Au lieu de diriger, comme il l'espérait, le Département de l'intérieur (DFI) après le départ d'Alain Berset, le nouveau conseiller fédéral Beat Jans est depuis lundi à la tête du Département de justice et police (DFJP). Et il y serait déjà très sollicité.
Car les crises se multiplient dans le monde. Comment la Suisse doit-elle se positionner face aux vagues de réfugiés et aux demandes d'asile? C'est désormais à Beat Jans de trouver une réponse à cette question, ce que n'avait pas réussi à faire sa prédécesseure Elisabeth Baume-Schneider.
Chantier n°1: trouver des emplois et des logements pour les réfugiés
Le Parlement a par exemple demandé à Beat Jans de prendre position au sujet des femmes afghanes, afin de savoir si ces dernières devaient être reconnues comme réfugiées, comme l'a décidé le Secrétariat d'État aux migrations cet été.
Beat Jans devra ensuite veiller à qu'il y ait suffisamment de places d'hébergement pour les demandeurs d'asile, en prenant garde à ne pas froisser davantage les cantons et les communes. La décision prise l'été dernier par le Conseil des États de ne pas apporter de soutien financier à l'installation de containers d'habitation pour les réfugiés sur des terrains de l'armée montre à quel point les relations sont tendues.
Beat Jans décidera également de l'avenir du statut de protection S pour les réfugiés ukrainiens après 2025 – les autorités suisses prévoient de supprimer le statut S dès que possible – et se penchera sur leur insertion professionnelle. Un dilemme non résolu à l'heure actuelle.
Chantier n°2: faire avancer les négociations avec l'Europe
Un dossier devrait toutefois réjouir Beat Jans: la politique européenne. Avant son élection au Conseil fédéral, il avait, en tant que président du gouvernement de Bâle-Ville, critiqué à plusieurs reprises le National pour ses balbutiements en matière de politique européenne. En tant que nouveau ministre de la Justice, il fait désormais partie de la commission Europe du Conseil fédéral. C'est donc à lui que reviendra la tâche de faire avancer la politique européenne.
Mais là encore, il y a un pépin: celui de la libre circulation des personnes, un sujet très courtisé par l'UDC, mais également par certains syndicats proches du PS: «Nous attendons de Beat Jans qu'il aide à améliorer la protection des salaires», déclare ainsi Adrian Wüthrich, président de Travail Suisse.
Beat Jans, qui s'est longtemps présenté comme LE pont entre le Conseil fédéral et son parti, sera donc attendu sur ce sujet.
Chantier n°3: interdire le Hamas, instaurer une carte d'identité électronique
En collaboration avec la ministre de la Défense Viola Amherd, Beat Jans doit concocter d'ici fin février une loi visant à interdire le Hamas, laquelle pourrait entrer en vigueur d'ici un an environ, avait déclaré Elisabeth Baume-Schneider, en novembre.
Le Parlement souhaite par ailleurs bannir certains symboles comme la croix gammée, un dossier que Beat Jans devra empoigner.
Enfin, la création d'une carte d'identité électronique est sur la table. Mais là encore, ça s'annonce compliqué. En 2021, les électeurs se sont en effet montrés défavorables au projet. Une décision nourrie par certaines craintes en matière de sécurité et de protection des données. Il appartient désormais au conseiller bâlois de faire accepter une nouvelle proposition au Parlement et, le cas échéant, à la population.