L'avis de Johan Djourou
«C’est encore précipité de remettre en question le sélectionneur»

Consultant de la RTS au Qatar, Johan Djourou revient sur l'élimination de l'équipe de Suisse. Le Genevois analyse les choix de Murat Yakin et tire aussi le bilan de sa première Coupe du monde comme commentateur.
Publié: 07.12.2022 à 13:12 heures
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Dernière mise à jour: 07.12.2022 à 13:17 heures
Johan Djourou a vécu son premier Mondial dans son nouveau rôle de consultant pour la RTS.
Photo: TOTO MARTI
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Ugo CurtyJournaliste Blick

Mardi soir, Johan Djourou a raconté au public romand la débâcle de l’équipe de Suisse contre le Portugal. L’ancien international a commenté tous les matches de la Nati avec David Lemos. Une première pour le duo à la Coupe du monde.

Le Genevois est revenu sur cette élimination après une nuit de sommeil. Il analyse les choix de Murat Yakin et évoque aussi son baptême du feu pour la RTS.

Au lendemain de cette lourde défaite contre le Portugal, que reste-t-il de cette élimination suisse?
De la déception, même si sur ce match en lui-même, c’était compliqué d’espérer plus. Je pense que la frustration vient surtout de l’écart entre le résultat sur le terrain et l’ambition, les prises de paroles du groupe. Les attentes ont été déçues.

Comment expliquer un tel écart?
C’est délicat à analyser. Je pense qu’il faut aussi se rappeler que les réactions après la Serbie s’inscrivent dans un contexte euphorique de victoire. Il y a aussi une réelle envie de progresser. L’équipe de Suisse a de très bons joueurs. Mais hier, elle s’est rendu compte que la marche est encore trop grande face à une sélection comme le Portugal qui n’était pas tombée dans le piège de la suffisance.

Encore une fois, la Suisse échoue en huitièmes de finale. Est-ce que cela remet en question la progression de cette équipe de Suisse?
Pas vraiment, tu as le droit de passer à côté. L’équipe n’y était pas, notamment dans l’intensité et la tactique.

Ce choix tactique de Murat Yakin a beaucoup fait parler et s’est avéré perdant. Quelle est sa part de responsabilité?
Une décision forte a été prise et n’a pas fonctionné. L’équipe de Suisse a perdu tous ses repères. C’était compliqué de trouver des solutions, même dans la cohésion défensive qui était pourtant l’un des points forts de cette équipe. Je vais rejoindre les propos de Xherdan Shaqiri. C’est normal que l’équipe soit surprise par ce changement. Je l’ai aussi parfois vécu moi-même durant ma carrière de joueur. Tu t’entraînes peu dans un système et tu dois l’appliquer à la dernière minute. Ce n’est pas simple. Cela dit, tu te dois d’être capable en tant que professionnel de t’adapter en faisant preuve de cœur et de solidarité.

On peut voir une forme de critique dans la déclaration de Xherdan Shaqiri justement.
Ce n’est pas une critique, juste un constat. L’équipe de Suisse n’avait pas fait preuve de flexibilité tactique contre le Cameroun. Ils ont toujours joué dans un système figé avec une défense à quatre. C’est compliqué de changer cela pour la phase à élimination directe où le niveau augmente encore. Il y avait d’autres solutions avec des joueurs qui avaient déjà joué latéral droit en club (ndlr: comme Manuel Akanji avec Manchester City par exemple).

Ça peut remettre en question la légitimité de Murat Yakin?
Non, je ne pense pas. C’est encore trop précipité de remettre en question le sélectionneur. N’enlevons pas non plus les résultats acquis par Murat Yakin avec la qualification pour cette Coupe du monde, puis le billet pour les huitièmes de finale.

Vous étiez dans l’équipe de Suisse à la Coupe du monde 2018. Est-ce qu’il y a des comparaisons possibles entre ces deux éliminations consécutives en huitièmes de finale?
Non. En 2018, nous perdons après un match fermé qui se joue sur un coup du sort. Cette défaite contre le Portugal est plus alarmante par son score. Je ne pense pas qu’on reverra un tel score dans cette Coupe du monde.

Mais il y a bien un point commun entre 2018 et 2022: ce match contre la Serbie qui a pris beaucoup d’énergie physique et mentale.
En Russie, le match contre la Serbie était joué en deuxième, pas en troisième. Au Qatar, les polémiques ont été moins importantes. L’équipe est restée sur un élan positif amené par la qualification. Pour moi, ce n’est pas une piste d’explication à cette défaite contre le Portugal.

A titre plus personnel, c’est la fin de votre première expérience avec la Nati en Coupe du monde. Même si vous commentez encore jusqu’à la finale, quel bilan faites-vous à chaud?
C’était une très belle expérience. Le fait que tous les stades soient aussi proches les uns des autres a apporté énormément à cette Coupe du monde. On pouvait suivre quatre matches dans la même journée. L’absence d’alcool aussi a amené des choses positives. Concernant les commentaires sur la RTS, j’ai eu beaucoup de plaisir. C’est un exercice particulier. Quand tout va bien, tu donnes de l’élan et tu es lié à des émotions positives. Quand cela va moins bien, comme mardi soir, tu es obligé d’être plus critique dans ton analyse. Les supporters s’attendent à ce qu’on soit partisans, qu’on soutienne l’équipe. Même si on vibre avec elle, on ne peut pas mentir ou être de mauvaise foi.

Vous avez été nommé en mai avec cette Coupe du monde dans le viseur. Est-ce que vous allez poursuivre l’aventure avec la RTS en 2023?
On verra. Le temps viendra de discuter, de voir si la RTS est aussi satisfaite de mon travail. Je pense que c’était bien, que j’ai pu amener de la pertinence au commentaire. J’ai essayé d’aiguiller les téléspectateurs sur certains aspects qui leur ont échappé, de sensibiliser les plus jeunes aussi. Cela a plu à certains, moins à d’autres, mais cela fait partie du jeu. Espérons que j’ai réussi à amener un petit plus.

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