Contre la réforme des retraites
Les syndicats français sont prêts à «mettre la France à l'arrêt»

Ce samedi sonne la quatrième journée de mobilisation contre la réforme des retraites en France. S'ils ne sont pas entendus par l'exécutif, les syndicats se disent prêts à «mettre le pays à l'arrêt» le 7 mars.
Publié: 11.02.2023 à 14:53 heures
Des dirigeants syndicaux, dont le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez (au centre), tiennent une banderole à Paris samedi lors d'une nouvelle manifestation contre le projet de repousser l'âge de la retraite en France.
Photo: Lewis Joly

Les syndicats espèrent mobiliser très fortement samedi, à l'occasion de la quatrième journée d'action contre la réforme des retraites. Ils espèrent se faire entendre de l'exécutif, faute de quoi ils se disent prêts à «mettre la France à l'arrêt» le 7 mars.

Une fois de plus, les leaders des huit principaux syndicats se sont affiché unis, en tête du cortège parisien qui s'est élancé peu après 13h, de la place de la République vers celle de la Nation, toujours derrière la même banderole: «Réforme des retraites: travailler plus longtemps, c'est non!»

«Durcir le mouvement»

Un peu plus tôt lors d'une conférence de presse, ils se sont dits prêts «à durcir le mouvement» et à «mettre le pays à l'arrêt le 7 mars» si le gouvernement et le Parlement «restent sourds» aux mobilisations.

Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a de nouveau pointé du doigt une «forme de folie démocratique du gouvernement à ignorer ce qui se passe», tandis que son homologue de la CGT Philippe Martinez a souligné que «la balle (était) dans le camp» de l'exécutif.

Les syndicats, qui ont confirmé leur appel à un cinquième acte le 16 février, misent sur une forte mobilisation samedi, Philippe Martinez notant «déjà beaucoup de monde» dans la rue.

Pour cette première mobilisation un samedi, les défilés matinaux ont rassemblé au moins 6000 personnes à Nancy, 5600 à Nice et 2000 à Mende, selon les autorités.

A Clermont-Ferrand, où ils étaient aussi des milliers, Christophe Meunier, 58 ans, chauffeur, a expliqué ne pas pouvoir venir en semaine: «L'entreprise a besoin de moi. Je suis venu parce que il y en a ras le bol, c'est toujours les mêmes qui paient».

Plus de «100'000 manifestants» à Toulouse

A Toulouse, la CGT a revendiqué un nombre record de «plus de 100'000 manifestants». Parmi eux, Benjamin Grau, agriculteur de 41 ans, a dit souhaiter «qu'aujourd'hui il y ait encore plus de monde dans la rue et que le gouvernement réfléchisse un peu à deux fois avant de passer en force».

«Dépasser le million de manifestants, ça serait un beau succès», a estimé M. Berger. De source policière, on s'attend à une participation comprise entre 600'000 et 800'000 personnes, dont 90'000 à 120'000 à Paris. Pour encadrer ces foules, 10'000 policiers et gendarmes sont mobilisés, dont 4500 dans la capitale.

Les trois premières journées d'action ont réuni entre 757'000 et 1,27 million de personnes selon les autorités (entre près de deux millions et plus de 2,5 millions selon l'intersyndicale), sans infléchir l'exécutif, qui tient bon sur la mesure-phare de la réforme, le recul de l'âge légal de départ à 64 ans.

Depuis Bruxelles, où il participait à un sommet européen, le président de la République Emmanuel Macron a semblé regarder ailleurs jeudi: «Je souhaite d'abord que le travail puisse se poursuivre au Parlement», car «c'est ainsi que la démocratie doit fonctionner», a-t-il dit, avant d'inviter les syndicats à organiser la contestation «dans le calme» et sans «bloquer la vie du reste du pays».

Désespérance sociale?

Les syndicats soulignent au contraire le risque d'une radicalisation de la base, et aussi d'une forme de «désespérance sociale» qui se traduise par un vote d'extrême droite dans les urnes.

Inquiétude partagée par le président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui a redouté sur France Inter «un divorce encore plus prononcé, à l'issue de cette réforme, entre les Français et ceux qui nous gouvernent».

A gauche, la députée LFI Raquel Garrido s'est raccrochée sur RMC à l'espoir suscité par une «mobilisation historique». Une heureuse «surprise» pour le patron du parti socialiste, Olivier Faure, présent dans la manifestation parisienne où il a souhaité «que chaque article soit décrypté» lors de l'examen du texte à l'Assemblée.

Mais l'article 7, qui porte la mesure d'âge, pourra-t-il faire l'objet d'un vote, comme l'ont réclamé les syndicats samedi ? Rien n'est moins sûr, alors que les députés de la Nupes ont déposé des milliers d'amendements, débattus dans une ambiance tumultueuse.

Outre la journée du 16 février - où les leaders de l'intersyndicale ont prévu de manifester ensemble à Albi - et le point d'orgue du 7 mars, alors que le texte sera arrivé au Sénat, les syndicats préparent aussi des actions pour le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, «pour mettre en évidence l'injustice sociale majeure de cette réforme envers les femmes».

(ATS)

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