En décembre dernier plusieurs pays, dont la Suisse, annonçaient suspendre leur contribution financière à de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Le gouvernement se souciait officiellement des accusations de collusion avec le terrorisme portées par Israël contre l’agence, sans pourtant que la moindre preuve ait été apportée. La Confédération donnait surtout satisfaction à des parlementaires de droite non plus radicaux, mais radicalisés, qui voyaient dans les accusations fantaisistes de l’État hébreu l’occasion de laisser éclater leur haine des Arabes en général et des Palestiniens en particulier. Pour la Suisse, cette contribution s’élevait à 20 millions de francs pour 2024.
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Quelques mois plus tard, alors qu’il est manifeste qu’Israël a menti, la Confédération fait volte-face... Mais à moitié! Elle versera de l’argent, mais seulement 10 millions! Avec cet art du compromis qui confine à la farce, le gouvernement prétend ainsi satisfaire les forces de gauche, qui s’émeuvent à juste titre des conséquences désastreuses de la suspension d’un tel financement à un moment aussi dramatique, mais encore aux nervis de la droite libérale, en leur montrant qu’il a le sens des économies, de la gestion de la dépense publique – et qu’il n’est pas trop solidaire de ces familles noircies de cambouis et de ces enfants mutilés qui, au dire de certains, l’ont quand même un peu cherché.
Soutien de plus en plus affirmé à Israël?
Alors que les agences internationales et des experts indépendant alertent depuis des mois sur le risque de famine et de désastre sanitaire, alors que le nombre de victimes palestiniennes s’élève à plus de 30'000 hommes, femmes et enfants (en plus des dizaines de milliers de mutilés), alors que l’armée israélienne étend son offensive sur Rafah, où vivent 1,5 million de personnes déplacées, la Confédération devrait augmenter significativement son aide dans tous les domaines… Or, elle ne le fait pas. Elle tergiverse. Elle atermoie.
Ces atermoiements ressemblent de plus en plus à un soutien clair au gouvernement israélien. En avril dernier, la Suisse s’est illustrée en s’abstenant sur un vote à l’Assemblée générale de l’ONU de la reconnaissance de la Palestine en tant qu’État membre. Or, cette position à rebours des autres nations date d’avant le 7 octobre, d’avant les accusations fantaisistes contre l’UNRWA, avant les tweets échevelés de Philippe Nantermod, quand en début 2022 la Suisse annonçait ne plus soutenir l’initiative de Genève et «redéfinir sa stratégie au Moyen-Orient», manière polie de dire qu’elle épousait de plus en plus nettement les vues israéliennes en matière de colonisation et de dénégation de l’identité palestinienne. En d’autres termes, la politique suisse s’aligne de plus en plus nettement sur l’extrême-droite israélienne. Une véritable dérive.