Des Jeux très gaulois
Une cérémonie satanique sur la Seine: c'est bien cela que le monde a vu?

Je ne voulais pas reparler de la cérémonie d'ouverture des JO. Mais les messages se sont mis à pleuvoir. Avec une accusation qui fait peur et mérite d'être débattue: et s'il s'agissait d'une cérémonie satanique?
Publié: 29.07.2024 à 16:55 heures
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Dernière mise à jour: 29.07.2024 à 17:21 heures
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Une statue du Dieu grec Dionysos. C'est lui qui était incarné, durant la cérémonie, par le chanteur Philippe Katerine.
Photo: Shutterstock
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Richard WerlyJournaliste Blick

Satanique: le mot est jeté. Comme un pavé parisien dans le lac du bonheur olympique. Je sais, je ne devrais peut-être pas relayer ces accusations. Tous ceux qui ont adoré la cérémonie d’ouverture des JO sur la Seine, mise en scène par Thomas Jolly, vont m’accuser de rétropédaler et de donner trop d’importance aux «grincheux réactionnaires» qui, depuis samedi soir, sont vent debout contre le réalisateur amateur de dieux grecs et de drag-queens. Et bien tant pis: j’ai reçu trop de messages après avoir noté la cérémonie dans Blick pour ne pas m’emparer du sujet.

Satanique: vous imaginez ce que cela veut dire. L’œuvre de Satan, du diable, du malin. Nous voilà replongés presque au Moyen Âge, dans l’antre des forces du mal. Le raisonnement est simple: la France, pays révolutionnaire et laïque, est tombée dans les bras de Satan qui en a fait son instrument pour détruire les religions et les Dieux. «J’ai détesté la très satanique cérémonie d’ouverture! Les JO et le comité d’organisation de Paris devraient avoir honte… Mais c’est trop demander», m’a écrit, dès dimanche, une amie Indonésienne, protestante des Célèbes, dont le père fut recteur de l’université «De la Salle» à Manado.

Satan et la République

«C’est Satan qui habite votre République», m’a asséné, comme une gifle, un jeune écrivain américain croyant de Missoula, dans le Montana. J’avoue que je suis tombé de ma chaise. J’ai reçu des messages similaires de Thaïlande, monarchie asiatique et touristique où la tête décapitée de Marie-Antoinette a du mal à passer. Il reste une trentaine de monarchies dans le monde. Cette cérémonie avait-elle valeur d'avertissement?

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Satanique: ce mot me fait plus peur que d’autres. On peut ne pas avoir aimé l’apparition du chanteur Philippe Katerine en Dionysos, le dieu grec des libations et du vin. On peut, à la limite, s’être senti «profondément blessé» comme l’évêque des JO, par une désagréable et déplacée caricature de la Cène, le dernier repas de Jésus-Christ (ce que le réalisateur et le CIO ont démenti). Mais satanique, cela va beaucoup plus loin.

C’est pour avoir qualifié ainsi le drapeau tricolore qu’un Imam du Gard, Mahjoub Mahjoubi, a été déporté en février en Tunisie. Et c’est ainsi que tant de créateurs et de scientifiques, jadis, furent accusés, discrédités, torturés et souvent tués. Etre accusé de satanisme, dans l'histoire, a souvent été la dernière marche avant l'excommunication et la peine de mort.

La preuve d’une grande liberté

Alors non, cette cérémonie n’était pas «satanique»! Elle faisait juste preuve d’une liberté qui peut déconcerter, voire choquer, voire exaspérer. Peut-être – et c’est un juste sujet de réflexion – a-t-elle trop oublié de célébrer les valeurs olympiques et les athlètes, dont les bateaux sous la pluie sont presque passés inaperçus? Mais revenons d'urgence aux mots justes et à la raison, celle que le philosophe René Descartes (1596-1650) décrivait ainsi: «La raison est la seule chose qui nous rend hommes. Car ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien.»

Réagissez à cette chronique: richard.werly@ringier.ch

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