Vous pensiez que la politique avait déserté le terrain parisien des JO? Oubliée Lucie Castets, la candidate de la gauche unie (le Nouveau Front Populaire) pour le poste de Premier ministre toujours occupé par le démissionnaire Gabriel Attal? Bref, vous pensiez naïvement, avouez-le, que la «trêve olympique» souhaitée par Emmanuel Macron commençait à devenir réalité, avec un président exilé au Fort de Brégançon. Eh bien erreur: dans les coulisses des Jeux, les autres jeux – ceux du pouvoir – continuent de battre discrètement leur plein.
Un mot d’abord sur la championne du NFP, le Nouveau Front Populaire. Descendue dans l’arène le 23 juillet, une heure avant la première intervention télévisée d’Emmanuel Macron depuis le second tour des législatives anticipées, Lucie Castets, 37 ans, a le mérite de la ténacité. Le président français l’a carrément snobée, oubliée, ignorée lorsqu’il a pris la parole pour justifier ses choix? Pas de problème. Lucie rame.
Aviron et marathon
Entre l’aviron et le marathon, la directrice des finances de la mairie de Paris plante son drapeau dès qu’elle le peut pour dire qu’elle est incontournable comme future cheffe du gouvernement. On l’a même vu chez Duralex, la fameuse entreprise de verrerie dont le tribunal de commerce d’Orléans a, ce 26 juillet, accepté la transformation en coopérative pour éviter la faillite programmée. Au judo politique, cette haute-fonctionnaire spécialiste des finances publiques ne veut pas quitter comme ça le tatami.
Le problème pour Lucie Castets est qu’un autre champion tricolore se voit déjà en Teddy Riner du judo élyséen. Xavier Bertrand, 59 ans, est désormais sans cesse cité comme le recours. Le président de la région «Hauts de France» a, il est vrai, quelques médailles à son palmarès.
Assez de droite
Assez de droite (il a même été candidat à la présidentielle pour «Les Républicains») pour se concilier le camp conservateur à l’Assemblée, l’homme est suffisamment centriste et social pour débaucher d’éventuels talents de gauche, issus de la société civile. Il a été ministre du Travail. Il a pour livre de chevet «Les deux clans» l’essai du britannique David Goodhart qui raconte la fracture entre les «enracinés» et les nomades de nos sociétés occidentales. Il n’a jamais ménagé Macron, tout en gardant la porte ouverte. Il a toujours battu le Rassemblement national pour la présidence de sa région.
Xavier Bertrand est le champion politicolympique dont Macron a tant besoin. Une sorte de François Bayrou en plus jeune. Assureur de métier, l’ancien maire de Saint-Quentin (Aisne), sait quels sont les risques négociables, et ceux que vous ne pourrez jamais couvrir. Pas question, lui, de s’engager dans un marathon épuisant dont il ne connaîtrait pas la ligne d’arrivée. Xavier Bertrand est plutôt un coureur de demi-fond, genre 800 mètres. Une distance où beaucoup se joue dans le premier virage, lorsque les coureurs se placent les uns derrière les autres. C’est donc ce virage-là que Bertrand attend.