Karine Keller-Sutter sur la 13e rente AVS
«Si cette initiative est acceptée, les impôts augmenteront»

La ministre des Finances Karin Keller-Sutter est inquiète pour les finances fédérales. Si la Suisse devait accepter l'initiative du 3 mars pour une 13e rente AVS, une augmentation des impôts serait inévitable, selon elle.
Publié: 28.12.2023 à 06:08 heures
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Dernière mise à jour: 28.12.2023 à 07:37 heures
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La ministre des Finances Karin Keller-Sutter met en garde contre un oui à l'initiative AVS.
Photo: AFP

En mars 2024, la Suisse votera sur l'avenir de l'AVS. L'initiative des jeunes libéraux-radicaux sur les retraites sera soumise au peuple. Le projet demande un relèvement de l'âge de la retraite de 65 à 66 ans, mais aussi l'introduction d'une 13e rente AVS. 

Mais cette initiative ne séduit pas seulement la gauche. L'UDC Genève s'est récemment prononcé en faveur du projet, tandis que ses collèges du Valais préfèrent laisser la liberté de vote à ses fidèles.

Augmentation des impôts... ou diminution des salaires

Au Parlement, les élus font preuve de réticence face la question. C'est le cas de la ministre des Finances Karin Keller-Sutter qui met en garde contre les possibles conséquences du projet.

Selon l'estimation officielle, l'initiative entraînerait des coûts supplémentaires de cinq milliards de francs par an, si elle venait à entrer en vigueur. «Si cette initiative est acceptée, nous ne pourrons pas éviter l'augmentation des impôts», déclare la conseillère fédérale dans une interview à la «NZZ».

Une 13e rente AVS ne pourrait être financée que de deux façons: soit en augmentant la TVA, soit par les cotisations salariales des employeurs et des employés, voire une combinaison des deux. Même sans 13e rente, les dépenses de la Confédération pour l'AVS s'élèveraient à 16 milliards de francs d'ici 2035, rappelle la conseillère fédérale.

Augmentation du budget de l'armée

Il faut dire que la ministre des Finances fait actuellement face à un immense challenge. Le budget fédéral est déséquilibré, et la Suisse doit faire des économies. Mais au lieu de se serrer la ceinture, le Parlement prévoit d'augmenter les dépenses dans les années à venir, notamment dans le budget de l'armée.

La Saint-Galloise est heureuse que le Parlement ait repoussé l'augmentation du budget de l'armée à 1% du produit intérieur brut de 2030 à 2035, avoue Karin Keller-Sutter dans l'interview. Mais même ce plan lui parait «ambitieux et sportif». 

«Une telle augmentation du budget de l'armée se fera inévitablement sur plusieurs des années au détriment de presque tous les autres domaines, sans compter les dépenses sociales qui augmentent fortement en parallèle.» Contrairement aux partisans de la 13e rente AVS, la politicienne n'est pas pour une augmentation des impôts en faveur de l'armée.

Un changement fondamental en Suisse

En fait, la libérale-radicale critique les attentes de la société envers l'État. Elle a l'impression que quelque chose de fondamental a changé en Suisse. La responsabilité individuelle a diminué, selon elle. «À la moindre perte ou difficulté, on se tourne vers l'État. La Confédération doit tout régler. Nous devons veiller à ne pas devenir un État qui prend tout en charge», a déclaré la cheffe du DFF.

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«Nous devons veiller à ne pas devenir un État qui prend tout en charge»
Karin Keller-Sutter
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Cette année, le plus grand défi pour la ministre des Finances a été le sauvetage de Credit Suisse. Au printemps, son département soumettra au Conseil fédéral des propositions sur les leçons à tirer de cette débâcle bancaire. La conseillère fédérale ne veut pas encore se prononcer, mais pour elle, une chose est sûre: «Nous devons agir. Nous n'avons pas d'autre choix.» Il faut faire en sorte «qu'une grande banque puisse sombrer, sans pour autant entraîner tout un pays avec elle dans les abîmes.» 

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