Des Jeux très gaulois – Une chronique de Richard Werly
Comment Céline Dion et Aya Nakamura ont (provisoirement) sauvé Macron

Les deux chanteuses ont littéralement dominé la cérémonie d'ouverture des JO 2024. Sans leur présence, et sans l'effet de surprise qui allait avec, la soirée, vue du monde, aurait pu être bien différente.
Publié: 28.07.2024 à 14:20 heures
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Dernière mise à jour: 29.07.2024 à 16:40 heures
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La chanteuse franco-malienne Aya Nakamura fait le salut militaire devant la Garde Républicaine. Bien joué!
Photo: IMAGO/Bestimage
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Richard WerlyJournaliste Blick

Merci Aya! Merci Céline! Je me demande, deux jours après la cérémonie d’ouverture saluée (et commentée) à travers le monde, si Emmanuel Macron se rend compte de ce que ces deux chanteuses ont fait pour lui.

Le président français mise, évidemment, sur l’effet Olympique pour sortir de la crise politique dans laquelle le pays est plongé depuis sa dissolution de l’Assemblée nationale. Or à elles deux, Aya la franco-malienne et Céline la Québécoise ont apporté en chanson, sous la pluie, le remède à la morosité ambiante. Aya en clôturant sa prestation, dans sa combinaison de paillettes dorées, par un salut tout militaire et patriote devant la Garde Républicaine. Céline en redonnant tout son éclat à «L’hymne à l’amour», au premier étage de la Tour Eiffel, vraie reine de la soirée.

J’écris cela parce que sans ces deux artistes, tout aurait sans doute été bien différent. Aya Nakamura, qui fut la chanteuse française la plus écoutée dans le monde, était depuis des mois attendue au tournant, vilipendée par la droite réactionnaire, contestée pour son incapacité à représenter la France. Céline Dion, star internationale tenue à l’écart de la scène par sa maladie et ses tourments familiaux, était un choix à la fois nostalgique et risqué. Confier la clôture de la cérémonie sur la Seine à l’interprète inoubliable de la bande-son du film «Titanic», n’était-ce pas une autoroute vers le naufrage?

Sur la Seine et malgré la pluie

Or Aya et Céline ont embarqué le monde à bord, sur la Seine et malgré la pluie. L’on pourra toujours, et c’est le cas si l’on regarde les réseaux sociaux, débattre de la beauté – ou non – de la mise en scène de la cérémonie signée Thomas Jolly. L’on pourra aussi – comme on l’a fait dans les notes décernées par Blick – s’interroger sur certains choix artistiques, comme la séquence avec la tête décapitée de Marie-Antoinette, ou celle de Dyonisos, alias Philippe Katerine.

Mais sur Aya et Céline, rien. Impossible de critiquer tant les deux ont crevé l’écran. Lady Gaga avait chauffé l’assistance avec son «truc en plumes». Aya Nakamura, sur la passerelle des Arts qui fait face à l’Académie française, a envoyé au monde le message d’une France fière de ce qu’elle est. Céline Dion, au premier étage de la Tour Eiffel, a confirmé que Paris reste la capitale mondiale de l’amour.

Pari raté

Emmanuel Macron peut respirer. Il a, grâce à ses deux séquences, les images qui marqueront sa fin de présidence, car celle-ci est bel et bien en train de s’achever. Le Chef de l’État a raté son pari lorsqu’il a demandé aux Français de lui refaire confiance avec les élections législatives anticipées. Il n’a, en main, aucune solution satisfaisante pour redonner au pays l’élan dont il a besoin, et obtenir l’unité qu’il réclame en vain, mais qu’il incarne si peu. Alors, que faire? Le locataire de l’Élysée sait que la trêve olympique est un mythe. Il lui reste à espérer que le nombre de médailles tricolores rendra le pays fier. Entre-temps, l’affaire est conclue. Les paroles de «Oh Djadja» résonnent comme un miroir:

«Tu cherches des problèmes sans faire exprès
Putain mais tu déconnes
C’est pas comme ça qu’on fait les choses
Putain mais tu déconnes
C’est pas comme ça qu’on fait les choses»

Réagissez à «La France est une fête» : richard.werly@ringier.ch

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