Je sais, je l’admets: le verrouillage du centre de Paris, son cadenassage depuis au moins dix jours pour des raisons de sécurité m’a rendu la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques très difficile à digérer. Et croyez-moi, je ne suis pas le seul!
Répétons-le avant toute chose: La manière dont cette cérémonie à grand spectacle sur la Seine – conçue avant tout pour le milliard de téléspectateurs et pour les sponsors privés de l’olympisme – a défiguré Paris et gâché la saison touristique pour des milliers de commerçants est juste très problématique. Pas question donc d’oublier mes critiques: un gouvernement qui impose de la sorte sa volonté, au mépris des habitants de la capitale et de ceux qui la font vivre, ferait mieux de s’interroger sur les colères qu’il suscite, et sur le rejet ambiant, en France, des élites bureaucratico-parisiennes.
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Arrêtons les récriminations
Mais arrêtons là ces récriminations. Alors que des «sabotages» en série des TGV (pour reprendre l’expression de la SNCF) perturbent l’arrivée à Paris de nombreux spectateurs et empêchent les vacanciers de quitter la capitale française, le moment est venu de dire ce que ces Jeux olympiques peuvent apporter à la France. Et ce que le passage de la flamme, partout salué par des foules souriantes et volontaires, a déjà apporté. Vitrine mondiale, fête sportive et humaine, compétition supposée fraternelle, ces JO 2024 peuvent offrir à la République ce qui lui manque tellement ces temps-ci: l’envie de gagner ensemble, une joie populaire illustrée par la liesse constatée sur le parcours de la flamme, et une cérémonie historique, artistique et sportive dont le pays pourra être fier.
C’est à la France, maintenant, de se montrer à la hauteur. Et pas seulement à force de prouesses sur la Seine, au fil du défilé fluvial des 176 péniches qui aura lieu ce vendredi. Ce que le monde attend du pays organisateur de des Jeux olympiques et paralympiques 2024 est un état d’esprit, une ouverture, une capacité à faire front ensemble et à témoigner d’une ferveur à la hauteur de l’influence qu’il entend continuer d’exercer en Europe et dans le monde.
L’histoire comme référence
L’historien et Académicien français Pascal Ory l’explique très bien dans sa série exclusive écrite pour Blick sur l’olympisme «à la française»: le fondateur des Jeux modernes Pierre de Coubertin a, dès les jeux d’Athènes de 1896, conjugué le sport et la politique. Cela fut particulièrement vrai en 1900, à Paris, en pleine exposition universelle, puis de nouveau sur les bords de la Seine en 1924, il y a un siècle. Coubertin ne voulait pas qu’une France sportive. Il voulait une France emblématique, porte-drapeau des sociétés modernes et avocate d’un pacifisme et d'un intenationalisme revendiqué, après la tragédie de la Première Guerre mondiale.
La France olympique doit être la France qu’on aime, parce que c’est ainsi – pour paraphraser le Général de Gaulle – qu’elle sera la France et restera grande dans nos cœurs, écoutée dans le contexte international difficile que l’on connaît. Il ne s’agit pas d’une quelconque «trêve olympique», que les responsables politiques devraient respecter de force. Il s’agit, pour ce pays fracturé présidé par un chef de l’État brillant et audacieux, mais contesté et en difficulté, de démontrer au monde qu'il est pleinement capable d’honorer avec brio le rendez-vous qu’il s'est lui-même fixé. Allons enfants de la patrie olympique !