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Ils veulent tuer Mélenchon, mais ça ne fera pas gagner le Front populaire

La guerre des gauches est officiellement enterrée en France, du moins pour les élections législatives à venir. Les sociaux-démocrates espèrent même en profiter pour tuer Mélenchon. Problème: le nouveau Front populaire ne gagnera pas pour autant.
Publié: 20.06.2024 à 09:08 heures
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Dernière mise à jour: 23.06.2024 à 08:47 heures
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Tuer Mélenchon, un rêve: le fondateur de «La France insoumise» est loin d'avoir dit son dernier mot.
Photo: DUKAS
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Richard WerlyJournaliste Blick

Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Jusqu’au résultat du second tour des législatives le 7 juillet. Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.

Au menu ce jeudi 20 juin: tuer Mélenchon ne fera pas gagner le nouveau Front populaire.

Tuer Mélenchon, un rêve

Et si Jean-Luc Mélenchon tirait sa révérence à 72 ans? Et s’il renonçait, surtout, à se présenter une nouvelle fois à l’élection présidentielle de mai 2027, que le fondateur de La France insoumise (LFI) a évidemment dans son viseur, même s’il ne s’est pas déclaré candidat, à l’inverse de Marine le Pen?

Au centre-gauche, et dans les rangs des Insoumis les moins dociles comme François Ruffin, Clémentine Autain ou Alexis Corbière (que son parti a refusé d’investir en Seine-Saint-Denis), ces législatives anticipées doivent permettre de passer à l’après-Mélenchon. C’est aussi le rêve du parti socialiste, qui n’en peut plus d’être broyé et humilié par celui qui porta longtemps ses couleurs au Parlement (à l’Assemblée nationale et au Sénat) et fut même ministre de Lionel Jospin (entre 2000 et 2002).

Problème: en bon trotskiste, obsédé par les rapports de force, «Méluche» tient l’appareil de son parti, et il conserve l’argument de son excellent score à la présidentielle de 2022 (arrivé en troisième position avec 21,95% des voix). Cette dissolution ne conduira pas à son élimination.

En résumé: Mélenchon, aussi rassembleur que «bordeliseur» en chef, reste incontournable.

Tuer Mélenchon, un rêve: le fondateur de «La France insoumise» est loin d'avoir dit son dernier mot.
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L’antisémitisme, la plaie


Pour ses détracteurs, surtout au sein de la communauté juive française, le nouveau Front populaire a une tache originelle. Elle vient de LFI et elle est couleur rouge sang, comme ces mains taguées par les jeunes militants de gauche sur les murs, symboles controversés de la lutte pour les droits des Palestiniens et considérées comme une insulte par les pro-israéliens en souvenir du martyre de deux soldats de Tsahal à Ramallah en l’an 2000.

Qu’importe si l’on a découvert que ces mains rouges ont parfois été apposées à Paris par des individus est-européens sans doute payés pour accroître les fractures françaises, sur fond de guerre à Gaza. L’ombre de l’antisémitisme pèse sur La France insoumise, et les accusations répétées de génocide à Gaza formulées par l’égérie de la cause palestinienne Rima Hassan (élue eurodéputée le 9 juin) sont un épouvantail pour de nombreux électeurs du centre-gauche. «Pourquoi Macron ne parle-t-il plus de Gaza? Pourquoi ne fait-il plus rien?, s’est encore interrogé Jean-Luc Mélenchon mercredi 19 juin. Le massacre continue. Les Palestiniens sont exterminés. Le Liban prend feu. La France doit agir et agir encore sans trêve, sans pause». LFI est bien le parti le plus opposé à Israël. C'est pourtant à l'extrême-droite que l'antisémitisme resurgit: deux candidats investis par Éric Ciotti le RN ont été écartés mercredi pour cette raison.

En résumé: Malgré ses démentis, l’antisémitisme présumé de LFI flottera sur les urnes.

