Sur la question de la réexportation de matériel de guerre vers l'Ukraine par des pays tiers, les Vert-e-s sont catégoriques – et c'est un non. Depuis des semaines, les critiques fusent de toutes parts face à cette position tranchée. Pour certains, un faux pacifisme ne fait que favoriser la politique de guerre de Vladimir Poutine.
Ces accusations ne changent pas la position du parti écologiste, loin de là. «Nous ne voulons pas de livraisons d'armes directes ou indirectes qui mettraient fin à notre neutralité militaire et compromettraient ainsi notre soutien diplomatique à l'Ukraine», déclare le conseiller aux Etats Mathias Zopfi.
«La Suisse a d'autres possibilités d'aider l'Ukraine. Le pays ravagé par la guerre a besoin d'une aide humanitaire. Il a besoin de soutien pour la protection de la population civile, le déminage et le renforcement des infrastructures civiles. C'est là que nous devons intervenir, au lieu de nous fixer sur le débat sur les armes».
«C'est beaucoup trop peu»
La Confédération a jusqu'à présent alloué 270 millions de francs d'aide à l'Ukraine. Récemment, le conseiller fédéral affecté aux Affaires étrangères, Ignazio Cassis, a annoncé 140 millions supplémentaires. «C'est beaucoup trop peu», affirme Mathias Zopfi.
Ce dernier fait notamment référence à la Norvège, qui a décidé de fournir un paquet d'aide de 7,5 milliards d'euros. «Tout comme les Confédérés, les Norvégiens ont profité du commerce des matières premières et de la thésaurisation de l'argent des oligarques, explique le conseiller aux Etats. Nous devons maintenant, nous aussi, prendre nos responsabilités. L'agression de la Russie a également été financée depuis la Suisse».
La semaine prochaine, les Vert-e-s déposeront une motion parlementaire au Conseil des Etats demandant une augmentation massive de l'aide suisse à l'Ukraine. Au cours des cinq prochaines années, cinq milliards de francs pourraient être versés à Kiev – un milliard par an.
Cet argent devra être consacré à des projets civils, de la promotion de la paix à la reconstruction des infrastructures. Ces milliards devraient par ailleurs être traités comme des dépenses extraordinaires et ne pas être soumis au frein à l'endettement.
Et que dirait Karin Keller-Sutter?
La conseillère fédérale chargée des Finances, Karin Keller-Sutter, ne devrait pas apprécier cette initiative. Comme la Confédération a perdu 4,3 milliards de francs en 2022, elle a déjà imposé à différents secteurs de se serrer la ceinture, y compris à l'armée.
Mais cela n'effraie pas Mathias Zopfi. «Lorsqu'il s'agit de livraisons d'armes, on parle beaucoup de solidarité, explique le conseiller aux Etats. Avec ces cinq milliards, nous faisons preuve d'une solidarité qui aide durablement». Les Vert-e-s veulent finalement, eux aussi, une Lex Ukraine – mais sans armes.