Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Jusqu’au résultat du second tour des législatives le 7 juillet. Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
A la Une ce vendredi 28 juin: Les cinq candidats détestés par Emmanuel Macron
Marine Le Pen, le mépris
La cheffe du Rassemblement national souffre aux yeux d’Emmanuel Macron d’une pathologie bien trop grave pour être soignée: l’incompétence. À chaque fois qu’il le peut, le président français redit qu’il l’a terrassé lors de deux débats télévisés présidentiels, et qu’il pourrait sans difficulté lui faire à nouveau mordre la poussière électorale. Problème: Marine Le Pen préfère désormais la guérilla à la guerre ouverte. C’est à Jordan Bardella, candidat Premier ministre, que reviendra le droit défier Emmanuel Macron si les législatives des 30 juin et 7 juillet accouchent d’une cohabitation.
En estimant, dans un entretien au Télégramme, que le titre de Chef des armées assumé par le président est «honorifique», la députée sortante (de nouveau candidate) de la 11e circonscription du Pas-de-Calais, joue la déstabilisation. Emmanuel Macron la méprise? Que dira-t-il lorsqu’elle sera la cheffe du groupe parlementaire majoritaire, et pourquoi pas la présidente de l’Assemblée nationale, poste alors à sa portée?
François Hollande, la traîtrise
L’ancien président socialiste Français a une autre élection en tête: celle de son lointain prédécesseur Valéry Giscard d’Estaing. Battu par François Mitterrand en 1981, ce dernier choisit, en 1984, de se représenter dans sa circonscription du Puy-de-Dôme (Auvergne). Résultat: une élection au premier tour, avec 64% des suffrages. François Hollande sait donc qu’il a beaucoup à perdre dans la 1re circonscription de Corrèze, où il se présente sous les couleurs du Nouveau Front Populaire.
S’il perd, Emmanuel Macron l’aura en quelque sorte battu deux fois, après lui avoir succédé en 2017, alors qu’il avait renoncé à se présenter pour un second mandat présidentiel. S’il gagne, l’ancien locataire de l’Élysée fera tout ce qu’il peut pour mettre en difficulté celui qui l’a trahi. Macron doit tout à François Hollande, dont il fut le collaborateur. Le revoir sur les bancs de l’Assemblée nationale ne serait guère un réconfort.
François Ruffin, le front de la Somme
Cet homme-là a fait carrière en politique en jouant l’anti-Macron. François Ruffin est le député sortant de la première circonscription de la Somme, qu’il espère conserver pour le Nouveau Front Populaire. On lui prédit un possible avenir présidentiel. Les médias accordent beaucoup d’importance à son divorce désormais public avec Jean-Luc Mélenchon, le fondateur de La France Insoumise qui lui a mis le pied à l’étrier politique. Mais c’est surtout avec Macron que l’ancien journaliste a un compte à régler.
C’est dans ce département de Picardie, à Amiens, que le président français a grandi. C’est là qu’il a rencontré son épouse, lorsqu’il était scolarisé au lycée jésuite La Providence. En 2019, dans son livre «Ce pays que tu ne connais pas» (Ed. les Arènes), Ruffin a cogné comme une brute sur Macron. «Il est président d’un pays qu’il ne connaît pas, et même qu’il méprise. […] Je dirai que ce qui, au final, lui manque, c’est une espèce d’absence d’empathie, de compréhension de l’autre», écrivait-il. Fin de partie?
Laurent Wauquiez, trop brillant
Le président de la région Rhône-Alpes-Auvergne, frontalière de la Suisse, est candidat dans la première circonscription de la Haute-Loire. Pourquoi veut-il redevenir député? Parce qu’il a évidemment 2027 dans le viseur. Laurent Wauquiez rêve de la prochaine élection présidentielle. Il pense que la droite traditionnelle existera encore et pourra jouer un rôle. Il estime qu’un espace existe, en défenseur des valeurs conservatrices, mais en opposant au Rassemblement national.
Pourquoi Emmanuel Macron le déteste? Parce qu’il est trop brillant. Wauquiez est un ancien élève de l’École Normale-Supérieure, à laquelle Emmanuel Macron a échoué par deux fois. Wauquiez a beaucoup trahi, mais il n’en pas (encore) payé le prix. Wauquiez est encore jeune, à 49 ans. Wauquiez connaît le pays réel et la France profonde. Trop brillant, trop enraciné, trop capable. Attention, danger!
Éric Ciotti, l’insupportable
Le Niçois, dont nous avons raconté les pérégrinations politiques dans Blick, est l’un des hommes qui a manqué à Emmanuel Macron. Le président espérait le convaincre de rejoindre un gouvernement de coalition, ou du moins d’accepter de voter certaines réformes clés de son quinquennat. Ciotti était le maillon faible de la droite. Seulement voilà: Éric Ciotti ne veut que deux choses, être élu maire de Nice et devenir ministre de l’Intérieur.
Or Emmanuel Macron empêchait les deux. Il a nommé Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur. Et il est l’ami de l’actuel maire de Nice Christian Estrosi, l’un de ses principaux soutiens dans le sud de la France. Adieu Ciotti, président d’un parti «Les Républicains» que son accord électoral avec le Rassemblement national a fait exploser. Mails il pourrait bien, dans le cadre d’un gouvernement de cohabitation, le retrouver ministre de l’Ordre public! En charge des Jeux olympiques!