La polémique ne désenfle toujours pas. Ce jeudi, deux jours après le doigt d'honneur de la jeune socialiste Mathilde Mottet devant un drapeau suisse, l'Union démocratique du centre (UDC) Genève envoie un communiqué de presse épicé.
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Pour la formation conservatrice, le majeur tendu du 1er Août de la jeune élue au législatif de Monthey est l'occasion de tancer l'Université de Genève. Le lien entre l'institution et celle qui était encore récemment la vice-secrétaire centrale de la Jeunesse socialiste suisse? La Valaisanne y a étudié. Un fait suffisant pour que Céline Amaudruz, vice-présidente de l'UDC Suisse et conseillère nationale, sorte la sulfateuse. Interview.
Céline Amaudruz, votre parti se revendique comme étant la formation des libertés. Faire un doigt d'honneur devant un drapeau, n'est-ce finalement pas simplement user de sa liberté d'expression?
Je comprends votre question. Je ne pense toutefois pas que faire ce geste devant le drapeau de son pays, encore plus quand on est une élue comme Mathilde Mottet, soit quelque chose d'acceptable. Sans parler du fait qu'elle l'a fait le jour de la Fête nationale.
En quoi est-ce problématique, selon vous?
En dressant son majeur devant le drapeau, cette jeune socialiste fait un doigt d’honneur à toute la Suisse. Cela doit être dénoncé. Si cette personne a vraiment cette vision de notre pays, j’ai du mal à comprendre pourquoi elle s’engage. C'est en contradiction avec le serment qu'elle a prêté au moment de rejoindre le législatif de Monthey. C'est surtout un manque de respect vis-à-vis de nos institutions. Je note qu'il n'y a pas eu de réaction de la part de son parti pour se désolidariser de cet acte choquant.
Dans votre communiqué, vous vous saisissez de cette affaire pour tancer l'Université de Genève, où Mathilde Mottet a étudié. C'est un peu une balle perdue, non? L'institution n'est pas responsable des agissements des étudiantes et étudiants...
Si on prend de la hauteur, l'université n'y est effectivement pas pour grand-chose. Mais on voit bien le climat qui y règne. On ne peut pas a priori respecter le débat d'idées et être modératrice à l'université — comme l'a été Mathilde Mottet aux côtés de l’évêque Mgr Morerod pendant la semaine des droits humains en 2018 — avant de se réveiller subitement un matin et faire des doigts d'honneur. L'université a aussi un rôle d'éducation en ce qui concerne nos valeurs. Visiblement, elle a failli.
En suggérant ce que l'université devrait inculquer, n'êtes-vous pas en train de vous attaquer à la sacrosainte liberté académique?
Je suis pour la liberté de penser de chacun. Mais l'université doit rendre des comptes puisqu'elle reçoit de l'argent public. Et elle n'est plus ce qu'elle devrait être, je suis bien placée pour le savoir. Après mon agression lors d'un débat dans ses murs, il a fallu la pression médiatique pour que le rectorat réagisse. Aujourd'hui, le wokisme prédomine.
Revenons au doigt d'honneur. D'autres exemples du genre existent en politique. On peut, par exemple, citer le député UDC valaisan Jérôme Desmeules, les deux majeurs tendus, devant la Commission européenne, à Bruxelles. Là aussi, vous dénoncez un manque de respect intolérable?
Je ne trouve pas ce geste plus intelligent, même si Jérôme n'est pas un élu européen et qu'il ne représente donc pas l'institution devant laquelle il pose. Je n'avais pas du tout apprécié ses doigts d'honneur et je le lui avais d'ailleurs dit. Pour moi, qu'importe le parti, la règle est la même pour tout le monde. On peut être en désaccord avec les institutions, mais on doit les respecter. Il existe quantité de manières plus respectueuses de se faire entendre.