Qui est Jordan Bardella? Mais surtout, quelle France représente-t-il, lui l’enfant d’une famille d’immigrés italiens installés en Seine Saint-Denis, le département le plus pauvre de France, au nord de Paris? Il ne suffit pas d’égrener les dates de sa biographie pour le savoir, ni d’aller sur ses pas dans son Lycée Jean-Baptiste de la Salle à Saint-Denis, comme nous l’avons fait. Il faut comprendre le «phénomène Bardella», le décrypter et l’ausculter.
Trois moteurs ont contribué au succès électoral incontestable obtenu par le Rassemblement national et son jeune chef de file, à l’issue des élections européennes du 9 juin en France? Et chacun de ces moteurs politiques et sociaux est décrypté dans ces deux épisodes de notre podcast Helvétix Café. Vous voulez comprendre le pays d’Astérix en version helvétique? Vous avez des questions, vu de Suisse: nous allons y répondre parce que nous avons les mêmes interrogations.
Les trois puissants moteurs électoraux de Bardella sont ceux que nous avons identifiés avec Catherine Schwaab, longtemps éditorialiste à Paris-Match et très bonne connaisseuse de la France, et avec François Garçon, essayiste, spécialiste de la comparaison entre la Confédération et la République.
Une histoire très française
Le premier moteur est qu’il incarne une histoire très française: Jordan Bardella, 28 ans, est le produit d’une intégration sans faille de sa famille venue d’un autre pays européen. Son histoire parle à tous ceux qui ont connu le même parcours, ou qui reprochent aux nouveaux immigrés, majoritairement musulmans, de refuser de l’emprunter. Le second moteur est sa jeunesse et – paradoxalement – son manque d’expérience. C’est le cumul du syndrome «Tiktok» ou Instagram et du «On ne l’a pas encore essayé».
Jordan Bardella a pour tout bagage politique ses cinq années passées au Parlement européen, où il n’a jamais brillé, loin s’en faut. Mais une partie de la jeunesse se reconnaît en lui. Comme on dit en français, il n’a pas les casseroles des autres politiciens, et il a réussi, jusque-là, à cacher les aspects les plus durs de son discours. Il apparaît bien moins «Facho» que la moyenne des cadres de l’ancien Front national, prédécesseur du RN. Rappelons aussi que la jeunesse a été mise au pouvoir par Emmanuel Macron, lui-même âgé de 45 ans après sept années de présidence.
Son côté «Ken»
Le troisième moteur du succès de Jordan Bardella est son côté «Ken», le surnom du compagnon de Barbie. Il est télégénique. Il est le «gendre idéal». Il plaît. Il évite les gaffes. Son succès sur les réseaux sociaux vient aussi de ce côté lisse. Il est autant un «influenceur» qu’un homme politique. Une caractéristique qui sera très vite mise en cause s’il exerce bientôt le pouvoir. Découvrez les secrets de la mécanique Par-delà en écoutant nos podcasts. Helvétix Café, ou le meilleur bistrot suisse de Paris pour entendre parler de la France. Et la comprendre.