L'antisémitisme, la plaie: tant que la guerre continuera à Gaza, des figures controversées comme Rima Hassan continueront d'être au premier plan.
Photo: IMAGO/ABACAPRESS

Le PS, un cadavre

François Hollande est, à 69 ans, de retour dans la bataille électorale dans sa circonscription de Corrèze (Massif central). L’ancien président de la République a donc le courage de redescendre dans l’arène, ce que se garde bien de faire, à droite, son prédécesseur Nicolas Sarkozy. Problème: le parti socialiste que dirigeait jadis François Hollande avant d’accéder à l’Élysée en 2012 est l’ombre de lui-même.

Certes, le PS a obtenu cette fois 175 circonscriptions dans le cadre du nouveau Front populaire, contre 70 aux législatives de juin 2022 avec la NUPES (LFI, le parti de Mélenchon, en a 229). Mais qui peut croire que le PS de 2024 est encore vivant, et capable d’être l’ossature d’une alternative sociale-démocrate malgré le beau succès de sa liste dirigée par Raphaël Glucksmann aux Européennes, avec 14% des suffrages? Tous ses anciens cadres sont partis. L’ancien Premier ministre Manuel Valls roule pour Macron. Et la dispersion de ses élus, après le second tour du 7 juillet, n’est pas à exclure.

En résumé: La gauche a produit une alliance, pas encore une coalition de gouvernement.

Le PS, un cadavre: le retour de François Hollande divise plus qu'il ne rassemble.
Photo: AFP

Front populaire, le mythe

2024-1936: presque un siècle sépare ces deux dates. Avoir baptisé l’union de la gauche et des écologistes pour cette bataille législative «Nouveau Front populaire» est sans conteste une réussite prometteuse. Sur le plan médiatique, ça sonne bien. Mais il n’y a rien de comparable entre cette alliance qui inclut même le Nouveau parti anticapitaliste de Philippe Poutou (le leader de ce groupuscule d’extrême-gauche, candidat en Gironde, affirme sur ses affiches vouloir «désarmer la police») et celle menée par Léon Blum durant l’entre-deux-guerres, que soutenait le très puissant parti communiste, sans prendre part ensuite au gouvernement.

Les avancées sociales du Front populaire, comme les premiers congés payés ou la semaine de 40 heures de travail, ont façonné la France moderne. Il est aussi vrai que la gauche, dans le système majoritaire et présidentiel français (et non proportionnel et parlementaire comme en Suisse) ne peut gagner qu’en étant unie. Restent les faits: 2024 n’est ni 1936, ni 1981, avec l’Union de la gauche autour de François Mitterrand.

En résumé: Si l’histoire est une référence, elle se répète rarement.

Front populaire, le mythe: près d'un siècle sépare 2024 de l'union de la gauche de 1936.
Photo: DUKAS

L’Europe, le grand fossé

Les sondages donnent aujourd’hui environ 28% des voix au Nouveau Front populaire, contre 33% au Rassemblement national. Le premier pourrait atteindre 150 sièges (contre 133 pour la NUPES en 2022) contre 220 pour le RN (contre 88 en 2022). Attention: ces projections ne tiennent pas compte du profil des candidats dans les circonscriptions, du niveau d’abstention et de la mobilisation des électeurs de gauche. Un sujet demeure toutefois problématique, et Emmanuel Macron ne va pas se priver de le répéter: l’Union européenne.

LFI est un parti souverainiste de gauche, et anti-allemand sur de nombreux sujets. LFI veut aussi au plus vite une paix avec la Russie. Alors que Raphaël Glucksmann, lui, est vent debout contre Poutine. Pour gouverner, le Nouveau Front populaire ne doit pas seulement gagner les élections. Il devra en plus décider, ou non, d’entre en collision avec la Commission européenne qui vient d’engager, le 19 juin, une procédure contre la France pour «déficit excessif».

En résumé: Les divergences européennes restent trop fortes à gauche.

L'Ukraine, le grand fossé: Raphaël Glucksmann veut lutter contre Vladimir Poutine, pas La France insoumise.
Photo: AFP
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