Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Jusqu’au résultat du second tour des législatives le 7 juillet. Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
A la «une» de ce mardi: Comment Bardella se voit déjà à Matignon
L’alternance commence, la dépense aussi
Sept milliards d’euros pour le RN contre cent milliards pour des experts. Lors de sa conférence de presse ce lundi 24 juin sous le slogan «L’alternance commence», Jordan Bardella a chiffré à sept (petits) milliards son programme économique, marqué par plusieurs promesses: retour de l’âge de départ à la retraite à 60 ans dès l’automne, baisse de la TVA sur l’énergie à 5,5%, hausses des salaires sans charges sociales, suppression des impôts sur les successions à hauteur de 100'000 euros… compensés par la négociation d’un rabais de la contribution française au budget européen, et par le retour d’un impôt sur la fortune.
Plus question de «grand soir» pour le Rassemblement national, mais une priorité donnée aux classes populaires. Un projet de gauche «d’inspiration marxiste» pour le ministre des Finances Bruno Le Maire, que Bardella a renvoyé son but en répétant que l’actuel gouvernement a accumulé 200 milliards d’euros de dette.
Bardella et l’État, opération ralliement
Le candidat du Rassemblement national se voit déjà au poste de Premier ministre. Il reste toutefois protégé par la digue qu’il a lui-même construite: il n’ira à l’Hôtel Matignon que si son parti obtient une majorité absolue de 289 sièges. Mais l’important était ailleurs lundi: dans l’affirmation qu’une cohabitation possible avec le président de la République sera régi par une seule règle «La Constitution, toute la Constitution», et dans l’éloge d’un «Etat fort» dont la haute administration sera la clef de voûte. Obtenir le ralliement de hauts fonctionnaires en grand nombre est un objectif assumé du RN, qui rétablira – s’il gouverne – le statut de la fonction publique préfectorale et le statut du corps diplomatique. Opération séduction.
Macron et les extrêmes, guerre civile
Le contraste ne pouvait pas être plus net. Jordan Bardella s’est présenté lundi en apprenti Premier ministre, respectueux des institutions, en promettant de ne «pas enlever un seul droit» aux Français si le Rassemblement national devait exercer le pouvoir. Emmanuel Macron demeure, à l’inverse, dans le registre de la dramatisation. «La réponse de l’extrême droite en matière d’insécurité, parce qu’elle renvoie les gens ou à une religion ou à une origine, c’est en ça qu’elle divise et qu’elle pousse à la guerre civile», a-t-il justifié dans un podcast.
Et d’ajouter: «En face, La France insoumise propose une forme de communautarisme… un peu électorale mais ça, c’est aussi la guerre civile derrière, parce que c’est d’abord renvoyer des gens exclusivement à leur appartenance ou religieuse ou communautaire.» La conférence de presse de Jordan Bardella, en comparaison, ressemblait à un long fleuve tranquille.
Bardella et l’immigration, référendum
La promesse a été répétée. Si cohabitation il y a entre le Rassemblement national et Emmanuel Macron, un sujet sera d’emblée sur la table: l’organisation d’un référendum sur l’immigration pour entériner les dispositions de lutte contre l’accueil des étrangers dans la constitution, afin de «les soustraire aux juridictions européennes». Le président français le permettra-t-il? La friction avec Bruxelles sera en tout cas à l’ordre du jour puisque d’un gouvernement Bardella demanderait aussi un rabais pour la France dans sa contribution au budget européen.
Mélenchon l’épouvantail, à voir…
Le leader de la France Insoumise est encore loin d’être tué, et d’avoir dit son dernier mot. Au contraire: à tous ceux qui lui demandent de se taire, comme l’ancien président François Hollande (candidat en Corrèze), Jean-Luc Mélenchon répond par sa légitimité électorale acquise lors des deux dernières élections présidentielles, et par sa popularité dans les quartiers. Il ne sera pas Premier ministre? Peut-être. Et encore: il n’a pas formellement retiré sa candidature, ce qui de toute façon n’engage à rien puisqu’aucun sondage ne donne une majorité absolue de sièges au nouveau Front populaire.