puis, après-guerre, la fierté aéronautique incarnée par le Concorde et les avions de chasse du groupe Dassault, dont le Rafale auquel la Suisse a préféré le F35…
Besoin de symboles
Le fait que cette flamme plane au-dessus de Paris n’explique bien sûr pas les excellents résultats sportifs obtenus jusque-là par la France aux JO (33 médailles en 2020 à Tokyo, 42 à Rio en 2016, 35 à Londres en 2012). Mais ce choix-là, au moins, ne divise pas. Dans sa vasque, la flamme plaît aux touristes, aux Parisiens, et à tous ceux qui, dans le prolongement de la pyramide du Louvre, cherchent le meilleur angle pour la photographier. Image parfaite.
Les chevaux de Marly, au sommet de l’Arc de triomphe du Carrousel, se détachent devant le ballon d’argent incandescent. La tour Eiffel sert de repères. La place de la Concorde, occupée par les tribunes des JO pour les compétitions de Skateboard, de BMY Free style, de breakdance et de basket à 3, n’est pas en mesure de voler la vedette au feu venu du Péloponnèse et débarqué le 8 mai à Marseille du voilier Le Belem. Et si, dans le ciel de Paris, la flamme olympique était la nouvelle potion magique?
Pertinente ou pas, cette chronique? richard.werly@ringier.ch