Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Jusqu’au résultat du second tour des législatives le 7 juillet. Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
A la «une» à J-7 du premier tour: Gabriel Attal est-il le seul capable de stopper Le Pen (et de sauver Macron)?
Premier tour, le sprint
Avis à ceux qui ne le savent pas encore: cette campagne pour les législatives aura été l’une des plus courtes de l’histoire de France. Trois semaines, soit exactement le minimum de vingt jours prévus par la Constitution en cas de dissolution de l’Assemblée par le président, ce qu’Emmanuel Macron a fait le 9 juin. Il reste donc sept jours avant le premier tour d’un scrutin législatif qui en compte deux.
577 députés seront élus les 30 juin et 7 juillet, à l’issue d’un vote dont les sondages donnent pour le moment des contours trop imprécis. En France, chaque député est élu au scrutin majoritaire dans une circonscription. Il faut obtenir, pour être élu, plus de 50% des suffrages exprimés avec une participation d’au moins 25%. Soit au premier tour, soit à l’issue d’un second tour pour lequel peuvent se qualifier les candidats ayant obtenu au moins 12,5% des électeurs inscrits. Une campagne? Non, un sprint électoral.
Attal-mania, pas simple
Le plus jeune Premier ministre que la France ait connu aura aussi eu le passage le plus bref à la tête du gouvernement. Nommé le 9 janvier par Emmanuel Macron, Gabriel Attal, 35 ans, a de facto cessé ses fonctions le 9 juin, lorsque le président a dissous l’Assemblée, même si son gouvernement reste pour l’heure en place pour gérer les «affaires courantes». Le 23 mai, Gabriel Attal avait été très pugnace et efficace contre Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement National (RN) aux élections européennes. Mais cela n’a pas empêché ce dernier de l’emporter haut la main, avec 31,8% des voix, le double du parti présidentiel.
Comment, dans ce contexte de défaite, susciter une Attal-mania capable de rivaliser avec la Bardella-mania? Attal garde environ 40% d’opinions favorables, ex-aequo avec Bardella. Ils vont de nouveau débattre le 25 juin, avec Manuel Bompard, de La France Insoumise (LFI, gauche radicale). Le Premier ministre, candidat dans sa circonscription de Vanves (banlieue sud de Paris) ne cesse d’appeler à faire barrage aux extrêmes. Mais comment?
Darmanin, sauve-qui-peut
Gérald Darmanin fait-il partie de ceux qui ont suggéré à Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale pour créer, à la surprise générale, un choc électoral? Certains médias l’affirment. Mais le ministre de l’Intérieur, lui, en a surtout tiré une conséquence: sauve-qui peut. Candidat dans sa circonscription de Tourcoing (Nord), la ville dont il a été maire, celui qui rêvait d’être le grand ordonnateur sécuritaire des Jeux Olympiques a déjà annoncé qu’il quittera le gouvernement si le camp présidentiel est battu, ce qui semble très probable. Le dernier sondage IPSOS pour Radio France donne 35,5% au RN et à ses alliés de droite, 29% à l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire et 19,5% à «Ensemble», la coalition pro-Macron.
Bruno le Maire, la vengeance
Attention, ça flingue. Ministre des Finances depuis 2017, rallié de la première heure à Emmanuel Macron, Bruno Le Maire règle ses comptes avec l’entourage présidentiel. «Les parquets des ministères et des palais de la République sont pleins de cloportes. Il y a toujours eu des cloportes, ça fait partie de la vie politique française. Ils sont dans les parquets, dans les rainures des parquets. Il est très difficile de s’en débarrasser» a-t-il déclaré à TV5 Monde. «Le mieux, c’est de ne pas les écouter et de rester à sa place, qu’on soit président, Premier ministre, ministre, et de prendre ses décisions en conscience».
Il faut dire que Le Maire est furieux. Il n’est pas candidat aux législatives, car sa circonscription normande est en passe d’être remportée par le RN. Il est mal placé pour la prochaine présidentielle de 2027, car son bilan économique est plombé par une dette publique record de 3100 milliards d’euros. Alors, il se venge…
Macron, mauvais tempo
La Fête de la musique s’est invitée à l’Elysée pour le premier jour de l’été, vendredi 21 juin. Et Emmanuel Macron en a profité pour reprendre la parole, après avoir mis en garde son camp contre «l’esprit de défaite» «Il y a des extrêmes qu’on ne peut pas laisser passer, a-t-il martelé à propos de la gauche comme de l’extrême droite. Je vous le dis en responsabilité, on ne peut pas l’air de rien les laisser monter en se disant C’est très grave et ça va arriver. C’est maintenant qu’il faut être responsable! Le 9 juin dernier, j’ai pris une décision très grave, très lourde et je peux vous dire qui m’a beaucoup coûté. Non, non, non il ne faut pas avoir très peur». Ah bon?
Le problème est que les députés macronistes sortants cherchent presque tous à prendre leurs distances, et que les estimations (encore hypothétiques) voient leur nombre passer de 250 à 150, au mieux. Mauvais tempo présidentiel? Seule consolation, des prévisions de forte participation électorale, sans doute au-dessus des 65%.