Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Jusqu’au résultat du second tour des législatives le 7 juillet. Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
Attal, le coup franc financier
Le Premier ministre Français arrivait un peu en favori à ce premier débat télévisé de la campagne pour les législatives françaises anticipées du 30 juin et 7 juillet. Pourquoi? Parce qu’il connaît bien ses dossiers et parce qu’il est lui aussi une «victime» de la dissolution de l’Assemblée prononcée par Emmanuel Macron, après moins de six mois à la tête du gouvernement. Ses premiers coups francs dans le débat ont donc tous porté sur les réalités du pouvoir et de ses contraintes. Exemple: les propositions du Rassemblement national de diminuer la facture énergétique des Français: «La TVA sur les produits de l’énergie rapporte chaque année 23 milliards d’euros. Jordan Bardella, propose de la passer de 20% à 5,5%. Ça veut dire qu’on divise la TVA par quatre, ça veut dire 6 milliards d’euros de gain», a averti le premier ministre, soit un manque à gagner de 17 milliards d’euros».
En résumé: Le Premier ministre, sonné par la dissolution, est bien dans le match
Bardella, mauvais tacle binational
Il aurait dû réfléchir avant de lancer son tacle. Jordan Bardella avait pourtant préparé le terrain lors de sa conférence de presse de présentation de son programme de gouvernement, lundi 24 juin. Il avait, alors, évoqué la possibilité d’une mise à l’écart des binationaux pour les postes «stratégiques» si le RN accède à la tête du pays. Stratégique, ça veut dire quoi? «Vous voulez mettre un Franco-Russe à la tête d’une centrale nucléaire?» a-t-il précisé cette fois.
3,5 millions de Français ont une autre nationalité. Estimer que cela crée une dépendance ou une vulnérabilité particulière pour certains postes n’est pas, en soi, aberrant. Sauf que Gabriel Attal a bien joué en attaque, en mentionnant Tamara Volokhova, une conseillère du RN dans les instances européennes, qui se trouve, précisément, être Franco-Russe. Manuel Bompard, pour le nouveau Front populaire, a repris le ballon à la volée: pour lui la remise en cause de la «loyauté» des binationaux envers la France est «tout simplement insupportable». Mauvaise passe.
En résumé: Cibler les binationaux, l’erreur tactique
Bompard, le dribble de l’immigrant
Manuel Bompard, ingénieur de formation, a succédé à son mentor Jean-Luc Mélenchon comme député du Vieux Port, le quartier emblématique de Marseille. L’immigration, il connaît. Et il a trouvé la faille pour déjouer les attaques de Jordan Bardella. «Vous savez, il y a 19 millions de Français qui ont un ancêtre étranger. C’est un Français sur quatre», en insistant sur les origines italiennes du dirigeant du RN. «Quand vos ancêtres personnels sont arrivés en France, je crois que vos ancêtres politiques disaient précisément la même chose que ce que vous dites aujourd’hui. Ils disaient que les Italiens ne pouvaient pas s’intégrer en France, ils disaient que les Espagnols ne pouvaient pas s’intégrer […] J’assume de dire que quand une personne arrive en France, on doit l’accueillir». Gabriel Attal a évité le débat. Jordan Bardella a reparlé du Référendum sur l’immigration que le Rassemblement national demandera s’il arrive au gouvernement.
En résumé: La défense de l’immigration profitera-t-elle à la gauche?
Bardella-Attal, tir au but
Ils ont parlé d’argent. Celui que les Français ont dans leurs poches, vidées par l’érosion du pouvoir d’achat selon Jordan Bardella. Et celui que l’État ne pourra pas inventer, selon Gabriel Attal, oublieux de la dette publique creusée sous les sept ans de présidence d’Emmanuel Macron. «Je n’augmenterai pas les impôts et je serai le premier ministre de la paix fiscale» a promis le dirigeant du RN. Et d’ajouter à l’adresse de Manuel Bompard: «Si demain la coalition de gauche remporte les législatives, ce seront les Français qui travaillent qui seront fragilisés à cause du blocage des loyers qui conduira à la raréfaction de l’offre immobilière». Gabriel Attal a remis la balle au centre, en démontant les arguments économiques des deux extrêmes: «Qui paie, dans votre modèle, si on ne paie pas d’impôt jusqu’à 30 ans et on arrête de bosser à 60 ans?» Bonne question.
En résumé: Dépenser reste un axiome français
Attal-Bompard-Bardella: Mêlée sur les retraites
Mêlée devant les buts. Le rugby oratoire a remplacé le football lorsque la question du système de retraite s’est imposée dans le débat. À gauche? Volonté inchangée «d’abroger la réforme» des retraites et «de ramener l’âge de départ à 62 ans», avant de viser 60 ans par la suite. Du côté de Jordan Bardella? «Permettre à ceux qui ont commencé à travailler à 20 ans de partir à la retraite à 60 ans, dès cet automne». «Je fais ce choix parce que je pense que c’est un choix de justice sociale», tout en évoquant une «progressivité qui tournera autour d’un âge pivot de 62 ans et de 42 annuités».
Attal a ressorti sa calculette: «Je ne vais pas faire comme mes contradicteurs ici qui promettent tout avant les élections en espérant d’être élu. Ce serait le plus facile pour moi de promettre plein de choses, d’essayer de faire plaisir ici ou là pour gagner des élections». Et de dénoncer le projet de 40 milliards d’euros du RN qui n’est «pas financé et qui nécessairement entraînera un matraquage fiscal sur les Français». Fin de partie.
En résumé: Sur les retraites, prolongations annoncées