Une courte messe, un enterrement orthodoxe et finalement la marche vers la tombe. C'est ainsi que se sont déroulées les funérailles du défunt patron de Wagner, Evgueni Prigojine – si l'on en croit les rumeurs et les images.
De nombreux invités n'étaient pas présents. Le président russe Vladimir Poutine a brillé par son absence et a veillé à ce que le patron de Wagner soit mis sous terre en toute discrétion. Les chaînes publiques n'ont aucunement évoqué les funérailles du chef mercenaire.
Evgueni Prigojine est décédé la semaine dernière dans un accident d'avion avec neuf autres personnes. Les causes du crash font l'objet de spéculations. Toutefois, tant les services secrets américains que les experts en aviation ne croient pas à un accident.
Cimetière bouclé
L'annonce des funérailles d'Evgueni Prigojine a été une surprise. «Les adieux à Evgueni Viktorovitch ont eu lieu à huis clos. Ceux qui souhaitent lui faire leurs adieux peuvent se rendre au cimetière de Porokhovskoye», peut-on lire soudainement à 16h20 dans un message sur le compte Telegram du défunt. Seules les personnes les plus proches de son cercle étaient au courant.
Il n'y avait pas d'accès libre au cimetière: celui de Porokhovskoye était strictement surveillé par la police et la garde nationale, selon des témoins, il n'y aurait eu aucun bruit. Et c'est justement cela qui est extraordinaire.
Prigojine est une «opération spéciale»
Selon la loi, les héros militaires sont remerciés par des saluts, portés par une garde d'honneur de l'armée et enterrés dans une fanfare militaire. Le patron de Wagner a été décoré comme héros par Poutine il y a un an, mais il n'a pas eu droit à des funérailles de héros. Les funérailles d'Evgueni Prigojine sont devenues une «opération spéciale funéraires» pour le Kremlin.
Le portail d'investigation Meduza écrit que les journalistes ne savaient même pas dans quel cimetière le défunt serait enterré. Aucun membre de la famille ne s'est exprimé. Les experts supposent que le Kremlin a conseillé aux proches d'Evgueni Prigojine de garder le silence.
L'ancien chef de Wagner a été enterré à côté de son père sans grande cérémonie. A 16 heures, l'enterrement s'est terminé en «cercle restreint» de 20 à 30 personnes. Les personnes endeuillées ont déposé des roses rouges et l'événement s'est terminé 40 minutes plus tard.
L'agenda de Poutine est trop chargé
L'absence de Poutine n'a guère surpris. Ce n'est qu'un jour après le crash que le président russe avait pris la parole. «C'était un homme au destin difficile, et il a commis de graves erreurs.» Des erreurs qui lui ont coûté cher...
Quelques jours plus tard, le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov a annoncé que Poutine ne pourrait pas assister aux funérailles. La raison en est «l'emploi du temps très chargé» du président. La grande rupture entre Evgueni Prigojine et Poutine, amis de longue date, a été provoquée par le soulèvement armé des mercenaires de Wagner qui, le 24 juin, ont marché vers Moscou sous le commandement d'Evgueni Prigojine.
Peur d'un événement majeur
De nombreux mercenaires de Wagner sont convaincus que le crash de l'avion est en réalité une exécution publique de leur chef. Et Poutine devrait avoir peur de la vengeance du groupe. Selon le «Kyiv Post», Poutine a eu peur que les funérailles du patron de Wagner ne deviennent un grand événement public avec un potentiel de violence.
Si cela ne tenait qu'à Poutine, le peuple russe ne devrait pas se souvenir d'Evgueni Prigojine. Depuis le crash, les médias ont souligné que le patron de Wagner était un «homme d'affaires» et qu'il poursuivait donc des objectifs privés. Pourtant, il a longtemps été le seul à être à l'origine de succès notables en Ukraine.
Une chose est sûre: même si l'enterrement s'est déroulé sans cérémonie et dans un calme plat, l'écho de la mort d'Evgueni Prigojine résonne encore parmi le peuple russe. A Saint-Pétersbourg, les citoyens déposent depuis une semaine des œillets rouges. Et ceux-ci étaient considérés en 1917 comme le symbole de la résistance contre le gouvernement provisoire russe, renversé par les communistes lors de la révolution d'octobre.