Le grand jour des élections est certes passé, mais Marcel Dettling, chef de campagne de l'Union démocratique du centre (UDC), ne peut pas encore se reposer sur ses lauriers. Dans neuf cantons, des seconds tours sont prévus pour le Conseil des États. Dans une interview accordée au Blick, Marcel Dettling explique ce qu'il espère y trouver. Et comment son parti compte faire pression au Parlement.
Marcel Dettling, les Vert-e-s se lancent, eux aussi, dans la course au Conseil fédéral. Peuvent-ils espérer un soutien de l'UDC?
Nous sommes attachés à la concordance et n'avons pas envie de jouer. Les trois plus grands partis obtiennent deux sièges au Conseil fédéral, le quatrième un seul. Cette formule offre une stabilité au sein du gouvernement. Et elle est par ailleurs absolument nécessaire au vu des grands défis en matière de migration, de primes d'assurance-maladie ou de finances fédérales. C'est pourquoi nous choisirons également un candidat du Parti socialiste pour le poste vacant.
En tant que directeur de campagne, vous vous concentrez d'abord sur le second tour des élections au Conseil des États. Jamais l'UDC n'a obtenu plus de huit sièges au Conseil des États. Allez-vous battre ce record?
Nous sommes déjà assurés d'obtenir cinq sièges. Dans cinq cantons, des candidats UDC se présentent au deuxième tour. Avec l'indépendant Thomas Minder à Schaffhouse, qui fait partie de notre groupe parlementaire, il y en a même six. Il ne s'agit pas de «records». J'espère vivement que nous serons plus forts au Conseil des États, afin de pouvoir mieux y faire valoir les préoccupations de la population: qu'il s'agisse du chaos de l'asile, de l'immigration incontrôlée ou d'un approvisionnement énergétique abordable et sûr.
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Ne craignez-vous pas, comme en 2015, une sorte de contre-mouvement après la victoire électorale de l'UDC, qui nuirait aux candidats UDC?
Cette fois-ci, ce n'était pas la même victoire par raz de marée qu'en 2015. Les deuxièmes tours ne sont pas non plus comparables à 2015. S'ajoute à cela le fait que le bloc bourgeois – y compris l'Union suisse des paysans et Economiesuisse - joue désormais mieux. L'UDC et le PLR se soutiennent mutuellement en de nombreux endroits et retirent les candidats les plus faibles. Tous sont conscients que l'ennemi politique est à gauche.
Au Tessin justement, la situation est différente: Pour le chef de l'UDC Marco Chiesa, il existe un certain risque de ne pas être réélu.
Au contraire, c'est Marco Chiesa qui m'inquiète le moins. Il a obtenu un excellent résultat. Il est crédible et défend une position claire. Le canton est submergé par les immigrés clandestins et les demandeurs d'asile. A cela s'ajoute la problématique des frontaliers. C'est justement dans le domaine de la politique migratoire que Marco Chiesa est très proche du pouls de la population tessinoise.
Si l'inattendu se produit, il faudra donc un nouveau chef de parti.
Marco Chiesa sera réélu. Cela ne vaut donc pas la peine de se poser de questions.
Même si l'UDC progresse au Conseil des États comme au Conseil national, le bloc de droite ne parviendra pas à obtenir la majorité absolue, même avec le PLR. Comment comptez-vous transformer votre victoire électorale en succès concrets en vous unissant?
Nous devons faire un travail de persuasion plus important au Parlement. C'est justement sur notre thème central, la migration, qu'il faut maintenant faire des progrès. J'attends du PLR et du Centre qu'ils fassent des concessions sur la problématique de l'asile. Il faut ici un net durcissement. Là aussi, je suis optimiste et je pense que nous trouverons une solution.
Dans quelle mesure?
La Suisse doit devenir moins attractive pour les migrants en quête d'asile, par exemple en ce qui concerne les prestations sociales. Il faut aussi des zones de transit pour l'asile à la frontière et nous devons héberger les demandeurs d'asile dans des centres de rétention en Afrique. Lorsque nous avons demandé cela pour la première fois, on nous a ri au nez et on s'est moqué de nous. Aujourd'hui, l'Union Européenne a des projets similaires avec des centres d'asile à la frontière extérieure de l'UE. Nous devons trouver des solutions citoyennes. Nous ne pouvons rien attendre de la gauche à cet égard.
Pourquoi d'ailleurs, puisque l'UDC attaque la conseillère fédérale socialiste Elisabeth Baume-Schneider à chaque occasion.
À juste titre! Elle est coresponsable du chaos de l'asile. Elle a décidé seule que les Afghans obtiendraient désormais le statut de réfugié. Les chiffres de l'asile ont explosé! Elisabeth Baume-Schneider est un risque pour la sécurité de notre pays. Ce gouvernement ne fait rien non plus contre la migration illégale. Nous devons continuer à faire pression dans ce domaine.
Et comment?
Par le biais d'une pétition, nous demandons l'introduction de contrôles aux frontières. Il est incompréhensible que le Conseil fédéral ne fasse rien dans ce domaine. D'autant plus que l'Allemagne et d'autres pays de l'UE appliquent à nouveau temporairement des contrôles systématiques aux frontières. Et ce, en partie depuis des années.
Les pétitions ne font que prendre la poussière dans un tiroir.
Si la pétition n'a aucun effet sur le Conseil fédéral et le Parlement, c'est au peuple de décider. C'est pourquoi nous examinons une nouvelle initiative populaire qui demande une meilleure protection de nos frontières. Il faut un mécanisme dans lequel des contrôles systématiques aux frontières sont mis en place lorsque l'immigration illégale prend de l'ampleur. Rien que l'année dernière, 52'000 clandestins ont été interceptés. Et ce n'est que la pointe de l'iceberg. Si la Suisse continue à dormir, il faudra une initiative pour la protection des frontières. Nous n'avons pas encore de texte fixe, mais nous y réfléchissons déjà.
Un autre point de discorde est également soulevé: le PLR Ignazio Cassis à la tête du Département fédéral des affaires étrangères présentera bientôt sa feuille de route pour un accord-cadre avec l'UE.
Notre position à ce sujet est claire: une reprise automatique du droit européen est exclue. Nous n'accepterons pas de juges étrangers. Même si des compromis seront trouvés avec l'UE sur quelques points secondaires, la Suisse sera mise à mal sur la question centrale. Nous ne devons pas céder d'un pouce sur ce point.
La politique sociale sera également au cœur du débat. L'initiative pour une 13e rente AVS va être soumise au peuple et cette revendication rencontre un grand succès, même auprès de la base de l'UDC. Comment comptez-vous empêcher un oui?
Je comprends que l'initiative suscite la sympathie de notre peuple. Quand on voit que des milliards sont dépensés chaque année pour l'asile ou l'aide au développement, beaucoup se demandent pourquoi il n'y aurait pas plus pour l'AVS. Nous devons donc encore faire un gros travail d'explication.
Comment comptez-vous redresser la barre?
Une 13e rente AVS détruirait l'AVS. Avec la dernière réforme, nous l'avons assainie au moins jusqu'en 2030. Avec une 13e rente AVS, ces efforts seront immédiatement réduits à néant. La montagne de dettes s'accroît et le problème est reporté sur la prochaine génération. Qui paiera les 5 milliards supplémentaires? Les travailleurs, les jeunes, les entreprises. C'est ce que nous devons montrer. Après que l'État a jeté des milliards pendant la pandémie de Covid-19, beaucoup ont le sentiment que l'État a suffisamment d'argent et peut tout régler. Le vote ne sera donc pas facile.