Après une déclaration ambiguë d'un de leurs responsables, qui a évoqué «400 à 500» décès dans une émission de télévision britannique, les organisateurs ont été contraints de donner un chiffre de décès parmi les travailleurs migrants, un des points les plus sensibles. Entre 2014 et 2020, 414 personnes ont trouvé la mort dans des accidents liés au travail au Qatar, selon eux.
Pour les travailleurs liés à l'organisation, ils annoncent trois décès liés au travail et 37 non liés au travail. Le directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT), interrogé par l'AFP, estime qu'il n'y a «pas d'information crédible» à ce sujet.
Pendant la compétition, un agent de sécurité a été victime d'une chute mortelle dans le stade Lusail et un Philippin a été tué dans un accident du travail dans le camp de base de l'Arabie saoudite. Trois journalistes qui couvraient le Mondial sont également décédés.
Quel traitement sur place pour les fans?
Dans un pays où les relations sexuelles hors mariage et l'homosexualité sont illégales et où la consommation d'alcool est strictement encadrée, les supporteurs s'inquiétaient de leur traitement. Un journaliste américain et des fans ont été empêchés de pénétrer dans les stades avec des vêtements aux couleurs de l'arc-en-ciel, mais des responsables politiques européens l'ont fait.
Huit fédérations européennes ont en revanche renoncé à porter un brassard multicolore «One Love». Certaines ont évoqué des menaces de sanctions sportives de la FIFA s'offusquant d'une atteinte à leur liberté d'expression. Un Italien muni d'un drapeau multicolore PACE a pénétré sur la pelouse lors du match de poules Portugal-Uruguay. De légers incidents entre supporteurs iraniens pro et anti-régime ont par ailleurs été signalés après le match de groupes entre l'Iran et les Etats-Unis.
Les supporters argentins et marocains sur place
Le Qatar attendait un million de visiteurs sur les quatre semaines de la compétition, qui a pris fin ce dimanche soir. 765'859 personnes sont entrées dans l'émirat pendant les deux premières semaines et la qualification du Maroc et de l'Argentine en demi-finale et en finale, respectivement, a encore attiré des dizaines de milliers de personnes. D'abord restreintes aux seuls détenteurs de billets de match, les conditions d'entrée dans le pays ont été progressivement assouplies. Les chiffres définitifs n'ont pas été encore rendus publics.
La disponibilité et les tarifs des logements dans un petit pays de moins de 12'000 km² et 3 millions d'habitants était une inquiétude. Ceux qui ont opté pour les appartements les moins chers (80 euros la nuit pour une chambre de deux personnes) se sont dans l'ensemble déclarés satisfaits. Mais un village de tentes exigües en plastique blanc (à 200 euros la nuit) a fait l'objet de critiques au début du tournoi.
Discussion autour de l'alcool
A deux jours du coup d'envoi, les organisateurs sont revenus sur la vente de bières autour des stades avant et après les matches. Le groupe AB InBev, propriétaire du brasseur Budweiser, a pris acte d'une décision «en dehors de (son) contrôle» et s'est contenté de vendre des bières sans alcool dans les stades et de sponsoriser le trophée de l'homme du match. Ce revirement a fait réagir de manière plus virulente les associations de supporteurs, à l'instar de la FSA anglaise qui a dénoncé «l'absence totale de communication et de transparence du comité d'organisation».
Les risques de «congestion» dans les deux aéroports (l'un agrandi et l'autre rouvert pour le Mondial), dans le métro flambant neuf (dont la construction a couté 36 milliards de dollars) et sur les routes inquiétaient certains observateurs, mais ils n'ont pas perturbé le tournoi. Principal couac, alors qu'un pont aérien avait été mis en place depuis le Maroc pour acheminer les spectateurs pour la demi-finale contre la France, des vols ont été annulés après que des supporteurs sont arrivés au Qatar sans visa ou billet de match.
Les couleurs arc-en-ciel
Le premier Mondial dans le monde arabe a marqué le rapprochement entre le Qatar et l'Arabie saoudite après leur brouille diplomatique entre 2017 et 2021, ainsi que le soutien de la région à la cause palestinienne, avec de nombreux drapeaux et bannières autour et dans les stades, jusque dans les mains des joueurs marocains. Des figures politiques européennes, dont le président français Emmanuel Macron, se sont rendues dans l'émirat, certains portant les couleurs de l'arc-en-ciel en soutien à la cause LGBT+.
La révélation d'un scandale de corruption présumée au Parlement européen impliquant le Qatar a terni ce tableau. Un diplomate de la mission qatarie auprès de l'UE, qui «rejette fermement les allégations associant (son) gouvernement à des comportements répréhensibles» et dénonce des «préjugés» à l'encontre du pays, a indiqué dimanche. Cette situation pourrait avoir un impact «négatif» sur les relations internationales et l'approvisionnement mondial en gaz naturel qatari.
(ATS)