Donetsk, Kherson, Lougansk, Zaporijjia
Poutine veut finaliser l'annexion de régions ukrainiennes vendredi

Le président russe, Vladimir Poutine, va formaliser vendredi à Moscou l’annexion par la Russie de territoires ukrainiens, largement dénoncée par la communauté internationale. Il a menacé de les défendre y compris avec l'arme nucléaire.
Publié: 29.09.2022 à 13:29 heures
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Dernière mise à jour: 29.09.2022 à 14:06 heures
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La Russie va entériner l'annexion de territoires ukrainiens vendredi.
Photo: Gavriil Grigorov

Kiev, soutenu par l'Occident et ses livraisons d'armement, a juré de poursuivre sa contre-offensive qui fait reculer depuis bientôt un mois l'armée russe, contraignant Vladimir Poutine à mobiliser à la hâte des centaines de milliers de civils réservistes. Le Kremlin accueillera donc vendredi une cérémonie lors de laquelle l'annexion des régions ukrainiennes de Donetsk et Lougansk (est), ainsi que Kherson et Zaporijjia (sud), sera formalisée.

«Une cérémonie de signature d'accords sur l'entrée des nouveaux territoires dans la Fédération de Russie se tiendra demain à 15h (ndlr: 13h, heure suisse) au Kremlin», a dit à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. «Vladimir Poutine prononcera un discours volumineux lors de cet événement», a-t-il ajouté.

La capitale russe se préparait jeudi à des festivités pour marquer l'annexion des quatre régions ukrainiennes, qui intervient après des «référendums» condamnés par l'essentiel de la communauté internationale. La circulation automobile sera ainsi interdite dans une grande partie du centre-ville vendredi, alors qu'un concert sera organisé, selon les médias russes, à l'ombre des murs du Kremlin. M. Poutine pourrait y faire une apparition.

Les responsables installés par Moscou dans les régions de Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson sont déjà arrivés par avion dans la capitale russe mercredi soir, selon les agences de presse russes.

Même la Chine s'est montrée critique

Confronté à une vaste contre-offensive ukrainienne, la Russie a accéléré le processus d'annexion avec l'organisation à la hâte de prétendus «référendums» sous contrôle de soldats armés. Ces votes ont été qualifiés de «mascarade» et de «simulacres» par Kiev et ses soutiens occidentaux. Même la Chine, partenaire le plus proche de Moscou, s'est montrée critique envers une violation de l'intégrité territoriale d'un État souverain.

La Russie suit le scénario de l'annexion en 2014 de la Crimée, une péninsule du sud de l'Ukraine: M. Poutine avait alors aussi prononcé un discours en grande pompe sous les ors du Kremlin. L'Ukraine, elle, a dénoncé ces annexions et balayé les menaces de recours à l'arme nucléaire de M. Poutine, poursuivant une contre-offensive dans l'Est et le Sud.

«Combats significatifs»

Après avoir reconquis l'essentiel du Nord-Est, l'Ukraine semble lancée dans la reprise de Lyman, une ville de la région de Donetsk et important noeud ferroviaire que l'armée russe contrôle depuis mai. Les forces ukrainiennes restent silencieuses sur les opérations en cours, mais les autorités fidèles à Moscou dans la région ont reconnu des combats difficiles.

«L'adversaire entreprend des tentatives régulières d'attaque pour créer les conditions d'un encerclement», a expliqué à la télévision russe un haut responsable de Donetsk, Alexeï Nikonorov. L'Institut d'étude de la guerre (ISW), un centre de recherche américain, a relevé que «des combats significatifs» étaient en cours dans la zone, et que si l'Ukraine reprenait Lyman cela lui permettrait d'avancer à la fois dans les régions de Donetsk et celle voisine de Lougansk.

Sur le terrain, les bombardements russes continuaient de frapper les villes ukrainiennes, tuant notamment un enfant dans la nuit à Dnipro. Au moins cinq civils ont été tués aussi dans la partie sous contrôle ukrainien de la région de Donetsk.

«Toujours mieux que de tuer»

En Russie, la mobilisation de centaines de milliers de civils réservistes pour venir renforcer les lignes russes se poursuivait, tout comme l'exode de dizaines de milliers de Russes craignant d’être mobilisés. Un jeune homme d'une vingtaine d'années, arrivée en Mongolie par la frontière terrestre, préfère garder l'anonymat pour expliquer les raisons qui l'ont poussé à fuir la Russie. «C'était très difficile de tout laisser derrière moi. Ma maison, ma patrie, mes proches. Mais c'est toujours mieux que de tuer des gens», dit-il à l'AFP à Oulan-Bator, la capitale.

Sur le front international du conflit, ce sont les fuites dues à de mystérieuses explosions sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 qui nourrissaient de nouvelles tensions russo-occidentales. En effet, les deux camps s'accusent désormais à demi-mot d'avoir saboté les tubes sous-marins, infrastructure cruciale pour l’approvisionnement européen en gaz russe. Ceux-ci étaient cependant à l'arrêt à cause de l'assaut russe sur son voisin.

L'OTAN a dénoncé jeudi des actes de sabotage «délibérés, inconsidérés et irresponsables», tandis que le Kremlin a affirmé soupçonner «l'implication d'un État» étranger, alors que la diplomatie russe avait pointé la veille un doigt accusateur en direction des Etats-Unis. Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU est prévue vendredi sur le sujet, à la demande Moscou.

(AFP)

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