Chaque jour, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Jusqu’au résultat du second tour des législatives le 7 juillet. Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
A la «une» à la veille du premier tour: Marc Ferraci, le copain de Macron, sera-t-il réélu en Suisse?
La Suisse, circonscription VIP
Environ 150'000 électeurs ont reçu, mardi 25 juin, l’invitation à voter électroniquement pour les candidats aux législatives dans la 6e circonscription des Français établis hors de France. Une circonscription unique en son genre, puisque ses limites géographiques sont celles de la Confédération, plus le Liechtenstein voisin.
Il sera bien sûr possible aussi, pour ceux qui le désirent, de voter «à l’urne» ce dimanche 30 juin, de 8 heures à 18 heures. Trois bureaux seront ouverts en Suisse romande: à Palexpo pour le canton de Genève, au centre de Congrès de Beaulieu pour le canton de Vaud et au Forum Fribourg.
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017, la Suisse est dans le viseur de l’Élysée. La vague macroniste avait alors envoyé à l’Assemblée nationale le turbulent Joachim Son-Forget, qui démissionna ensuite de La République en marche. Le président français a ensuite réservé cette circonscription à l’un de ses amis les plus proches, témoin de son mariage: Marc Ferracci, élu en juin 2022 avec 65% des voix.
Marc Ferracci, Adieu Jupiter
Le député sortant des Français de Suisse et du Liechtenstein devrait être l’un des survivants du camp présidentiel. Mieux: il pourrait être confortablement élu, au moment où la France entière redoute la vague nationale populiste.
Emmanuel Macron, l’un de ses amis les plus proches, reste en effet crédité d’une très bonne image dans le pays où le président Français s’est rendu en visite d’État les 15 et 16 novembre 2023. Difficile en revanche pour ce parlementaire très actif sur la réforme des retraites, et rapporteur de la réforme de l’assurance chômage, de miser cette fois sur ses liens avec l’Élysée.
Cet expert en relations sociales disposera en effet d’une marge de manœuvre bien plus réduite pour plaider les dossiers helvétiques en cas de victoire du Rassemblement national et de gouvernement de cohabitation. Adieu Jupiter? Pas encore, mais presque…
Deborah Merceron, pas d’effet Jordan
De Déborah Merceron, on ne connaît pas grand-chose. Son âge, 26 ans. Sa profession, chargée de formation. Et son ascendance, «une fille de militaire, élevée dans l’amour de la France, de sa culture et de ses traditions.» Mais, les récents événements survenus cette semaine à Genève et à Lausanne auront peut-être servi à mettre un coup de projecteur sur la campagne de la candidate du Rassemblement national (RN) pour la sixième circonscription aux élections législatives françaises.
Mercredi soir, la candidate tenait une réunion dans un café genevois. Jusqu’à ce que des militants antifascistes s’en mêlent et scandent: «Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos!» La jeune femme a dû interrompre la séance et même être «exfiltrée» en taxi. Et le meeting prévu le lendemain à Lausanne d’être, également, annulé.
Pas sûr que ces incidents lui fassent gagner suffisamment de voix pour faire de l’ombre à ses adversaires. Peut-être des followers?
Halima Delimi, quel front populaire?
Mercredi dernier, sur le plateau de la RTS, la socialiste n’a pas hésité à tacler son principal rival, le député sortant de la majorité présidentielle. «Monsieur Ferracci est le meilleur ami d’Emmanuel Macron. Celui qui le représente ici, en Suisse, bien qu’on ne l’ait pas trop vu ces dernières années.» Une manière de rappeler pour la candidate du Nouveau Front populaire, qu’elle est bien implantée à Genève, contrairement à son Parisien d’adversaire.
Celle qui a obtenu sa maturité à Genève en 1993 et qui milite au sein du Parti socialiste de la Ville, présente pour la première fois sa candidature à l’Assemblée nationale. À 48 ans, elle espère l’emporter. Pour séduire, elle réclame de nouveaux droits pour les Français de l’étranger et brandit l’épouvantail de l’extrême droite: «Même si le score du RN semble peu probant dans la circonscription, son résultat reste inédit en Suisse», a-t-elle déclaré dans les colonnes «La Tribune de Genève».
Philippe Tissot, Zemmour à cœur
Comment faire exister une autre droite en Suisse, où le libéralisme d’Emmanuel Macron est crédité d’une volonté de réformes et d’un pragmatisme rejeté par une majeure partie de la population française? Basé dans le Canton de Vaud, Philippe Tissot, consultant en matière de sécurité monétaire, y croit depuis sa première candidature en 2017.
Sa droite est celle d’Éric Zemmour, bien plus acquise à l’entreprise et au capitalisme que celle de Marine Le Pen, dont le programme entraînera à coup sûr une forte augmentation des dépenses publiques. «La France risque de connaître un chaos institutionnel et social à la suite de cette dissolution.
Dans ce chaos, les Français auront besoin d’entendre une voix médiane, celle de l’honneur de la France, celle de la sagesse, de l’équilibre, du respect de la démocratie et de tous les Français» explique cet entrepreneur basé en Suisse depuis 2018. Élu des instances nationales du parti Reconquête, lui au moins n’a pas suivi la voie de Marion Maréchal: celle de la trahison politique.
Cinq autres candidats sont aussi en lice: Olivier Corticchiato (Les Républicains), Marie-Julie Jacquemot (Volt), Arnaud Dorthé (Divers), Céline Von Auw (Equinoxe), Jacques de Causans (Europe Egalité Ecologie) et Michèle Selles Lefranc (Parti radical de gauche).