Après la mobilisation
Les Russes fuient en masse leur propre pays

Après l'annonce d'une mobilisation partielle par le président Poutine, les Russes fuient le pays en masse. Files de voitures à la frontière finlandaise, vols remplis ou encore recherches pour savoir comment se casser le bras, tout est envisagé pour éviter le front.
Publié: 22.09.2022 à 06:10 heures
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Dernière mise à jour: 22.09.2022 à 08:29 heures
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Après l'annonce de la mobilisation par le président Vladimir Poutine, les Russes ont fui leur pays, comme ici à la frontière avec la Finlande où des files de voitures se sont formées. (image de vidéosurveillance)
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Thibault GilgenJournaliste Blick

Peu après que le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé mercredi une mobilisation partielle de la population visant à fournir 300'000 nouveaux soldats pour sa guerre en Ukraine, ses propres compatriotes semblent prendre la poudre d'escampette. Comme le montrait une photo publiée sur Twitter dans la foulée, une impressionnante file de voiture se formait déjà sur l'autoroute reliant la Russie à la Finlande.

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Helsinki a d'ailleurs fait savoir mercredi qu'elle préparait une «solution nationale» pour restreindre voire bloquer entièrement le transit des «touristes russes» sur son sol, a annoncé mercredi son ministre des Affaires étrangères. L'afflux de voitures à sa frontière pourrait accélérer encore le mouvement.

Déjà confronté à de nombreux passages controversés durant l'été, le pays nordique a divisé par dix en septembre le nombre de visas accordés aux Russes, en réponse à l'invasion de l'Ukraine par Moscou. Mais la Finlande est actuellement le seul membre de l'UE frontalier du pays de Vladimir Poutine à laisser passer des citoyens russes munis de visas Schengen, depuis la décision de la Pologne et des trois pays baltes début septembre d'empêcher l'entrée pour une large part de citoyens russes.

«Comment se casser le bras?»

Deux heures après le discours de Vladimir Poutine, les vols en partance de Moscou vers Istanbul affichaient déjà complet. Cette forte affluence soudaine se répercute également sur les prix. Les personnes souhaitant voler directement de Moscou à Istanbul doivent désormais mettre la main au porte-monnaie: un vol coûtait mercredi 1250 euros.

De manière plus insolite, mais néanmoins révélatrice de l'agitation qui a saisi le pays après les annonces du chef du Kremlin, les recherches Google «comment se casser le bras?» ont fortement augmenté, si l'on en croit les données de Google Analytics. Certains espèrent ainsi échapper au front par tous les moyens.

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Dans le même temps, de nombreuses contestations ont éclaté dans les différentes villes du pays après l'annonce de la mobilisation, entraînant des heurts avec la police, notamment à Iekaterinbourg. En soirée, selon une ONG spécialisée, plus de mille personnes avaient déjà été interpellées par la police.

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Navalny critique la mobilisation

Détenu dans un camp pénal, l'opposant au Kremlin Alexeï Navalny a quant à lui déclaré, lors d'une apparition devant la justice russe, que la «guerre criminelle» du président Vladimir Poutine prenait des proportions de plus en plus graves.

Vladimir Poutine veut entraîner le plus de gens possible dans l'effusion de sang en Ukraine, a-t-il affirmé ce mercredi lors d'une audience consacrée à ses droits de prisonnier. «Pour prolonger son propre pouvoir, il déchire le pays voisin, y tue des gens. Et maintenant, il jette encore un nombre énorme de citoyens russes dans le hachoir à viande», a-t-il déploré.

Selon un communiqué de la porte-parole de l'opposant, Kira Jarmysch, Navalny a critiqué le fait que des réservistes non impliqués soient enrôlés dans la guerre déclenchée par Poutine, mais que le Kremlin n'envoie pas son armée de plusieurs millions de personnes au combat. «Il y a une chose que je ne comprends pas. L'armée compte un million de personnes, la garde nationale 350'000 et le Ministère de l'intérieur en compte encore un million et demi à deux millions - et autant dans le système pénitentiaire. Pourquoi font-ils donc appel à des citoyens?», a demandé l'opposant.

Ces preuves de panique au sein de la population russe ainsi que les premières contestations sont-elles les premiers signes de l'échec cuisant du Kremlin dans le conflit en Ukraine? Quoi qu'il en soit, la mesure prise par Moscou le fait passer dans une autre dimension. Les Russes passent d'une guerre lointaine et «tranquille» à une guerre totale.

(Avec ATS)

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