Ce qui aurait pu être la plus belle soirée de l’histoire du football suisse s’est transformé en cauchemar éveillé. Le Portugal a humilié la Nati en huitièmes de finale de la Coupe du monde, mardi soir à Doha (6-1). Six goals encaissés… du jamais-vu depuis près de soixante ans.
Et dire que les Portugais avaient pu se payer le luxe de laisser Cristiano Ronaldo sur le banc au coup d’envoi! Il y avait deux classes d’écart entre la Seleção et la Nati, et cela a sauté aux yeux.
Le coup de poker de «Muri»
Le problème, c’est que la France et l’Espagne aussi étaient supérieures à l’Euro 2021. La sélection de Vladimir Petkovic était pourtant parvenue à leur tenir tête. Qu'est-ce qui a changé en un an?
Murat Yakin porte une immense part de responsabilité dans le naufrage de Lusail. Le sélectionneur, affaibli par le forfait de Silvan Widmer, a chamboulé son organisation tactique à la dernière minute, juste avant de disputer un huitième de finale de Coupe du monde. «Nous avons été surpris par ce choix», a tancé Xherdan Shaqiri après la rencontre.
Le tacle de Shaqiri
Le sélectionneur a lancé une défense à trois (Rodriguez, Schär et Akanji). Un système qu’il n’avait jamais testé en compétition officielle, ni travaillé à l’entraînement au Qatar. Incompréhensible.
Faute avouée est à moitié pardonnée, paraît-il. Le problème, c’est que Murat Yakin n’a absolument pas reconnu sa bourde. Bien au contraire. «Cette défaite n’est pas due à un choix tactique», a-t-il martelé en conférence de presse, avant de persister et signer. «Nous n’avons perdu qu’un match. Pourquoi devrait-on tout remettre en question?»
Pourquoi? Parce que l’improvisation du sélectionneur atteint ses limites. Son bricolage a été fracassé par les Portugais. L'ampleur du score et la manière amplifient la portée du résultat.
Où sont Mbabu et Lotomba?
Au moment de boucler sa liste pour le Qatar, le Bâlois n'avait retenu que deux latéraux de métier, début novembre. Laissant à la maison les Romands Kevin Mbabu et Jordan Lotomba. L'entraîneur national prenait alors des risques inconsidérés (et inutiles). Cela sautait aux yeux.
Il a suffi d’un vulgaire rhume pour que toute sa savante stratégie axée sur la flexibilité s'écroule. Silvan Widmer est tombé malade à Doha et «Muri» n’avait personne pour le remplacer à son poste. Yakin a alors essayé un coup de sac tactique pour se sauver. Raté.
L’échec est cuisant. Le manque d’autocritique d’un sélectionneur qui fuit ses responsabilités est embarrassant. La sortie de Xherdan Shaqiri dit aussi qu’une partie du vestiaire suisse est arrivée à la même conclusion.