Tension autour de la mobilisation
Un officier russe a été blessé par balles dans un centre de recrutement

Un homme a ouvert le feu lundi dans un centre de recrutement de l'armée russe, blessant gravement un officier qui y travaillait. Cela est arrivé au moment où les protestations se multiplient en Russie contre la mobilisation partielle voulue pour combattre en Ukraine.
Publié: 26.09.2022 à 18:20 heures
Une partie des Russes manifestent contre la mobilisation partielle, comme ici à Saint-Pétersbourg.
Photo: ANATOLY MALTSEV

Aucune indication n’a été donnée sur le mobile du crime. L’incident s’est produit dans un commissariat militaire à Oust-Ilimsk, une ville éloignée dans la région d’Irkoutsk, en Sibérie, alors que le Kremlin est accusé de chercher à mobiliser en priorité dans des zones pauvres et isolées.

Le Comité d’enquête russe a précisé que le suspect, un habitant âgé de 25 ans, avait été arrêté. La victime, elle, est hospitalisée dans un état très grave.

«Le tireur sera puni!»

«Le commissaire militaire Alexandre Elisseïev est en réanimation […] Le tireur a été immédiatement arrêté. Il sera obligatoirement puni!», a indiqué sur Telegram le gouverneur de la région d’Irkoutsk, Igor Kobzev.

«J’ai honte qu’une telle chose se produise à un moment où, au contraire, nous devrions être unis, et ne pas se battre les uns contre les autres, mais contre les menaces réelles», a-t-il ajouté.

Cet incident survient alors que par endroits, la colère monte en Russie contre la mobilisation partielle ordonnée le 21 septembre par le président Vladimir Poutine.

Les protestations se multiplient

Selon l’ONG OVD-Info, plus de 2300 personnes ont été interpellées depuis cette annonce lors d’actions de protestation depuis cette annonce. D’importants départs de Russes vers des pays frontaliers ont également été signalés.

Ce week-end, des protestations ont eu lieu dans la république russe du Daguestan, une région du Caucase pauvre, multiethnique et à majorité musulmane qui a déjà payé un très lourd tribut dans le conflit en Ukraine.

Selon l’ONG spécialisée OVD-Info, au moins 100 personnes ont été interpellées dimanche à Makhatchkala, la capitale daguestanaise. Des vidéos, publiées par des médias russes, ont montré des femmes prendre à partie des policiers lors de cette protestation. «Pourquoi prenez-vous nos enfants?», demandait l’une de ces femmes.

Depuis le début de l’offensive russe contre Kiev, le Daguestan est l’une des régions russes qui a la plus forte proportion d’hommes tués au combat en Ukraine, selon les avis de décès publiés en ligne et rassemblés par des médias indépendants.

Attaques au cocktail Molotov

L’ONG OVD-Info a également signalé 24 arrestations lors d’une action semblable, dimanche, à Iakoutsk, la capitale de l’immense région sibérienne d’Iakoutie.

Dès le lancement de l’attaque en Ukraine, des cas d’attaques au cocktail Molotov contre des commissariats militaires ont été signalés à de multiples reprises dans les régions russes.

Mais, depuis l’annonce de la mobilisation partielle, qui doit permettre de trouver 300’000 soldats supplémentaires, la réalité du conflit s’est invitée encore plus concrètement dans les foyers russes, alors que les autorités minimisaient jusqu’à présent son impact, insistant qu’il était le fait de soldats professionnels, formés et équipés.

L’angoisse a été attisée avec la mobilisation, par erreur, de personnes censées être exemptées. Vladimir Poutine avait souligné que seules les personnes ayant une expérience militaire ou des compétences «pertinentes» seraient appelées.

Mais plusieurs cas de personnes ayant dépassé l’âge de combattre, malades ou exemptées pour d’autres raisons, ont provoqué des réactions indignées sur les réseaux sociaux, suscitant l’embarras et l’inquiétude des autorités.

Bientôt la fermeture des frontières pour les hommes mobilisables?

Ce week-end, la présidente du Sénat russe, Valentina Matvienko, a sèchement réprimandé les pouvoirs régionaux, qui supervisent la mobilisation.

Un autre sénateur russe, Sergueï Tsekov, a toutefois proposé lundi de fermer les frontières pour les hommes pouvant être mobilisés, entre 18 et 55 ans, ce qui risque d’alimenter encore les craintes de la population.

«Dans la situation actuelle, il faut interdire à tous ceux ayant l’âge d’être appelés d’aller à l’étranger», a-t-il indiqué, cité par l’agence de presse Ria Novosti.

Des afflux de Russes ont été signalés aux frontières de la Géorgie, de la Finlande, du Kazakhstan et de Mongolie. Ceux interviewés par l’AFP ont tous indiqué partir pour éviter d’être mobilisés et envoyés au front.

(ATS)

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