En Russie, l'ambiance se dégrade
Même les propagandistes de Poutine fustigent la mobilisation partielle chaotique

La Russie est en ébullition. Avec la mobilisation partielle décrétée par Vladimir Poutine, la guerre, jusque-là lointaine, atteint également les principales villes de Moscou et Saint-Pétersbourg. Même les partisans de Poutine émettent désormais de vives critiques.
Publié: 25.09.2022 à 15:02 heures
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Dernière mise à jour: 25.09.2022 à 19:17 heures
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Une des nombreuses manifestations et arrestations en Russie depuis la proclamation de la mobilisation partielle.
Photo: Keystone
Daniel Kestenholz

Une nouvelle peur panique circule en Russie. Selon plusieurs sources, le président Vladimir Poutine enverrait désormais directement des manifestants à la guerre. Après les manifestations de cette semaine à Moscou, 200 personnes ont apparemment reçu leur ordre de marche. Ces personnes doivent partir immédiatement à la guerre, selon le portail d'information Nexta.

Le canal Telegram russe General SVR, qui diffuse depuis le début de la guerre en Ukraine des informations internes non édulcorées et fiables en provenance du Kremlin, se porte désormais au secours d'hommes et de femmes de tous âges menacés d'être envoyés au front. Deux canaux spécifiques ont été créés, l'un pour Moscou, l'autre pour Saint-Pétersbourg. Des canaux qui peuvent «sauver la vie» des jeunes hommes en âge de servir, comme l'écrit le canal General SVR.

Les hommes seraient enlevés de leur travail et de leur domicile, puis contraints au service militaire. Les canaux nouvellement mis en place fournissent des informations sur les endroits où les hommes peuvent se cacher dans des bunkers dans leurs villes ou sur la manière dont ils peuvent obtenir un test rapide qui les libère de l'obligation de servir.

Désormais, des critiques émanent aussi des fidèles de Poutine

Le chaos et la nouvelle peur dans le pays autour de la mobilisation sont désormais sévèrement condamnés, même par des propagandistes notoires de Vladimir Poutine. En tête, Margarita Simonjan, 42 ans, rédactrice en cheffe de la chaîne publique RT. Sur son canal Telegram, la journaliste s'insurge contre la procédure chaotique et arbitraire des autorités.

Selon les règles de mobilisation, seuls les caporaux de moins de 35 ans avec une expérience de combat peuvent être appelés au service militaire, écrit Margarita Simonjan. Or, un homme handicapé de 41 ans fait partie d'un groupe. Même un ancien officier de 63 ans, gravement malade, a été enrôlé.

Il y a «beaucoup de plaintes», poursuit Margarita Simonjan. La journaliste dit recevoir des «milliers de demandes» de personnes inquiètes. Des femmes sans expérience militaire sont également enrôlées de force comme infirmières et sages-femmes, même celles qui ont des enfants mineurs. Pour sa part, un anesthésiste spécialisé dans les appareils respiratoires doit aller au front. Comme lanceur de grenades.

«Les gens sont en colère»

La mobilisation se fait «de manière impolie et hors-la-loi», écrit Margarita Simonjan. «Les gens sont en colère», critique cette partisane de Poutine. Elle prévient ce dernier, ainsi que les autorités: «N'énervez pas les gens!»

Entre-temps, Valeri Fadejev, président du Conseil des droits de l'homme du Kremlin, a par ailleurs demandé au ministre russe de la Défense Sergei Schoigu de «mettre fin d'urgence» au «système de matraquage» de nombreux services de mobilisation dans le pays. Des ordres de conscription seraient donnés même en pleine nuit à des personnes sans expérience militaire. Les gens sont traités «comme des objecteurs de conscience».

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