En 2014, le conseiller national zurichois Fabian Molina, alors président de la Jeunesse socialiste suisse (JS), choquait son monde en proposant aux gens d’agiter un drapeau pour la paix plutôt que l’étendard helvétique lors du 1er Août. Nous sommes neuf ans plus tard et c’est au tour de la Valaisanne Mathilde Mottet, ancienne vice-secrétaire centrale de la JS, de faire polémique à l’occasion de la Fête nationale.
Son selfie publié ce mardi, où elle tire un doigt d’honneur devant un drapeau rouge à croix blanche, a provoqué une levée de boucliers. Plusieurs personnalités de l’Union démocratique du centre (UDC) ont réagi avec fermeté. À l’instar du conseiller national Jean-Luc Addor et de la présidente des Jeunes UDC Vaud Emmylou Ziehli-Maillard.
Pas de quoi effrayer l’élue au législatif de Monthey. Contactée par Blick, cette vingtenaire revendique son geste. Pour elle, provoquer peut aussi permettre d’aborder des sujets de fond, comme la politique migratoire «inhumaine» de la Suisse. La jeune militante annonce au passage qu’elle déposera plusieurs plaintes pénales, après avoir reçu «une centaine» de messages insultants et menaçants. Interview cash.
Mathilde Mottet, vous assumez toujours votre publication, 24 heures plus tard?
Oui, absolument, j’assume mon doigt d’honneur au drapeau suisse.
Cela veut dire qu’à la Jeunesse socialiste suisse, on trouve admissible de faire de la politique à coups de doigt d’honneur?
Ce qui est admissible à la Jeunesse socialiste, c’est la provocation. Cela nous permet de visibiliser des questions importantes, comme la politique migratoire inhumaine de la Suisse. Et j’ai visiblement touché un point sensible, vu les réactions.
Quel est le sens de votre démarche, s’il y en a un?
Je voulais m’en prendre à la représentation parfaite de la Suisse que beaucoup se font, qui ne correspond pas à la réalité. De nombreuses personnes, notamment à droite, ont tendance à penser que la Suisse est supérieure au niveau européen et même mondial. C’est dangereux, car cela revient à fermer les yeux sur les injustices et les violations des droits humains qui se passent en Suisse aussi. Lors du 1er Août, il m’a semblé important de souligner que notre pays et ses institutions sont loin d’être aussi parfaits qu’on ne le pense.
Que critiquez-vous concrètement?
Je critique le nationalisme suisse: notre pays, comme toutes les nations, hiérarchise les personnes selon la couleur de leur passeport. Si vous êtes réfugiée, requérante d’asile ou fille de parents étrangers, vous n’avez pas les mêmes droits ou les mêmes conditions de vie qu’une personne suisse. Alors que les discours durant la fête nationale louent tous nos valeurs démocratiques, notre solidarité et le vivre-ensemble, il est bon de rappeler qu’une grande partie de la population en Suisse vit du racisme, du sexisme ou encore du classisme dans ce pays. Personne n’est illégal, et tout le monde devrait avoir le droit de vivre une vie digne!
Mais vous vous en fichez que des gens puissent se sentir insultés par votre doigt d’honneur?
Je fais un doigt d’honneur au drapeau suisse, je n’insulte personne! Contrairement aux individus qui s’en prennent personnellement à moi depuis hier (ndlr: mardi). J’ai reçu une centaine de messages d’insultes et de menaces de violences sur les réseaux sociaux, dont le but est clairement de me faire taire. Je vais d’ailleurs déposer des plaintes.
Vous ne vous attendiez sincèrement pas à susciter une telle levée de boucliers? C’était pourtant ce que vous cherchiez…
Je voulais provoquer et je l’assume. Mais je ne pensais pas que les choses prendraient une telle ampleur, non. Dans le fond, j’exprime une opinion politique et c’est ma liberté d’expression de le faire. À ce propos, il est marrant de constater que les gens qui chialent «parce qu’ils ne peuvent plus rien dire» de sexiste ou de raciste sont justement ceux qui m’attaquent et qui veulent me censurer.
Votre photo est du pain bénit pour vos adversaires politiques. Le conseiller national UDC Jean-Luc Addor vous tance sur Facebook, d’ores et déjà en vue des élections fédérales de cet automne. Vous allez discuter avec lui?
Non, aucun débat n’est possible. Je ne suis pas d’accord de parler avec l’extrême droite.