Le choc. Et la menace de chaos dans les gares et les aéroports (celui de Bâle-Mulhouse a été évacué). Dès l’annonce des sabotages simultanés de plusieurs voies ferroviaires à grande vitesse en début de matinée ce vendredi 26 juillet, la France s’est mise en mode inquiétude.
Le Premier ministre (en affaires courantes) Gabriel Attal a ensuite confirmé la menace, affirmant que ces sabotages avaient «un objectif clair: bloquer le réseau ferroviaire à grande vitesse.» Il a précisé que les vandales avaient stratégiquement ciblé les principaux itinéraires du nord, de l'est et de l'ouest en direction de Paris, quelques heures avant que la ville n'accueille la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques.
Quid du bon déroulement de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, à partir de 19h30? Risque-t-on de voir se multiplier les incidents sécuritaires durant la compétition? Le risque d’une offensive anti JO est réel. Voici pourquoi.
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La SNCF a bien été victime d’un attentat
Le mot «sabotage» est désormais employé par la direction des chemins de fer français. On peut tout aussi bien parler «d’attentat» car il s’agit, toujours selon la SNCF, de «plusieurs actes de malveillance concomitants». Dans le détail, cinq dégradations ou tentatives de dégradations sur le réseau SNCF ont eu lieu entre 1 heure et 5h30 du matin, ciblant des boîtiers électriques ou de signalisation. Les lignes TGV touchées (Atlantique, Nord et Est) sont parmi les plus fréquentées à cette période de l’année.
Il est évident que des milliers de passagers devaient prendre ces trains pour se rendre à Paris et participer à la cérémonie d’ouverture qui accueillera, sur six kilomètres le long de la Seine, près de 400'000 spectateurs. Qui peut avoir intérêt à saboter ces voies de chemins de fer une telle journée? La méthodologie, à savoir des incendies criminels visant des concentrations de câbles électriques, prouvent que les responsables de ces actes étaient très bien renseignés. Ce qui entraîne logiquement une autre question: d’autres sabotages sont-ils prévus et, quelle sera leur ampleur? «Il s'agit d'une attaque préméditée, calculée et coordonnée qui témoigne d'une volonté de nuire gravement au peuple français» a déclaré le patron de la SNCF.
La France face aux menaces intérieures et extérieures
L’inquiétude des forces de sécurité, après les sabotages des voies à grande vitesse, vient du fait que leur origine n’est peut-être pas celle qui vient immédiatement en tête. Lorsqu’il s’agit de pannes informatiques, ou de hacking, les regards se tournent toujours vers la Russie. Le 25 juillet, c’est-à-dire à la veille de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Paris, le Sénat vient de rendre public un épais rapport sur les «influences étrangères malveillantes» dans lequel les parlementaires détaillent la «néoguerre froide» qui oppose en ce moment la France à des puissances ennemies. De l'aveu même du ministre de l'Intérieur (en affaires courantes) Gérald Darmanin, environ 160 mesures d'assignation à résidence ont été prononcées pour la durée des JO, et prés de 250 «actions malveillantes» qui ciblaient les Jeux ont déjà été déjouées. jeudi 25 juillet, sept interpellations avaient eu lieu en Belgique. Tous les individus appréhendés sont soupçonnés de participation aux activités d’un groupe terroriste, de financement de terrorisme et de préparation d’attentat terroriste.
Gare toutefois aux autres menaces, intérieures cette fois: les groupes écologistes radicaux, très remontés contre Emmanuel Macron, sont pointés du doigt. Les incidents ferroviaires étaient par exemple la marque du groupe de Tarnac, une nébuleuse d’ultragauche dont les membres furent accusés d’avoir saboté une ligne de train en 2008. Ils ont été relaxés à l’issue de leur procès. Des éléments syndicalistes radicaux, en lutte ouverte contre l'éxécutif sont aussi ciblés.
Une cérémonie qui prend tous les risques
Un chiffre parle de lui-même: 45'000 policiers et gendarmes sont mobilisés pour quadriller Paris lors de la cérémonie d’ouverture qui démarrera à 19h30 ce vendredi 26 juillet. 10'000 soldats s’y ajoutent, plus la police municipale parisienne et les milliers de vigiles employés sur les sites des compétitions. Le préfet de police de Paris Laurent Nunez, coordonnateur de la sécurité, l’a encore répété ce vendredi sur la radio France Info: aucune autre cérémonie n’a mobilisé autant de forces de l’ordre.
Or cette vulnérabilité ne s’interrompra pas lorsque la dernière péniche remplie d’athlètes (celle de la délégation française en 176e position) aura terminé son voyage fluvial à hauteur du Trocadéro, au pied de la Tour Eiffel. Plusieurs sites de compétition sont en plein Paris: Invalides, Tour Eiffel, place de la Concorde… Des incidents de fonctionnement sont maintenant redoutés dans le métro et les transports urbains.
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Ce qui s’est passé peut se répéter
Environ 800'000 voyageurs sont concernés par les perturbations des TGV ce vendredi. Les lignes sud-est qui desservent Lausanne et Genève sont à priori épargnées, suite à l’intervention nocturne des agents de la SNCF. L'aéroport de Bâle-Mulhouse a en revanche été évacué. Le problème est que ces types de sabotage sont très difficiles à déjouer.
«Tous les éléments qu’on a montrent bien que c’est volontaire […], notamment la notion de concomitance des temps qui est plus que suspecte» a assuré le ministre des Transports lors d’un point presse. «On peut penser que l’attaque a été préméditée, calculée, convenue […] puisque l’endroit où ces incendies ont été provoqués correspond à des bifurcations» a renchéri le patron des chemins de fer français. Les grands chassés-croisés des passagers durant l’été rendent le réseau ferré très vulnérable.