Des cadors de l'Union démocratique du centre (UDC) rêvaient de voir Manfred Bühler se porter candidat à la présidence du parti. Dans le but, bien sûr, d'offrir une alternative au favori, le conseiller national schwytzois Marcel Dettling. Mais aussi pour rappeler avec un brin de malice l'existence des Romands aux Alémaniques.
C'est vrai, le président de la section bernoise — la plus grande du pays — pouvait se prévaloir de plusieurs sérieux atouts pour succéder au Tessinois Marco Chiesa. Notamment sa parfaite maîtrise de l'allemand et du français ainsi que son solide engagement politique. Mais, après un suspens de courte durée et malgré des appels du pieds insistants, celui qui a succédé à Albert Rösti à la Chambre basse ne s'est finalement pas lancé dans la course. Alors que le délai pour sortir du bois courrait jusqu'à ce vendredi 19 janvier, l'élu confirme à Blick qu'il n'est pas revenu sur sa décision.
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Marqué à droite, le résident de Cortébert, dans le Jura bernois, confie avoir d'autres ambitions. L'Europe, les partis centristes qui «lorgnent à gauche», les lignes directrices de l'UDC... Manfred Bühler liste par ailleurs les défis qui attendent la future présidence de la formation conservatrice. Et dézingue au passage l'initiative pour une 13e rente AVS. Interview.
Manfred Bühler, vous parlez parfaitement français et allemand. Ce qui n'est pas le cas du conseiller national schwytzois Marcel Dettling, a priori seul candidat en lice pour la présidence de l'UDC Suisse. La Suisse romande ne compte pas?
Ueli Maurer n'était pas connu pour être extrêmement fort en français, même s'il a fait beaucoup de progrès par la suite. Toni Brunner non plus. Dans les faits, cela ne pose pas de problème. Ce qui est important, c'est d'avoir de bons relais dans les régions, notamment avec la vice-présidence. Ici, Céline Amaudruz le fait très bien.
Qu'est-ce qui vous a fait renoncer à votre candidature?
Il y a différentes choses qui m'avaient donné envie de me lancer: c'est un job passionnant, exigeant et qui vous plonge au cœur de l'action politique. De quoi, sur le papier, faire rêver n'importe quel élu fédéral! Après, j'ai fait mes réflexions personnelles et j'ai pensé à mes autres mandats. Ce n'était pas le bon moment pour moi.
À l'heure où on se parle, il n'y a pas d'autre prétendant déclaré. N'est-il pas dommage de ne pas permettre à votre parti de faire un choix?
Ce n'est pas forcément nécessaire. C'est bien quand il y a plusieurs personnalités de grande qualité, comme lorsque la section bernoise de l'UDC avait proposé Werner Salzmann et Albert Rösti pour le Conseil fédéral. Concernant Monsieur Dettling, au vu de ses compétences certaines, il n'y aucun problème s'il est le seul en piste. Maintenant, si quelqu'un d'autre se lance, la démocratique interne jouera, je ne me fais aucun souci.
Comment décrieriez la personnalité de Marcel Dettling, peu connu des Romandes et des Romands?
C'est quelqu'un qui est à l'écoute, ouvert et chaleureux. Une personne très accessible, dotée d'un bon sens terrien. C'est aussi quelqu'un avec qui on peut bien travailler. Je pense sincèrement que Monsieur Dettling possède toutes les qualités requises pour être président de l'UDC Suisse.
Vous le «pratiquez» personnellement?
Pas au-delà des activités du parti et du groupe sous la Coupole.
Quels seront les grands enjeux de cette nouvelle présidence?
D'abord, maintenir les lignes directrices de notre mouvement, surtout dans cette période où les partis qui se disent du centre droit lorgnent toujours à gauche sur certains dossiers. Je pense par exemple à la question européenne. Sur ce point, l'UDC est le seul parti à tenir un discours clair. Il y a aussi des dossiers politiques internes qui doivent nous mobiliser. À l'instar de l'initiative pour une 13e rente AVS. On se dirige de plus en plus vers une vision socialiste redistributrice, ce qui est regrettable.
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Vous êtes contre une 13e rente AVS. Pourtant, les difficultés des retraitées et retraités sont réelles. Que faire pour leur venir en aide?
Si on prend le pourcentage de retraités qui bénéficie des prestations complémentaires et qu'on y ajoute ceux qui pourraient en bénéficier mais qui n'en font pas la demande par honte ou parce qu'ils ne savent pas qu'ils y ont droit, on peut estimer qu'environ 20% de nos retraités n'ont pas un niveau de vie optimal. C'est vrai. Mais, en plus des différents mécanismes cantonaux déjà existants (réductions de prime, exemption Serafe, etc.), il faut préférer des mesures ciblées et ponctuelles. On pourrait imaginer qu'en période d'inflation, les minima pour vivre soient revus à la hausse.
Des sondages montrent que votre électorat semble séduit par l'idée d'une 13e rente. N'avez-vous pas peur que celles et ceux qui peinent à terminer le mois et qui votent pour vous ne vous comprennent plus?
Dans tous les partis, il y a parfois un décalage entre la tête et la base. Il faut être clair et transparent et dire pourquoi nous refusons cette initiative, notamment car la classe moyenne perdra 4 à 5 milliards de francs par année de pouvoir d’achat en cotisations ou TVA. Ce texte, du point de vue de nos grands principes, est trop socialiste pour passer la rampe chez nous. Ceci-dit, certaines sections laissent la liberté de vote et d'autres, à l'image de la section genevoise, soutiennent cette initiative. Cela montre aussi la diversité d'opinions au sein de notre parti.