La lutte pour l'AVS commence maintenant! Les syndicats lancent ce mardi leur campagne de votation pour une 13e rente. Le 3 mars prochain, les électeurs se prononceront sur l'introduction d'un 13e mois de salaire pour les seniors.
Des personnalités syndicales comme le président de l'USS Pierre-Yves Maillard ou la cheffe d'Unia Vania Alleva participeront à la conférence de presse de lancement. Tout comme la coprésidente du PS Mattea Meyer et la vice-présidente de Traivailsuisse Léonore Porchet. L'invitation envoyée aux médias fait référence, de manière assez mystérieuse, à «d'autres» participants.
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Le Centre en marche
Il s'agit là d'une manœuvre habile de la part des initiateurs. Car aux côtés de la gauche et des Vert-e-s, des représentants du Centre se lancent désormais dans la bataille pour une 13e rente. Ainsi, le conseiller national tessinois du Centre nouvellement élu Giorgio Fonio participera aux festivités, comme il l'a confirmé à Blick.
L'initiative apporte une réponse claire à un problème bien réel: «Nous voulons garantir des rentes décentes à tous les travailleurs qui risquent de partir à la retraite dans des conditions précaires», explique-t-il. Il faut une retraite qui n'oblige pas les personnes concernées «à demander l'aide de l'État ou, pire encore, à quitter le pays qu'elles ont contribué à construire.»
La pauvreté chez les seniors est répandue
Giorgio Fonio est secrétaire régional du syndicat chrétien-social tessinois OCST. D'autres politiciens du Centre issus d'associations d'obédience chrétienne-sociale soutiennent pareillement l'initiative. C'est le cas de l'ancien secrétaire de Syna et conseiller municipal de Kreuzlingen, Ernst Zülle. «La pauvreté des personnes âgées est encore très répandue», explique le Thurgovien.
Selon lui, il y a beaucoup de personnes âgées qui doivent se contenter d'une rente AVS pour joindre les deux bouts et qui ont du mal à payer leurs factures, en particulier les femmes. «La rente complémentaire est nécessaire et nous pouvons nous la payer», affirme-t-il avec conviction.
«Passer leurs vieux jours dans la dignité»
L'ancien conseiller national Jacques Neirynck (92 ans, VD) s'engage également pour cette cause. Il connaît de nombreuses personnes de sa génération qui ont honte des rentes AVS actuelles.
Il ne pense pas que son engagement puisse se mettre en travers de la route de son propre parti: «Je ne suis pas membre d’un parti extrême. On y tolère des divergences», affirme-t-il avec conviction. Il est presque sûr que la base du Centre soutient la demande: «Je me demande s’il existe un parti dont la base ne soit pas plus préoccupée par des pensions décentes que par l’équilibre budgétaire.»
«Pendant des années, la politique a manqué de veiller à ce que nos retraités, qui ont travaillé dur toute leur vie, puissent passer leurs vieux jours dans la dignité», explique la conseillère communale du centre Michelle Renaud pour justifier son oui. Dans sa commune de Trub (BE), elle est responsable du dicastère Société. «Et je vois bien le problème: pour beaucoup, la rente suffit à peine à vivre.»
Les prestations complémentaires n'y remédieraient guère, car elles devraient être remboursées, par exemple via l'héritage. «Cela empêche beaucoup de citoyens de les demander.» Pour l'ancienne présentatrice, qui a réussi à se hisser à la deuxième place de remplacement sur la liste du Centre lors des élections au Conseil national à Berne, il est donc clair qu'«un geste est nécessaire».
Valeurs élevées pour le oui
Au sein de la population, beaucoup semblent prêts à donner un tel signe. Ainsi, dans un sondage Sotomo, 71% des personnes interrogées se prononcent en faveur de l'initiative. Les valeurs du «oui» sont également élevées dans le camp bourgeois: 69% au Centre, 65% à l'UDC, 62% chez les Vert'libéraux et 56% au PLR.
Et cela se reflète aussi dans les faits: il n'y a pas que les représentants du Centre qui osent sortir de leur réserve. L'UDC compte aussi de nombreux partisans, en particulier en Suisse romande. Ainsi, la branche genevoise a décidé de voter oui, tandis que l'UDC du Bas-Valais a décidé de laisser la liberté de vote. L'initiative a donc de réelles chances de succès dans les urnes.