Même si le niveau sonore est largement moins élevé lorsqu’il s’exprime, Romain Pilloud fulmine tout autant que Bernard Nicod. Le président du Parti socialiste (PS) vaudois n’a pas du tout apprécié les propos du géant de l’immobilier rapportés sur nos plateformes, ce jeudi. «Sous-entendre que nous détournons de l’argent public comme il le fait est mensonger, tonne-t-il au bout du fil. Ses propos sont infamants.»
Le député au Grand Conseil fait allusion à une saillie en particulier de l’homme d’affaires lausannois. Après avoir expliqué ses dons de 7000 francs au Parti libéral-radical (PLR) et de 10’000 francs à l’Union démocratique du centre (UDC), il dézinguait la gauche. «Le problème avec le Parti socialiste, c’est que ses membres s’autofinancent. Regardez, Nuria Gorrite (ndlr: la conseillère d’Etat en charge de la culture, des infrastructures et des ressources humaines). Elle a donné 27’000 francs à son parti [en 2022]. Son cas le montre bien: les socialistes se donnent de l’argent à eux-mêmes avec leur salaire payé par l’argent du contribuable.»
À la rescousse de Ruiz et Gorrite
Le Montreusien ne laisse pas passer ce tacle. «Il s’agit simplement d’une partie définie du salaire de nos ministres Rebecca Ruiz et Nuria Gorrite qu’elles reversent à la cause qui les a portées, là où certains gardent leur argent pour eux, appuie le vingtenaire. Elles ne le font pas par choix, mais par obligation: ce sont les règles internes de notre parti auxquelles nos conseillères d'Etat adhérent pleinement. D’ailleurs, nos membres cotisent aussi en fonction de leur revenu.»
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Il persifle: «Nos principes peuvent paraître très étranges à un multimillionnaire qui préférerait probablement ne pas être imposé à la hauteur de ses revenus. Mais ceux-ci sont les garants de notre vision de la démocratie, vision dans laquelle l’argent n’est pas la condition d’une élection. Si on fonctionnait comme d'autres partis de droite avec chacun qui met de l'argent sur la table, des personnes devraient renoncer à se présenter. Nous privilégions le collectif et nos candidates et candidats n'ont pas besoin de dépenser un centime.»
En outre, Romain Pilloud insiste sur un autre point de l'interview. «Il est malheureux que Bernard Nicod confonde sa fortune personnelle avec l’argent de son entreprise, mais c’est bel et bien cette dernière qui a fait des dons au PLR et à l’UDC, comme le montrent les données publiées sur le site de l’Etat de Vaud.»
Quid des dons au PS?
Et alors? Ces montants sont une paille en comparaison des budgets des partis. Le président du PS ne monte-t-il pas sur ses grands chevaux pour une broutille? «Les sommes importent peu, c’est la symbolique qui compte, rétorque-t-il. En cette période d’inflation et où des hausses de loyer se profilent, c’est mauvais pour le lien de confiance entre les politiques et la population.»
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Vraiment? Pourtant, Bernard Nicod affirme avoir aussi donné au Parti socialiste «à une époque où il y avait des gens de valeur dans ses rangs». Le «symbole» qu’évoque Romain Pilloud était moins dérangeant alors? «Le Parti socialiste vaudois n’accepte pas les dons des entreprises, d’ONG ou de syndicats depuis des lustres, lance-t-il du tac au tac. Cela m’étonnerait grandement que cette assertion soit exacte.»
Pour le coup, peut-être que l’entrepreneur l’avait fait en son nom propre? «Le PS avait déjà adopté un principe de transparence pour les dons supérieurs à 5000 francs avant que la loi cantonale n'entre en vigueur et nous n'avons aucune trace d'un don individuel de Bernard Nicod dans nos archives», assène l’élu à la rose.