Il fallait bien une polémique amoureuse. Céline Dion le sait bien, elle qui a enchanté plus d’un milliard de téléspectateurs en reprenant «l’hymne à l’amour» d’Édith Piaf depuis le premier étage de la tour Eiffel, à l’issue de la cérémonie d’ouverture des JO: Paris fera toujours battre le cœur des prétendants. Or voilà qu’une photo, depuis le soir du 26 juillet, alimente un buzz sentimental mondialisé. Il s’agit du cliché d’une étreinte. Ou plutôt d’une accolade: celle qui a rapproché, dans l’émotion de la cérémonie, Emmanuel Macron et la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra.
Vous allez me dire que vous avez bien vu passer ces tweets, Instagram et autres vidéos TikTok sur ces quelques secondes de joie présidentielle et ministérielle. Normal: elles ont fait le «buzz» sur les réseaux sociaux, chacun accompagnant son image d’un commentaire. Zoom sur la position de la main de la ministre, condisciple d’Emmanuel Macron à l’École nationale d’administration, lors tous deux bataillaient pour leurs diplômes au sein de la promotion Léopold Sédar Senghor (2002-2004).
Le talent du séducteur
Zoom sur la chevelure légèrement décoiffée du président, dont on connaît le talent de séducteur. Zoom aussi, sur le regard un peu interloqué du président du CIO, l’austère escrimeur allemand (champion olympique par équipe en 1976) Thomas Bach. Et Brigitte Macron, l’épouse du locataire de l’Élysée, qui était pourtant à ses côtés tout au long de la soirée? Disparue. La photo en question ne la montre pas. Tout un programme.
Et puis il y a ce que le buzz ne dit pas, mais que les observateurs de la vie politique française ont remarqué depuis que cette ministre, ancienne présidente de la Fédération française de tennis et championne sur les courts dans les années 90, est arrivée au gouvernement.
Nous sommes en mai 2022. Elisabeth Borne, austère technocrate présumée socialiste mais plusieurs fois ministre durant le premier quinquennat, veut professionnaliser son équipe exécutive. Exit l’ancienne nageuse Roxana Maracineanu, dont le pedigree olympique (médaille d’argent sur 200 mètres aux JO de Sydney en 2000) justifiait pourtant le recrutement. Place, pour s’occuper du sport et de la préparation des Jeux, à Amélie Oudea-Castera, magistrate à la Cour des comptes habituée à renvoyer les balles en fond de court pour l’assureur AXA, puis à monter au filet pour Carrefour, les deux entreprises dont elle fut cadre dirigeant, avant de diriger la FFT.
Étreinte olympique
L’histoire cachée de l’étreinte olympique serait-elle là? Amélie Oudéa-Castera, épouse de l’ancien président de la Société générale, sait de longue date qu’elle est la favorite du président. Les surnoms qui circulent à son propos, empruntés aux favorites des grands monarques français, ne laissent guère de doute à ce sujet.
Qui d’autre, sinon, aurait pu survivre au fiasco de sa nomination, en janvier 2024, comme ministre de l’Éducation par Gabriel Attal? A peine nommée, l’intéressée se retrouve prise au piège des établissements scolaires privés fréquentés par ses enfants. Supposée être la défenseure de l’enseignement public, elle n’a d’yeux, comme mère de famille, que pour les établissements privés les plus sélects de la capitale. Fin de l’histoire. Sa démission semble certaine.
Mais non. Amélie reste en place. Ministre des JO avant le gouvernement Attal, la voici reconfirmée dans son poste précédent, qu’elle confirme quelques semaines plus tard en grillant la politesse fluviale à la maire de Paris Anne Hidalgo. Cette dernière tenait à être la première à se baigner dans la Seine redevenue nageable, après un milliard d’euros d’investissements dans sa dépollution. Raté: le 13 juillet, c’est Amélie Oudéa-Castera qui se baigne, en combinaison intégrale elle aussi. Les deux femmes, depuis, ne se parlent plus si l’on en croit la presse.
Macron à Brégançon
L’histoire ne dit pas si Emmanuel Macron aurait aimé plonger dans la Seine aux côtés de sa ministre. Ou s’il va maintenant le refaire, après la fin des Jeux. L’on sait, en tout cas, que lui et son épouse ont pris sans tarder le chemin des vacances au Fort de Brégançon, dans le Var. Pas de première semaine olympique pour le président privé d’assister en personne aux performances du nageur Léon Marchand, qu’il s’est contenté de féliciter sur X. Pour éviter que, dans la tribune d’honneur, sa ministre ne l’étreigne à nouveau devant les objectifs?